Augmenté de notes explicatives





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da, dé, di, do, du3.

(81) Après les lettres dont nous venons de parler, la lettre qui se prononce plus aisément est la lettre f.

J'écris fa, fé, fi, fo, fu, et je prononce fortement fa. Je fais observer au sourd-muet que je pose mon râtelier supérieur sur ma lèvre inférieure, et je lui fais sentir sur le dos de sa main le souffle que je fais en prononçant cette syllabe4. Aussitôt il la prononce lui-même, pour peu qu'il ait d'intelligence.

Va, vé, vi, vo, vu, n'en est que l'adoucissement, qui souffre quelquefois un peu de difficulté; mais avec de la patience on en vient aisément à bout.

Tout ce que nous venons de dire n'est en quelque sorte qu'un jeu; et pour peu que les sourds-muets aient d'attention et de capacité, il ne leur faut pas une heure entière pour l'apprendre et l'exécuter assez clairement. Cependant ils savent déjà treize lettres (en comptant l’h et l’y) qui sont plus de la moitié de notre alphabet. Ce qui suit devient plus difficile, et demande plus d'attention de la part des élèves, aussi le succès n'en est-il pas également prompt.

(82) J'écris sa, sé, si, so, su, et je prononce fortement sa. Alors je prends la main du sourd-muet, et je la mets dans une situation horizontale, à trois ou quatre pouces de mon menton. Je lui fais observer i° qu'en prononçant fortement une s, je souffle sur le dos de sa main d'une manière très – sensible, quoique ma tête, et par conséquent ma bouche, ne soit pas inclinée pour y souffler; 2° que cela arrive ainsi parce que le bout de ma langue touchant presque aux dents incisives supérieures, ne laisse qu'une très – petite issue à l'air, que je chasse fortement, et l'empêche de sortir en droiture: d'un autre côté, cet air fortement poussé ne pouvant retourner en arrière, il est obligé de descendre perpendiculairement sur le dos de la main qui est au-dessous de mon menton, où il produit une impression très – sensible; 3° que ma langue presse assez fortement l'extrémité inférieure des dents canines supérieures1 (i).

(83)Il arrive souvent qu'un sourd-muet, attentif à ce qu'il me voit faire moi-même, et mettant sa main sous son menton, prononce tout d'un coup sa, et sur le champ se, si, so, su. Nous avertissons que le c avec un é ou un i se prononce comme se, si, et que, même avec un a, un o ou un u , il se prononce, comme sa, so, su, lorsqu'on met au-dessous du ç une cédille, c'est-à-dire une petite virgule.

Le za, zé, zi, zo, zu est l'adoucissement du sa, sé, si, so, su. On y amène quelquefois le sourd-muet dès le premier instant; mais il en est d'autres pour lesquels il faut y revenir plus d'une fois.

Le sa, sé , si, so, su nous conduit au cha, ché, chi , cho , chu, qui présente d'abord plus de difficulté. Je l'écris, et je prononce fortement cha, en faisant observer au sourd-muet la moue que nous faisons tout naturellement lorsque nous prononçons fortement ce mot pour faire peur à un chat; ensuite je mets son doigt dans ma bouche, et je lui fais remarquer i° l'impulsion forte que je donne à l'air en prononçant cette syllabe, comme en prononçant (84) la lettre s;2° que le milieu de ma langue touche presque à mon palais; 3° qu'elle s'étend et vient comme frapper mes dents molaires; 4° qu elle laisse à l'air assez de passage pour sortir directement de ma bouche, et n'être point obligée de descendre perpendiculairement comme il le fait, lorsque je prononce la lettre s. Le sourd-muet aperçoit très – clairement cette différence parce qu'en mettant sa main vis à vis de ma bouche, l'air vient la frapper directement lorsque je prononce la syllabe cha.

Je mets alors mon doigt dans sa bouche, et lui faisant faire ce que j'ai fait moi-même, il prononce cha et ensuite ché, chi, cho, chu; mais pendant un temps plus ou moins long, il revient toujours au sa, sé, si, so, su, tant qu'il n'a pas lui-même son doigt dans sa bouche pour diriger les opérations de sa langue. Ce n'est que par l'habitude qu'il apprend à se passer de ce moyen.

Ja, jé, ji, jo, ju est l'adoucissement de cha, ché, chi, cho, chu, et s'enseigne, comme les autres adoucissemens, parla différence de la pression, avec de l'usage et de l'attention, tant de la part du maître que du disciple.

Mais voici de quoi exercer notre patience. J'écris sur la table (85)

Ca, ... ... co, cu.

Ka, ké, ki, ko, ku.

Qua, que, qui, quo.

Ensuite je prononce fortement ca. Je prends alors la main du sourd-muet, et je la mets doucement sur mon gosier, dans la situation extérieure d'un homme qui me prendrait à la gorge pour m'étrangler. Je lui fais observer, el il le sent d'une manière palpable, qu'en prononçant fortement cette syllabe, mon gosier s'enfle. Je lui montre ensuite que ma langue se retire au fond de la bouche, qu'elle s'attache fortement à mon palais, et ne laisse à l'air intérieur aucune issue pour sortir, jusqu'à ce que je la force de s'abaisser pour prononcer cette syllabe, qui sort comme avec explosion. Je lui fais aussi remarquer l'espèce d'effort qui se passe dans les flancs en prononçant cette syllabe. Après cela je mets moi-même ma main sur son gosier, comme je lui ai fait mettre la sienne sur le mien, et je l'engage à faire lui-même ce qu'il m a vu faire.

Il n'est qu'un très – petit nombre de sourds-muets pour lesquels cette opération réussisse dès la première fois. Avec les autres, il faut la répéter, et leur faire sentir l'effet que la prononciation de cette syllabe produit dans le (86) gosier de leurs compagnons ou compagnes, et de quelle manière leur langue tient à leur palais, tant qu'ils se préparent à la prononcer. Il s'en trouve pour lesquels il faut y revenir trois ou quatre jours de suite; mais je prie qu'on se souvienne surtout qu'il faut prendre garde de les rebuter.

Quand on voit qu'ils s'impatientent ou qu'ils se découragent sur une lettre, il faut passer à une autre: peut-être qu'une heure après ils diront tout d'un coup celle qu'on a été obligé d'abandonner; alors il faudra la leur faire répéter plusieurs fois de suite. Il arrive aussi quelquefois qu'en voulant leur faire prononcer une syllabe qu'on leur montre hic et nunc, ils en prononcent d'eux-mêmes une autre qu'on ne leur a point encore apprise. J'en ai trouvé, par exemple, qui, pendant que je voulais leur faire dire pour la première fois cha, ont prononcé d'eux-mêmes qua ; il faut alors écrire qua, que, qui, quo, cu, et leur faire répéter plusieurs fois: c'est autant de peine épargnée pour le maître.

Les petits sourds-muets éprouvent assez long-temps de la difficulté à prononcer le ca, s'ils ne mettent pas le doigt dans leur bouche pour disposer leur langue, comme elle l'est (87) dans la prononciation de la lettre é. Cette première opération les conduit facilement à l'attacher à leur palais autant qu'il est nécessaire pour la prononciation de la syllabe ca.

Lorsque les sourds-muets sont parvenus à prononcer le ca, toutes les autres syllabes que nous avons rangées, ci-dessus sur trois lignes, ne souffrent plus aucune difficulté.

Ga, gué, gui, go, gu sont des adoucissemens de qua, que, qui, etc; mais nous avons soin d'avertir que lorsque le g se trouve seul avec un è ou un i, il se prononce comme et ji. Nous faisons aussi observer que i° dans ces mots, gabion, galère, la prononciation du g est dure, et qu'alors la langue est presqu'aussi profondément retirée vers le gosier qu'en prononçant le qua, et que l'impulsion de l'air est presqu'aussi forte; 2° que dans la prononciation de guerre ou guidon, il y a plus de douceur; la langue est moins retirée, et l'impulsion de l'air est moins forte; 3° enfin que, dans cette syllabe, gneur, la langue n'est presque plus retirée, et l'impulsion de l'air est plus faible1. Cette troisième prononciation (88) g avec une n doit sortir par le nez; aussi la langue doit-elle se porter derrière les dents incisives supérieures, comme nous le dirons en parlant de la lettre n.

Nous n'enseignons point particulièrement la lettre x; nous montrons seulement qu'elle se prononce quelquefois comme qs, et d'autrefois gz. Nous dirons ci-après de quelle manière nous apprenons aux sourds-muets à joindre ensemble ces deux consonnes.

Il ne nous reste plus que les quatre consonnes appelées liquides, l, m, n, r, parce que nous n'avons pas voulu séparer toutes celles qui, étant dures par elles-mêmes, en ont sous elles d'autres plus douces.

J'écris donc la, lé, li, lo, lu, et je prononce la1. Je fais observer i° que ma langue se replie sur elle-même, et que sa pointe en «élevant frappe mon palais; 2° qu'elle s'élargit (89) d'une manière sensible pour prononcer la lettre l de cette syllabe, mais qu'elle se rétrécit aussitôt pour en prononcer la lettre a. Les sourds-muets saisissent assez facilement cette prononciation, dans laquelle il se passe quelque chose à peu près semblable à ce qui se fait dans la langue du chat lorsqu'il boit2.

En écrivant ma, mé, mi, mo, mu, et prononçant ma, je fais observer que la situation de mes lèvres semble être la même que pour la prononciation du p et du b; mais i° que la pression des lèvres l'une contre l'autre n'est pas aussi forte que celle du p, et qu'elle est même plus faible que celle du b; 2° qu'en prononçant cette lettre, mes lèvres ne font aucun mouvement sensible en avant ; 3° que la prononciation de cette lettre doit sortir par le nez3.

(90) Je prends donc le dos de la main du sourd-muet, et je la mets sur ma bouche; je lui fais sentir combien est faible la pression de mes lèvres, qui ne font en quelque sorte que s'approcher l'une de l'autre, et qui ne font aucun mouvement pour faire sortir la parole ; ensuite je mets ses deux index sur les deux côtés de mes narines, et je lui fais sentir le mouvement qui s'y passe, en faisant sortir par le nez la prononciation de cette lettre. Il se trouve des sourds-muets qui ont de la peine à saisir ce second adoucissement du p, et l'émission de l'air par les narines ; mais avec un peu de patience, on les y amène par le moyen que je viens d'expliquer, en leur faisant faire sur eux-mêmes ce qu'ils ont éprouvé sur moi lorsque je prononçais cette lettre. Quelques savans en ce genre ont dit que la lettre m était un p qui sortait par le nez, et la lettre n un t qui sortait par la même voie ; au moins est-il certain que la lettre n peut se prononcer très distinctement en observant la même position que pour le t. Il est cependant plus commode de porter le bout de la langue derrière les dents incisives su- (91) périeures4, en les pressant fortement, et cette position facilite, bien davantage la sortie de la respiration par le nez; c'est ce que je fais observer au sourd-muet, en prononçant moi-même na, pendant qu'il a ses deux doigts sur mes deux narines, et en lui faisant ensuite prononcer na, né, ni, no, nu.

M. Amman regarde la lettre r comme la plus difficile de toutes, et ne fait point de difficulté de dire : sola littera r potestati meœ non subjacet. Voici de quelle manière je m'y suis toujours pris, lorsque je ne pouvais la faire prononcer à quelques sourds-muets : je mettais de l'eau dans ma bouche, et je faisais tous les mouvemens qui sont nécessaires pour se gargariser ; ensuite je faisais faire la même chose aux sourds-muets, et pour l'ordinaire, ils disaient sur le champ ra, ré, ri, ro, ru. Je conseillerais donc volontiers, qu'en cas de besoin, on fît la même chose; mais comme il s'en trouve quelques (92) uns qui pleurent lorsqu'on veut leur faire cette opération, pour ceux-là, il faut leur faire sentir, sur soi-même ou sur quelqu'autre personne, le mouvement qui se fait dans le gosier en prononçant cette lettre1.

Si cela ne réussit pas, il ne faut qu'un peu de patience, parce que ceux – mêmes qui ne peuvent la prononcer disent ordinairement très bien la syllabe pra, lorsqu'on en est à cet endroit de l'instruction, ce qui les conduit à la syllabe ra qu'ils ne pouvaient prononcer; car alors il est très – facile de leur faire sentir sur eux-mêmes la différence de ce qui se passe sur leurs lèvres pour la prononciation du p, d'avec ce qui se passe dans leur gosier pour la prononciation de la lettre r.

Nous n'expliquons point en détail à nos sourds-muets les petites différences qui se trouvent dans les positions de la langue en prononçant nos quatre différens e; nous leur faisons remarquer seulement l'ouverture plus ou moins (93) grande de la bouche, et cela leur suffit à l'instant même ; cependant la moue que l'on fait en prononçant l’e muet ou la diphtongue eu mérite une attention particulière.

Il n'est pas toujours bien facile de leur faire saisir la différence de cette moue d'avec celle que nous faisons en prononçant ou. Cependant la seconde resserre le gosier et la bouche : la première dilate l'un et l'autre. En prononçant eu, la lèvre inférieure est tant soit peu plus pendante. Nous faisons observer aux sourds-muets qu'en soufflant dans nos mains pendant l'hiver, pour nous échauffer, nous disons naturellement eu.
N. B. Lorsque la consonne précède la voyelle, on dispose d'abord les organes, et en articulant, on prononce simultanément la consonne et la voyelle, comme pa, bé, ba. Si la voyelle précède, le son qu'elle produit est brusquement arrêté par l'articulation de la consonne, comme dans ap, ép, ab.

(94)

CHAPITRE II

Observations nécessaires pour la lecture

et la prononciation des sourds~muets.

NOUS avons su prononcer les différens mots de notre langue avant que d'apprendre à lire. La première de ces deux études s'est faite, de notre part, sans nous en apercevoir, et toutes les personnes avec qui nous vivions étaient nos maîtres sans s'en douter. De prétendus experts dans l'art nous ont introduits dans la seconde de ces sciences; mais si nous y avons réussi, ce n'a point été leur faute, car ils prenaient tous les moyens pour nous en empêcher. En nous faisant épeler un t, un o, un i, un é, une n et un t, ils nous mettaient à cent lieues de : c'était cependant pour nous le faire dire. Peut-on imaginer rien de plus déraisonnable? Enfin nous avons su lire, parce que nous avions plus de facilité que nos maîtres n'avaient de bon sens. Au moins, après nous avoir fait épeler (95) toutes ces lettres, auraient-ils dû nous dire de les oublier pour prononcer té ?

ARTICLE PREMIER.

Comment on apprend aux sourds-muets à prononcer de même des syllabes qui s'écrivent différemment.

Il n'en est pas des sourds-muets comme des autres enfans. De la prononciation à la lecture il n'y a pour eux qu'un seul pas; disons mieux : ils apprennent l'une et l'autre en même temps. Nous avons soin de leur bien inculquer ce principe, que nous ne parlons pas comme nous écrivons. C'est un défaut de notre langue ; mais nous, ne sommes pas maîtres de le corriger : nous écrivons pour les yeux, et nous parlons pour les oreilles.

Nous mettons donc l'une sur l'autre différentes syllabes dans le même ordre qu'on les voit ici :

té lé mé

tes les mes

tais lais mais

tois lois mois

toient loient moient

et nous disons à nos sourds-muets qu’elle se (96) prononcent toutes de même en cette manière: té, té, té, té, té,.... lé, lé, lé, lé, lé,.... mé, mé, mé, mé, mé. Ensuite nous leur faisons prononcer de cette manière chacune de ces syllabes; ils l'entendent, c'est-à-dire qu'ils le comprennent, et nous voyons qu'ils ne s'y trompent jamais.

Nous observons la même méthode pour toutes les syllabes qui se prononcent les unes comme les autres, et qui s'écrivent différemment; et cela entre si bien dans leur esprit, que sous notre dictée, lorsqu'elle se fait par le mouvement des lèvres, sans être accompagnée d'aucun signe, comme nous le dirons ci-après, ils écrivent tout autrement qu'ils ne nous voient prononcer. Par exemple, nous prononçons
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