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Joseph Alois Schumpeter (1883-1950) - autrichien Théorie de l'évolution économique (1911), Le Cycle des affaires (1939), Capitalisme, socialisme, démocratie (1942), Histoire de l'analyse économique (1954). Schumpeter étudie d’abord l’histoire antique et la sociologie à Vienne, puis l’économie sous la direction de Carl Menger. Sa carrière universitaire l’a amené à travailler à Londres, au Caire, à Vienne, en Allemagne, puis finalement à Harvard. Il est souvent considéré comme un auteur ‘hétérodoxe’, c’est-à-dire un auteur que l’on a du mal à classifier dans une école de pensée particulière, notamment par rapport à son analyse du rôle de l’entrepreneur dans l’économie. S’il avait une grande admiration pour les travaux de Léon Walras, il partageait aussi des idées avec Karl Marx. Les recherches sur l’économie de Schumpeter s'orientent d’abord vers une analyse dynamique ; il se distingue donc des physiocrates (« Circuit économique »), des classiques (« Etat stationnaire »), et des néoclassiques (« Equilibre général » ou « partiel ») qui ne font qu’une analyse statique. Ces auteurs ne nient pas l’évolution économique ; au contraire, ils sont tous attachés à l’idée que l’économie ne cesse de se développer, mais vers une situation de plus en plus stable. Alors que traditionnellement les économistes examinent les réactions des différents aspects de l’économie à un changement d’un autre aspect en même temps, Schumpeter prend en compte aussi les données économiques à différentes périodes. « L’analyse dynamique consiste dans l’analyse des séquences temporelles. En expliquant pourquoi une quantité économique donnée, par exemple un prix, est ce qu’elle est, d’après nos constatations, à un moment donné, l’analyse dynamique doit entrer en ligne de compte, non seulement, comme en théorie statique, l’état simultané des autres quantités économiques, mais encore leur état à des dates antérieures et les précisions formulées au sujet de leurs valeurs futures. Or, la première découverte que nous faisons en élaborant les propositions qui relient de la sorte les quantités correspondant à des points différents du temps, consiste dans le fait que, une fois que l’équilibre a été détruit par quelque perturbation, la marche suivie pour rétablir un nouvel équilibre n’est ni aussi sûre, ni aussi rapide, ni aussi économique que le prétendant la vieille théorie de la concurrence parfaite : du même coup, il est parfaitement concevable que la lutte de réadaptation, bien loin de rapprocher le système d’un rééquilibre, puisse l’en écarter davantage encore. C’est même ce qui se passera dans la plupart des cas (à moins que la perturbation n’ait été faible), le retard d’adaptation suffisant fréquemment à provoquer un tel écart. » (J. A. Schumpeter, Capitalisme, socialisme et démocratie, pp. 190-191.) Réagissant à des fluctuations économiques, les acteurs économiques adapteront toujours leur comportement. Ces réadaptations des agents économiques entraineront elles de nouvelles fluctuations plus ou moins importantes. Cette approche dynamique amène Schumpeter à donner un grand rôle aux acteurs économiques qui réagissent le plus au contexte économique, les entrepreneurs. Selon Schumpeter, le facteur déterminant dans l'évolution économique, c’est l'innovation ; introduite par l'entrepreneur, elle bouscule la production et la consommation, en créant soit de nouveaux procédés, soit de nouveaux produits. Les innovations sont souvent nées dans un contexte de crise économique. Comme Marx, Schumpeter comprend que la nature du capitalisme entraine des crises récurrentes ; mais contrairement à Marx, il ne considère pas que ces crises économiques soient forcément négatives. En fait, Schumpeter croit que les périodes de faible croissance ou de récession économique ont un côté salutaire car elles poussent les acteurs à trouver des innovations (« la destruction créatrice »). Dès 1856, Clément Juglar avait exposé l’existence de cycles économiques, qu’il estime arrivent tous les 7-11 ans. D’autres auteurs, plus ou moins contemporains de Schumpeter, travaillent aussi sur ce phénomène de cycles (Joseph Kitchin, Nicolai Kondratiev, Simon Kuznets). Mais Schumpeter considère que c’est l’entrepreneur qui est à l’origine du rebondissement économique. Aussi comme Marx, Schumpeter prédit la fin du capitalisme. Dans Capitalisme, socialisme et démocratie, Schumpeter met en avant les bienfaits du capitalisme, le seul système économique qui permet la liberté individuelle, et les dangers du socialisme. Mais il reconnait avec un certain chagrin tout de même l’impossibilité de maintenir un tel système indéfiniment. (« Si un médecin prévoit que son patient va mourir, ça ne veut pas dire qu'il le souhaite. ») Il accepte donc certains arguments de Marx et de Keynes, il rejette leurs solutions aux crises. Schumpeter souhaite limiter le rôle de l’Etat, car l’intervention du gouvernement réduirait les activités innovatrices des entrepreneurs. Mais l’évolution du capitalisme entrainera certainement l’existence de grande corporations qui, elles aussi, étouffent l’esprit innovateur de l’entrepreneur. François Perroux (1903-1987) Perroux étudie le droit à Lyon et l’économie à Vienne avec Schumpeter. Comme Keynes, Perroux s’attache à l’analyse de l’économie réelle : la théorie néo-classique est trop concernée par sa cohérence interne et sans regard aux données réelles. En observant la réalité économique, Perroux constate que les lois qui régissent l’ordre économique ne sont pas aussi faciles à percevoir. Perroux, considère que l'homme est plus qu’un acteur économique, il est une « construction sociale » qui dépend de son contexte. Les modèles économiques ont tendance à réduire les êtres humains à de simples machines qui cherchent simplement à maximiser leur gain. En fait, la réalité sociale influe de manière très importante sur l'activité économique (production, consommation, investissement). Il adopte donc une approche pluridisciplinaire (incorporant des aspects sociaux, culturels, politiques, juridiques) dans son analyse économique. Grâce à cette approche globale et plus appliquée de l’analyse économique, Perroux soulève la question des inégalités. Alors que la théorie classique considère tous les acteurs économiques sur un pied d’égalité, les économistes socialistes mettent en avant la qualité foncièrement inégale du rapport entre l’ouvrier et l’employeur (voir ci-dessus). Chez Perroux, les inégalités sont beaucoup plus profondes et subtiles. « Les entreprises et leurs groupements sont inégaux en dimension, en pouvoir de négociation, en capacité d’engendrer ou d’exploiter les « économies externes ». Les ensembles de sujets, les groupements fonctionnels ou les classes sociales sont inégaux par la dimension, par la capacité à résister à autrui, par leur situation même, dans la structure globale. De ces inégalités partout présentes et partout dissimulées par l’usage implicitement normatif du concept de marché pur et parfait, que résulte-t-il ? D’abord que les marchés concrets (nationaux ou plurinationaux) sont caractérisés, non seulement par des traits apparents de monopole, mais aussi par des inégalités plus subtiles et moins contrôlées dans la théorie coutumière : ce sont les inégalités sous le rapport de l’information reçue et communiqué, les inégalités résultant d’innombrables coalitions tacites, les inégalités découlant des collusions entre les pouvoir industriels, les pouvoirs financiers et la puissance publique de l’Etat ou des collectivités inférieures. » (François Perroux, L’économie du XXème siècle, p. 240) Les gouvernements doivent alors prendre en compte la complexité des rapports humains et des structures sociales pour mettre en place une politique économique adéquate. 8.1. Economie néolibérale Contexte Deuxième Guerre Mondiale Cette guerre a eu un impact sur l’économie mondiale très différent celui de la Guerre de 1914. D’abord, les Etats Unis ont massivement mobilisé des troupes pour mener une guerre en Europe mais aussi en Asie. A part les attaques sur Pearl Harbor, cependant, le territoire américain est resté relativement indemne. La mobilisation a dopé l’économie américaine qui souffrait pendant une décennie de dépression, même si le retour des troupes a provoqué une hausse de chômage qu’il a fallu gérer. L’infrastructure en Europe, qui n’avait pas pu entièrement récupérer de la dernière guerre, est à nouveau démolie, mais les pertes humaines sont très inférieures à celles de la Première Guerre Mondiale. Le plus grand impact de guerre est la coordination internationale économique qui en a résulté, en tout cas pour les pays occidentaux. Comme ce conflit avait en partie comme origine l’instabilité économique, afin d’éviter un nouveau conflit, les pays occidentaux se sont rencontrés à Bretton Woods, New Hampshire aux Etats Unis en juillet 1944 (soit environ un an avant même la fin de la guerre). Le Président Américain, Franklin D. Roosevelt, a signalé à l’ouverture de cette conférence « La santé économique de tout pays est une vraie préoccupation pour tous ses voisin, proches ou lointains. » En effet, à l’issu de cette conférence ont été fondés la Banque mondiale, le Fonds Monétaire International et le General Agreement on Tariffs and Trade (GATT), ce qui est devenu plus tard l’Organisation mondiale de commerce (OMC). Ces institutions avaient comme objectif de créer un contexte économique plus stable et de permettre la croissance. En plus de ces institutions, les Etats Unis ont lancé et financé le Plan Marshall pour reconstruire l’Europe entre 1948 et 1952, avec aussi la création de l’Organisation européenne de coopération économique (OECE), prédécesseur de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Un programme similaire pour la reconstruction du Japon a aussi été lancé par les Etats Unis. Cette coopération internationale n’est qu’une face de l’après-guerre. En même temps que les pays occidentaux et leurs alliés étaient en train de chercher les moyens de coordonner l’économie internationale, l’Union Soviétique (l’URSS), fondée en 1922, cherchait à étaler son influence dans le monde, y compris en Europe. Mao Tsé-toung, en tant que Secrétaire général du Parti Communiste, a fondé en 1949 la République populaire de Chine (RPC), nation socialiste non démocratique. Partout en Asie et en Amérique latine, on voit l’arrivée au pouvoir de leaders communistes, souvent aidés financièrement, militairement et stratégiquement par l’URSS et la RPC. L’occident (ce qui comprend aussi le Japon et l’Australie), mais surtout les Etats Unis, se sentait menacé par l’essor des régimes communistes. Le développement d’armes nucléaires, capables d’anéantir très rapidement et de très loin des régions entières, n’a fait qu’augmenter l’état d’inquiétude. Le monde est entré dans une guerre froide. Face au menace communiste, la seule idéologie économique acceptable aux Etats Unis, et à un moindre de degré au Royaume Uni, était la pensée libérale qui rejette tout contrôle étatique de l’économie et favorise plutôt les marchés libres. En effet, la commission du Sénateur McCarthy qui se donnait comme mission d’éradiquer la menace du communisme par le biais d’enquêtes clandestines, interrogeait régulièrement des économistes par rapport à leurs ouvrages, le plus célèbre étant Paul Samuelson. La production intellectuelle en économie est dominée par les Etats Unis, et notamment l’université de Chicago (l’école de pensée libérale s’appelle aussi la « Chicago School »). Les institutions internationales, telles le FMI, la Banque Mondiale, l’OMC et l’OCDE, et même l’Union européenne, sont toutes basées sur la pensée néolibérale et prônent, voire même obligent les membres d’accepter, un système économique basé sur la privatisation et le libre commerce. Cette philosophie se voit également dans la production intellectuelle philosophique. Ayn Rand (1905-1982) était une immigrée russe aux US en 1926, ou elle exprime sa philosophie individualiste par le biais de romans. Elle défend le libéralisme, le capitalisme et l’égoïsme rationnel dans des ouvrages de fiction, comme La Révolte d’Atlas (Atlas Shrugged) ou La Vertu de l’égoïsme (The Virtue of Selfishness). Elle est contre toute forme de charité ou aide aux pauvres qui risque de les décourager à essayer de s’améliorer individuellement. Elle est aussi radicalement athée. Malgré son attitude antireligieuse, elle a un grand succès auprès de nombreux hommes politique républicains aux Etats Unis, notamment Ronald Reagan et plus récemment Paul Ryan (sénateur influent et candidat à la vice-présidence en 2012). 8.2. Economie néolibérale Auteurs Contemporains de Keynes A l’époque où Keynes proposait un rôle plus important du gouvernement dans la gestion économique, d’autres penseurs continuaient à soutenir une vision néoclassique. Irving Fisher (1867-1947), américain The Money Illusion (1928) Keynes n’était pas le seul auteur à se focaliser sur la question de la monnaie à cette époque. Irving Fisher, contemporain de Keynes, certainement en observant la crises d’inflation en Allemagne, retourne sur les arguments de Bodin qui avaient été oubliées pendant des siècles, pour formaliser la Théorie Quantitative de la Monnaie : MV = PT M = masse monétaire V = vitesse de circulation de la monnaie P = niveau des prix T = montant total des transactions. Donc, toute variation de la quantité de monnaie en circulation implique une variation proportionnelle des prix. Le prix nominal d’un produit, alors, dépend entièrement de la quantité de monnaie en circulation. Le prix nominal (exprimé en termes monétaires) cache le prix réel (exprimé en termes de la quantité de travail nécessaire pour se procurer un bien) – créant ainsi une sorte d’illusion. Dans une période d’inflation, les prix nominaux augmentent. Mais on ne peut pas dire que l’économie subit réellement de l’inflation si les salaires augmentent proportionnellement. En général, cependant, les salaires sont nettement plus stables que les prix et n’augmentent que très lentement quand les prix montent. Dans ce cas, il y a une inflation des prix réels. Le même phénomène existe pour les taux d’intérêts. On a l’impression d’augmenter son capital avec des épargnes en gagnant un certain taux d’intérêt, mais si ce taux est inférieur à l’augmentation des prix nominaux, en réalité on perd de l’argent. De même, si le taux d’intérêt des dettes que l’on doit est inférieur au taux d’inflation, on est gagnant. La stratégie des gouvernements lourdement endettés consistent souvent à pousser l’inflation, en mettant une plus grande quantité de monnaie en circulation, afin de diminuer la valeur réelle des dettes. Cependant, la dette pousse souvent la déflation, car pour payer ses dettes, les particuliers vendent leurs biens, ce qui fait baisser les prix et donc augmenter la valeur réelle de la dette. Grâce à son travail sur la monnaie, Fisher fait partie des pères fondateurs de la pensée économique américaine. Mais pendant la Grande Dépression, il a perdu de la crédibilité à cause des sa croyance aveugle dans les mécanismes du marché. En effet, même avant le crash de 1929, il avait annoncé publiquement que « les marchés financiers ont atteint un plateau élevé permanent ». Juste après la crise financière, il tentait de calmer les inquiétudes de la population en indiquant que la reprise économique était « juste au coin de la rue ». Les travaux de Keynes ont été plus largement acceptés que ceux de Fisher pendant cette période difficile, mais après la guerre et donc après sa mort, Fisher redevient un économiste prédominant pour l’école néolibérale. Friedrich Hayek (1899-1992), autrichien Prix Nobel en 1974 Prix et production (1931) La Théorie pure du capital (1941) La route de la servitude or The Road to Serfdom (1944) Un autre contemporain, et concurrent, de Keynes était Friedrich Hayek. Hayek fait ses études à Vienne en droit, sciences politiques, psychologie, et économie. Il travaillera d’abord à la London School of Economics puis à l'Université de Chicago. Pendant les années 1930, il avait des débats ouverts contre Keynes publiés dans le Times. Il sera l’économiste préféré de Margareth Thatcher, qui le recommande auprès de la reine Elizabeth II pour une médaille d’honneur. Farouchement contre le socialisme et l'étatisme, il devient l’un des plus grands promoteurs du libéralisme. Il reçoit le Prix Nobel en 1974 pour son analyse de la théorie monétaire et de l'interdépendance des phénomènes économiques, sociaux et politiques. Particulièrement dans La Route de la servitude (publié seulement 2 ans après l’ouvrage Capitalisme, socialisme et démocratie d’un autre autrichien, Schumpeter) Hayek explique comment l’intervention de l’Etat dans le domaine économique se traduit automatiquement par une réduction de libertés sociales. Sous les régimes socialistes et communistes, mais aussi fascistes et nazis qui sont finalement similaires en nature aux deux premiers, les « citoyens » doivent se conformer aux exigences de la communauté et ne peuvent exercer aucune liberté individuelle. De plus, Hayek démontre comment les excès du crédit et les manœuvres des banques centrales manipulent artificiellement la valeur de la monnaie et sont la première cause des crises financières. En 1976, dans un article The Denationalization of Money, il propose même de créer un système monétaire privé où des particuliers peuvent proposer leur devise et le marché trouvera la plus stable. |
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