Université Montpellier 1, isem licence, sem 2012-2013 Robert Braid





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Economique

Le rebondissement démographique et économique après la Peste noire a pris du temps. La réapparition de la peste, et la poursuite des conflits armés suffisaient pour faire sombrer l’économie européenne pendant plus d’un siècle. Ce n’était qu’à la fin du XVème siècle que l’économie redémarre. Cette expansion économique est accompagnée d’une expansion géographique et politique. La découverte de l’Amérique, l’exploration de la côte africaine et l’ouverture d’une route maritime entre l’Inde et l’Europe ont transformé radicalement l’économie mondiale. L’arrivée massive d’or et d’argent en Europe, pris principalement en Amérique latine, a fait flamber les prix. Pour maîtriser le commerce avec les pays lointains, les monarchies octroyait des monopoles à certaines compagnies (comme les « East India Companies » d’Angleterre en 1600, et d’Hollande en 1602), ainsi formant des méga corporations marchandes. Enfin, les monarchies, conscientes du menace militaire des pays voisins, ressentent le besoin de renforcer l’économie nationale en investissant dans l’établissement de manufactures, dans le contrôle des métiers, et de solidifier les finances publiques par des innovations fiscales.

Politique

Malgré l’essor économique, le contexte politique en Europe reste conflictuel. Charles Quint (1500-1558) arrive à la tête du Saint Empire romain germanique, englobant toute l’Espagne et les pays germaniques. Cette présence puissante met la pression sur les autres monarchies de renforcer leur propre capacité de défense. Surtout, c‘est surtout la naissance de nouvelles idées religieuses qui créent des fractions dans la société. Cette fissure entre Protestants et Catholiques, mais même les conflits entre différents types de Protestants, plonge les pays en guerres internes. En Angleterre, un pays très tôt converti au Protestantisme, l’essor des idées puritaines au XVIIème siècle entraine une guerre civile qui résulte en la décapitation du roi Charles Ier en 1649. Les monarques, de leur côté, cherchent à renforcer leur autorité au dépens des institutions démocratiques, comme parlement ; on n’a que rappeler la phrase de Louis XIV de France, « L’Etat, c’est moi ! » En réalité, la monarchie dépendait largement d’autres acteurs qui eux ont pris des décisions relatives à la gestion de l’économie. On doit mentionner seulement Richelieu (1585-1642), Principal ministre sous Louis XIII, et Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), Contrôleur général des finances sous Louis XIV ; tous les deux ont favorisé une intervention étatique forte dans l’économie, aussi bien par le biais de politiques protectionnistes et d’investissement dans des manufactures, deux principes parfaitement en ligne avec la pensée mercantiliste.

Religieux

Des idées protestantes existaient déjà au Moyen Age, mais n’avaient pas attiré un soutien populaire suffisamment large pour changer les institutions ou menacer les autorités. C’est surtout à partir de la publication des 95 Thèses par Martin Luther (1483-1556) en 1517 que le Protestantisme s’enracine. D’autres poursuivent la mise en question du dogme catholique, par exemple Jean Calvin (1509-1564) avec l’Institution de la religion chrétienne en 1536. D’autres mettent en question l’autorité de la papauté à Rome sans pour autant soulever de questions théologiques.

Le pape avait octroyé le titre de « défenseur de la foi catholique » à Henri VIII (1491-1547), roi d’Angleterre ; mais celui-ci face aux problèmes réels de la gestion d’un royaume s’établit comme chef de l’Eglise anglicane par l’Act of Supremacy en 1534. L’Angleterre venait juste de sortir de plusieurs décennies de conflits (la Guerre des Roses) qui opposaient deux factions qui se disputaient la monarchie. Enfin assis sur le trône d’un royaume relativement paisible, Henri VIII avait besoin d’un fils légitime pour assurer sa succession. Malheureusement, sa femme Catherine avançait en âge et n’avait pas encore donné naissance à un fils. De plus, elle refusait de se divorcer et a demandé à son neveu, Charles Quint, d’intervenir auprès du pape pour faire échouer la demande de divorce qu’Henri VIII avait envoyée. La succession du trône et donc la stabilité du pays étaient donc en jeu. De plus, l’inflation aigue qui touchait l’Europe avait des conséquences importantes pour le budget royal anglais, alors que la monarchie espagnole avait un quasi monopole sur l’or et l’argent qui inondaient les marchés européens. En s’établissant chef de l’Eglise anglicane, Henri VIII a pu se procurer un divorce, et en même temps disposer des biens de l’Eglise. En effet, en 1536, il se met à vendre les monastères pour renforcer le budget royal et se faires des alliés auprès de l’aristocratie qui profitait de ces ventes pour étendre leurs activités agricoles. La transition au Protestantisme ne s’est pas effectuée sans conflits, mais l’Angleterre n’a pas connu le désordre social subi par la France au XVIème siècle.

C’était principalement en France où les conflits sociaux liés au Protestantisme ont été les plus sévères. Les autorités basculaient entre répression et tolérance envers les Huguenots (protestants français). De nombreux monastères et église ont été pillés par le peuple et les clercs chassés, torturés et tués. La plus grande manifestation de violence a eu lieu le 24 août 1572 quand plusieurs milliers de personnes ont été massacrées et jetées dans la Seine à Paris, événement connu comme le Massacre de Saint-Barthélemy. Enfin, en 1598, l’Edit de Nantes offre une certaine protection pour les Protestants et garantie une relative liberté religieuse en France, mais il serait abrogé presqu’un un siècle plus tard, en 1685 par Louis XIV, marquant ainsi une nouvelle ère d’intolérance.

Intellectuel

Tous ces conflits sociaux causés par rivalités politiques et par les idéologies religieuses divergentes ont renforcé la volonté des autorités et des intellectuels de solidifier le pouvoir central. Dans Le Prince (1513), Nicolas Machiavel (1469-1527) défend tous les moyens que puisse employer un prince pour maintenir son autorité et éviter le fractionnement social, même si les actes nécessaires ne correspondent pas à une conduite chrétienne et éthique. Cette hypothèse a marqué une rupture nette avec les ouvrages du Moyen Age qui prônent plutôt un monarque qui se comporte en chrétien exemplaire, argument poursuivi par d’autres à l’époque moderne, tel Erasme (1467-1536) dans l’Institution du prince chrétien (1516). Mais le débat est lancé et de plus en plus d’intellectuels recommandent un pouvoir central absolu. Thomas Hobbes (1588-1679), qui a vu les dégâts provoqués par les conflits en Angleterre qui ont culminé avec la décapitation du roi,  est peut-être le philosophe le plus célèbre qui argumente, dans Léviathan, que les hommes sont naturellement égocentriques et se dévoreraient les uns les autres si les autorités centrales n’imposaient pas de règles strictes. Ce mouvement intellectuel est d’autant plus important pour nous qu’Adam Smith et d’autres économistes de l’école classique formulaient leur nouvelle science en attaquant cette idéologie.

D’autres courants de pensées méritent mention. En particulier, on voit émerger en Europe une divergence de méthode scientifique entre l’Angleterre et la France. En Grande Bretagne, Francis Bacon (1561-1626) a élaboré une méthode scientifique basée sur l’empirisme ; aucun raisonnement ne peut être défendu jusqu’à ce qu’il peut être prouvé par l’observation en réalité. En France, René Descartes (1596-1650) dans son Discours sur la méthode, met en doute la fiabilité de l’observation et préfère se fier à la logique pure. Encore de nos jours, dans les universités du monde anglophone, les scientifiques ont tendance à appliquer une méthode empirique dans leur recherche et enseignement. En revanche, dans les universités françaises, les intellectuels et scientifiques favorisent une approche purement théorique, sans se soucier de l’application en réalité. On peut donc imaginer l’impact sur la théorie économique dans ces pays différents.

Scientifique

Dès le début de l’époque moderne, les intellectuels commencent à s’intéressaient de plus en plus aux sciences physiques et naturelles, abordant souvent ces questions par une approche mathématique. Nicolas Copernicus (1473-1543), auteur de Des Révolutions des sphères célestes, est l’un des premiers astronomes modernes. Son travail est poursuivi ensuite par Galileo Galilei (1564-1642) dans Discours et démonstrations mathématiques relatifs aux deux nouvelles sciences, dont l’influence est le plus évidente sur l’économiste anglais William Petty (voir ci-dessous). Mais le scientifique qui a eu le plus d’impact sur la philosophie économique est de loin Isaac Newton (1643-1727). Dans ses Principes mathématiques de la philosophie naturelle, Newton explique un système physique extrêmement vaste et complexe grâce à quelques principes très simples, telle la gravitation.

Les avancées techniques ont eu un très grand impact sur la production intellectuelle. Surtout, l’invention de l’imprimerie vers 1439 par Johannes Gutenberg (1398-1468) a permis une diffusion du savoir autrement inimaginable. Au Moyen Age, l’Eglise exerçait un quasi monopole sur la production et diffusion du savoir. Les universités étaient des institutions religieuses le plus souvent sous l’égide du pape. De plus, les ouvrages devaient être copiés à la main par des moines. On remarquera que presque tous les auteurs médiévaux étaient des clercs. Grâce à l’imprimerie, d’autres personnes peuvent rédiger et diffuser leurs opinions. En effet, tous les auteurs importants de l’Epoque Moderne qui ont examiné l’économie exerçaient des fonctions en dehors de l’Eglise. L’origine et la profession des auteurs ont eu une influence nette sur leur production intellectuelle.

Les auteurs

La première chose que l’on remarquera par rapport aux auteurs des idées économiques de cette époque est qu’ils sont quasiment tous des laïcs. L’Eglise a perdu le monopole de la production et la diffusion du savoir, laissant de la place aux hommes d’actions – marchands, avocats, hommes politiques, etc. On doit, cependant, s’interroger si les idées qu’ils élaborent dans les traités publiés à cette époque sont nouvelles, ou si les hommes d’action du Moyen Age partageaient leur point de vue sans pour autant avoir eu la possibilité de l’exprimer explicitement par écrit. La comparaison de ces textes « fondateurs » de la théorie mercantiliste avec d’autres types de documents plus anciens révèle que c’est moins les idées qui sont nouvelles que la façon de les exprimer.
Français

Le premier auteur généralement étudié pour cette période est Jean de Malestroit, dont l’on sait très peu à part le fait qu’il ait publié un ouvrage Les paradoxes du sieur de Mallestroit sur le faicte des monnaies en 1566. Dans ce texte, il constate une inflation aigue à l’époque et conclut qu’elle est le résultat des mutations monétaires. Ce n’est pas tant les idées exprimées dans cet ouvrage qui importent, car en effet, Nicolas Oresme était déjà arrivé à cette conclusion par rapport à la situation monétaire en France au XIVème siècle. Malestroit lance cependant un débat qui évoque des réponses innovatrices, notamment de la part de Jean Bodin (1529-1597). Celui-ci publie seulement deux ans après l’ouvrage de Malestroit une Réponse aux paradoxes (1568) dans laquelle il aborde la question de la masse monétaire. D’après Bodin, ce n’est pas la quantité d’argent et d’or dans chaque pièce qui importe, mais la quantité globale de métaux précieux en circulation, fondant ainsi une théorie quantitative de la monnaie. Cette analyse monétaire, mettant l’accent sur les quantités de métaux précieux détenus par un Etat ou en circulation sur les marchés est l’un des axes principaux du mercantilisme. Bodin est aussi l’auteur d’un autre ouvrage, Les Six livres de la République (1576), où il aborde la question de l’Etat. Dans la ligné de Machiavel, Bodin croit à la nécessité de maintenir un pouvoir central fort, mais il est le premier à s’interroger sur les moyens de financer une monarchie puissante et l’impact économique de différents types d’imposition.

Un autre auteur français poursuit la réflexion sur le rôle de l’Etat dans l’économie. Après un séjour en Angleterre pour échapper à la répression contre les Protestants, Antoine de Montchestien (v. 1575-1621) revient dans son pays natal et publié un Etat de la France (1611) dans lequel il dresse un bilan de la performance économique de ce pays. A la grande différence des idées courantes au Moyen Age, la réflexion économique à l’Epoque moderne ne se focalise plus sur les activités des individus, mais sur les considérations d’ordre macroéconomique. En effet, Montchestien est le premier à consacrer tout un ouvrage à la question dans son Traité d’économie politique (1616), utilisant pour la première fois un titre qui sera donné à de nombreux traités économiques pendant plus de deux siècles (voir extrait ci-dessous).

Anglais

En Angleterre, on voit apparaître des ouvrages qui reflètent certains des mêmes thèmes qu’en France. Comme en France, on se penche sur la question de la monnaie. Parfois les auteurs jouait un rôle important dans l’économie réelle et ne se cantonnait pas uniquement à des traités théoriques. Thomas Gresham (1517-1579) était un grand financier et l’un des hommes le plus riche du royaume. Il a été recruté comme conseiller auprès de Edward IV, puis de ses successeurs les reines Marie et Elizabeth, pour donner son avis sur la meilleure politique monétaire à établir. Pour lui, il vaut mieux maintenir une monnaie forte et unique dans le royaume. En effet, il a remarqué que quand il y a deux systèmes monétaires en place en même temps au même endroit, les agents économiques ont tendance à trésorier la monnaie la plus stable et dépenser celle qui avait était le plus volatile ou qui avait le moins de valeur métallique ; la monnaie forte disparaît alors de la circulation laissant la place à des devises faibles. Autrement dit : la mauvaise monnaie chasse la bonne (« Loi de Gresham »).

Certains se focalisent sur la question du commerce international et de l’équilibre des échanges. Thomas Mun (1571-1641) était un important homme d’affaires anglais. Dans ses ouvrages Discours sur le commerce de l'Angleterre aux Indes orientales (1621), L'encherissement de l'Angleterre par le commerce extérieur, il défendait l’importance du commerce international pour la richesse et le pouvoir d’une nation. Il voyait même l’intérêt d’augmenter les importations et favorise la baisse des taxes qui pesaient sur les biens qui entraient dans le pays. Il était également l’un des premiers à distinguer entre un produit tangible (bien) et un produit intangible (service).

D’autres penseurs de l’époque partageaient certaines des idées de leurs contemporains, mais en exprimaient d’autres qui les distinguaient. William Petty (1623-1687), par exemple, avait des idées qui étaient très en avance pour son époque. Petty était chirurgien, entrepreneur et parlementaire. Dans ses ouvrages Essais d'arithmétique politique (1672) et Ecrits sur l'arithmétique politique (1690), comme la plupart des mercantilistes, il considérait que la quantité de métaux précieux déterminait la richesse d’un pays et il prônait une monnaie forte, et un excédent commercial. Mais contrairement à beaucoup de ses contemporains, il recommandait la liberté des échanges, il considérait que la source de la richesse se trouvait réellement dans la terre et l'agriculture ; ces deux dernières idées étaient des argument fondamentaux pour les Physiocrates un siècle plus tard. Petty argumentait aussi que la valeur d'un produit dépendait en grande mesure du coût de production et du transport, une idée mise en avant par les Marxistes. Il était aussi très attaché à l’utilisation des mathématiques dans l'analyse de l'économie ; si les physiciens de son époque Galilée, Newton) étaient déjà persuadé de l’importance des analyse mathématique pour comprendre l’univers physique, les économie ne devient une science mathématique qu’au XIXème siècle.

Enfin, Josiah Child (1630-1699), aristocrate et homme d’affaires, directeur de la « East Indian Company », avait des idées très similaires à celles de ses contemporains. Il prônait l’intervention d’un Etat fort dans l’économie et favorisait le monopole de l’Etat sur le commerce avec les colonies. Par contre, il réfutait l’idée que l’exportation des métaux précieux diminuait nécessairement la richesse du pays. Et s’il favorisait l’intervention de l’Etat dans le commerce extérieur, il pensait que du moins le commerce intérieur devait pouvoir s’effectuer sans trop de contrainte d’un gouvernement interventionniste. Si ce deux derniers ont exprimé quelques idées innovatrice pour l’époque, il serait tout de même très difficile de les considérer comme des physiocrates ou encore moins comme des économiste de l’école classique.
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