Université Montpellier 1, isem licence, sem 2012-2013 Robert Braid





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2. Turgot

8) Première division de la société en deux classes : l’une productrice, ou des cultivateurs, l’autre stipendiée, ou des artisans.

Voilà donc toute la société partagée, par une nécessité fondée sur la nature des choses, en deux classes, toutes deux laborieuses, mais dont l’une, par son travail, produit - ou plutôt tire de la terre - des richesses continuellement renaissantes qui fournissent à toute la société la subsistance et la matière de tous ses besoins ; l’autre occupée à donner aux matières produites les préparations et les formes qui les rendent propres à l’usage des hommes, vend à la première son travail, et en reçoit en échange sa subsistance. La première peut s’appeler classe productrice ; et la seconde, classe stipendiée.

[…]

15) Nouvelle division de la société en trois classes : des cultivateurs, des artisans et des propriétaires, ou classe productrice, classe stipendiée et classe disponible.

Voilà maintenant la société partagée en trois classes : la classe des laboureurs, à laquelle on conserve le nom de classe productrice ; la classe des artisans et autres stipendiés des produits de la terre, et la classe des propriétaires, la seule qui, n’étant point attachée par le besoin de la subsistance à un travail particulier, puisse être employée aux besoins généraux de la société, comme la guerre et l’administration de la justice, soit par un service personnel, soit par le payement d’une partie de ses revenus avec laquelle l’Etat ou la société soudoie des hommes pour remplir ces fonctions. Le nom qui lui convient le mieux pour cette raison est celui de classe disponible.
A. R. J. Turgot, Réflexions sur la formation et la distribution des richesses (1776).
Travail

1. Quelle est la difference entre comment Quesnay et Turgot expliquent la division de la société?

2. Comment est-ce que ces divisions diffèrent de la division médiévale de la société en trios ordres?
4. L’école classique
Contexte économique

Au XVIIIème siècle, le processus de l’industrialisation en France a été compliqué par les conflits sociaux et politiques. D’abord la Révolution, puis la Terreur, puis la politique expansionniste de Napoléon. Les guerres napoléoniennes ont stimulé la production industrielle, mais seulement pour être gaspillé sur le champs de bataille. Ce n’est qu’à partir de la restauration de la monarchie en 1815 que le pays retrouve une certaine stabilité qui lui permet de poursuivre le processus de développement industriel. Mais comme l’industrialisation avait commencé plus tôt en Angleterre, la France avait du mal à rattraper le retard. Au milieu du XIXème siècle, l’industrialisation a bien pris pied en France, mais les guerres avec l’Allemagne à partir de 1870 a ralenti ce développement. L’Angleterre avait connu un fort développement industriel dès le début du XVIIIème siècle. Les guerres contre les Etats Unis en 1776 et 1812 ont interrompu un peu le développement économique, mais l’Empire Britannique domine encore le monde au XIXème siècle. Mais d’autres pays européens ont aussi connu l’industrialisation, particulièrement l’Allemagne. La concurrence pour les marchés et pour les matières premières devient alors intense. Pour augmenter les marges, les investisseurs tentent de diminuer les couts de production, réduisant ainsi une grande proportion de la population en pauvreté. Mais les effets négatifs de l’industrialisation ne se font sentir qu’à partir du XIXème siècle. Les économistes de l’école classique ne voient que le bon côté du développement industriel.

Contexte intellectuel

Toute l’activité intellectuelle du XVIIIème siècle a été influencée par les travaux d’Isaac Newton (1643-1727), mais Newton a eu un impact particulier sur les travaux d’Adam Smith. Dans son ouvrage Principes mathématiques de la philosophie naturelle il explique tout mouvement dans l’univers grâce au principe très simple de « gravitation universelle ». Toute étude scientifique devait dorénavant chercher à établir des lois simples qui expliquent des systèmes complexes.

« L'imitation de Newton devient l'ambition secrète de tous les savants, quelle que soit leur science. Le système de Newton de l'intelligibilité est admis comme le prototype de toute connaissance parvenue à un état d'achèvement définitif. » (Georges Gusdorf)

En effet, le premier ouvrage rédigé par Adam Smith était l’Histoire de l'Astronomie où il expose son admiration de Newton. Il finira par expliquer le fonctionnement de l’économie grâce au principe très simple de l’équilibre des marchés par la recherche individuelle de ses propres intérêts.

Une autre influence sur les travaux de Smith était Thomas Hobbes (1588-1679), non pas parce que Smith l’admirait, mais plutôt parce que ses théories étaient construites en pure opposition aux principes de Hobbes. Ce philosophe anglais du milieu du XVIIème siècle avait vécu la guerre civile, la décapitation du roi, et la restauration. Il a vu le chaos social engendré par l’absence d’une puissance forte. Dans son ouvrage Léviathan, Hobbes décrit les hommes comme des loups qui dévoreraient les autres pour avancer ses propres intérêts. La nature vicieuse de l’homme nécessite un pouvoir absolu pour maîtriser les désirs insatiables des individus. Smith construira une conception totalement opposée à celle de Hobbes et démontrera comment les intérêts de la société sont avancés quand chacun cherche son intérêt propre.

Enfin, il est impossible de parler des influences intellectuelles sur Adam Smith sans évoquer David Hume (1711-1776). Dans ses Essais sur le Commerce (1752), Hume favorise la liberté commerciale et prône l'idée que l'économie fonctionne mieux quand elle est régie par des lois naturelles. Mais ce n’était pas ses travaux économiques qui ont eu le plus grand impact sur Smith. Hume était principalement un historien et philosophe qui traçaient le développement historique de la société. Ecossais aussi, Hume était un ami personnel de Smith. Ce dernier utilisera une méthode historique pour tracer l’évolution des économies de différents pays pour déterminer les vraies sources de la richesse.

Adam Smith (1723-1790)

Adam Smith grandit à Glasgow (Ecosse) à un moment où le Royaume Uni est en plein essor économique et politique. Il n’était pas pauvre, mais il vivait relativement modestement et pouvait facilement observer la classe laborieuse. Orphelin du père et élevé par son oncle, il se montre très doué pour les études. Il réussit à être accepté à Oxford, où il étudie la philosophie et la littérature, mais il résistait la rigidité intellectuelle de cette université. Il se fait finalement évincer d’Oxford pour sa lecture du Traité de la nature humaine de David Hume, ce dernier exercera une influence considérable sur Smith et deviendra un ami intime. Smith termine ses études à Glasgow, où il devient par la suite professeur de philosophie morale.

Il rédige en premier un ouvrage sur l’Histoire de l’Astronomie (publié seulement après la mort de Smith) où il dévoile une admiration pour les travaux de Newton. Son deuxième ouvrage Théorie des sentiments moraux (1759) tente d’établir une logique scientifique pour comprendre les sentiments humains. En particulier, comme le Marquis de Mirabeau, et contrairement à Hobbes, Smith considère que tout être humain est doté d’un degré de sympathie qui le pousse à vivre paisiblement en société (voire texte ci-dessous).

La Théorie des sentiments moraux a connu un succès énorme. Suite à sa publication, Smith se fait embaucher par Charles Townshend pour être le tuteur de son beau-fils Henry Scott, Duc de Bubbleuch. Celui-ci l’amène en France en 1744-1766. Pendant ce séjour, Smith rencontre, entre autres, Voltaire, Quesnay et Turgot. Il est attiré par les idées des physiocrates, mais ayant grandi dans un contexte urbain industrialisé, il ne peut accepter que seul le développement agricole détermine la richesse d’un pays. De retour en France, il se met à rédiger son ouvrage principal, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776).

Dans la Richesse des Nations, Smith tente de systématiser les théories économiques sur la base d’un principe simple. Comme Newton a réussi à expliquer tout mouvement dans l‘univers grâce au principe de la gravitation, Smith explique le fonctionnement de l’économie grâce au principe de l’intérêt propre. Selon Smith,

« Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais plutôt du soin qu’ils apportent à la recherche de leur propre intérêt. Nous ne nous en remettons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme. »

Alors que Hobbes avait argumenté en faveur d’une monarchie absolue en signalant la nature féroce des hommes qui, laissés sans contraintes, se dévoreraient les uns les autres, Smith souligne le caractère positif de la liberté individuelle. En cherchant son intérêt personnel, « conduit par une main invisible », chacun participe à l’avantage collectif. En effet, les marchés arrivent à s’équilibrer quand les hommes peuvent organiser la production, distribution, échange et consommation sans contraintes, principe fondamental de l’école classique. Comme les Physiocrates, donc, Smith prône une politique de « laissez-faire ».

Dans cet ouvrage, Smith identifie deux types de valeur :

1) La valeur d'usage représente l'utilité d'un bien pour celui qui le consomme.

2) La valeur d'échange représente le pouvoir qu'un bien confère à celui qui le possède pour se procurer un autre bien.
L’eau, par exemple, a une forte valeur d'usage, car elle est essentielle pour la survie ; par contre, elle a une faible valeur d'échange parce que l’offre est abondante et elle ne peut donc pas être échangée pour d’autres produits. Les diamants ont un rapport inverse : ils n’ont quasiment aucune valeur d’usage, mais ils peuvent être facilement échangés à cause de leur rareté. De même, puisqu’il ne peut pas en consommer une quantité trop importante, le pain du boulanger a une forte valeur d’échange pour lui, mais puisqu’il s’agit d’un aliment essentiel pour l’homme, le même pain a une forte valeur d’usage pour d’autres. C’est la différence entre ces deux types de valeur qui crée les échanges.
Smith identifie aussi différents types de prix.

1) Prix nominal. Le prix nominal d’un produit est celui qui est exprimé en unité monétaire, celui que l’on voit sur la facture ou sur l’étiquette. Le prix nominal peut être divisé en deux types :
a) Prix naturel. Le prix naturel est établi par le jeu libre de l'offre et la demande. C’est le prix idéal, celui qui représente la vraie valeur d’un produit. Dans une économie idéale, le prix naturel serait le prix payé par les consommateurs pour leurs biens.
b) Prix du marché. Le prix du marché est celui qui est réellement pratiqué. Les transactions sont toujours influencées par des ‘forces extra-économiques’ (contraintes, taxes, règlements, codes sociaux, etc.). Les gouvernements devraient chercher à réduire au minimum ces forces extra-économiques pour que le prix du marché se rapproche le plus possible au prix naturel.

2) Prix Réel. Le prix réel d’un bien peut être exprimé en termes de la quantité de travail et de peine que l'acquéreur s'impose pour se procurer un bien, soit pour le produire, soit pour gagner suffisamment d’argent pour l’acheter. Puisque tout le monde ne produit pas des biens à la même vitesse ou avec la même facilité, et puisque tout le monde ne gagne pas le même salaire, le prix réel diffère donc en fonction de l’individu. Par exemple, un ouvrier qui gagne 10€ de l’heure doit travailler 10 heures pour se procurer un produit qui coûte 100€ ; avocat qui gagne 200€ de l’heure ne doit travailler que 30 minutes pour s’acheter le même produit. Le prix réel du produit est nettement plus élevé pour l’ouvrier que pour l’avocat.


La Richesse des Nations est divisée en cinq livres :

Livre I.

Smith analyse l’évolution des méthodes de production et le processus de la spécialisation du travail, ainsi que la circulation naturelle des biens entre classes. Comme Aristote et Thomas d’Aquin, Smith observe que les sociétés primitives étaient basées sur l’autosuffisance des familles. Au fur et à mesure que les sociétés avancent, les individus se spécialisent et échanges certains produits contre d’autres. Plus ces échanges s’étendent, en volume et dans l’espace, plus l’économie a besoin d’une monnaie pour faciliter ces échanges. Mais au lieu d’esquisser cette évolution pour simplement expliquer le bon usage de la monnaie, comme l’ont fait Aristote et d’Aquin, Smith y voit la véritable source de la richesse d’une nation. En effet, en utilisant l’exemple d’une manufacture d’épingles, Smith décrit comment la productivité d’améliore avec la spécialisation. Plus on se spécialise, mieux on s’affine ses techniques ; on développe même des outils et des machines pour augmenter la production. Smith estime que, en divisant la production en 18 processus séparés, on peut produire 240 fois plus d’épingles. C’est la spécialisation qui permet une augmentation de la production et donc la richesse.

Comme les physiocrates, Smith examine la circulation de la richesse à l’intérieur d’une économie entre trois classes. Pour distinguer les classes, Smith identifie trois types de revenus.

"Salaire, profit et rente sont les trois sources de tout revenu aussi bien que de toute valeur échangeable, tout autre revenu dérive, en dernière analyse, de l'une ou de l'autre de ces trois sources."

Les ouvriers (agricoles ou industriels) touchent un salaire qui récompense leur effort, peine, compétence, technique, etc. La croissance économique tend à augmenter les salaires et cette augmentation augmente la productivité et aussi la population. Les investisseurs perçoivent un profit qui rémunère l’utilisation du capital. Le bon usage du capital favorise non seulement la croissance économique générale, mais un bon retour sur investissement. Mais au fur et à mesure que l’économie se développe, le nombre d’opportunités pour investir diminue, limitant ainsi profits. Les propriétaires touchent une rente pour la location de leurs terres. Ces rentes ne doivent pas être fixées trop haut, car cela entraînerait une hausse des prix agricoles, ce qui désavantagerait les ouvriers. Avec la croissance économique, la population et les salaires grandissent, augmentant la demande et les prix des produits agricoles et par conséquent les rentes. La définition des trois classes par Smith diffère donc sensiblement de celle de physiocrates.

Livre II.

Tout comme la bonne manière d’organiser la production, le bon usage du capital est essentiel pour améliorer la richesse d’un pays. Les revenus de la production doivent être utilisés pour améliorer la condition de vie des ouvriers, ce qui augmente leur productivité, mais aussi pour investir dans de nouvelles techniques. La mécanisation des processus ne peut s’effectuer qu’avec un important investissement du capital. Pour Smith, l’accumulation de la richesse simplement pour le plaisir d’amasser de plus importantes sommes n’est pas immorale, comme l’auraient exposé Aristote ou les théologiens, mais inefficace. Le capital doit être utilisé de la meilleure manière d’augmenter la productivité, le plus souvent en investissant dans l’innovation technique.

Livre III.

L’évolution du progrès économique ne se déroule pas de la même manière dans tout les pays. Les pays les plus puissants sont ceux qui ont su très tôt spécialiser le travail. Influencé par les travaux de David Hume, Smith adopte une vision historique pour observer le développement économique. Jusqu’alors, les philosophes de l’économie avaient toujours observé l’économie contemporaine qui les entoure pour comprendre son fonctionnement. Cette perspective historique de Smith va être par la suite adopté par Ricardo pour décrire la trajectoire économique jusqu’à un état stationnaire, et par Marx pour expliquer comment le système capitaliste va inévitablement se transformer en socialisme.
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