Université Montpellier 1, isem licence, sem 2012-2013 Robert Braid





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Livre IV.

Dans ce livre, Smith se place fermement en opposition au système mercantiliste.

« C’est l’industrie que l’on poursuit pour le bénéfice des riches et des puissants qui est principalement encouragée par notre système mercantile. Celle que l’on poursuit pour le bénéfice des pauvres et des indigents est trop souvent soit négligée ou opprimée. »

Les XVIème et XVIIème siècles avaient vu un progrès économique remarquable, grâce au commerce avec les colonies, assuré par les compagnies qui détiennent le monopole, et l’investissement de l’Etat dans l’industrie. Mais selon Smith, ce sont principalement les riches et puissants qui profitent de ce type de système économique. Très attaché au sort de l’homme modeste, Smith propose un autre système économique basé sur la liberté individuelle qu’il pense plus efficace et plus équitable. (Il convient ici de rappeler que, malgré le succès que Smith a connu, et les avantages économiques qui l’ont accompagné ce succès, le philosophe écossais a toujours vécu modestement et a donné généreusement aux œuvres charitables.) Smith propose donc un changement conséquent à la manière de gouverner.

Livre V.

Comme les mercantilistes, Smith se préoccupe du rôle et des revenus de l’Etat. Si l’Etat doit éviter d’intervenir dans les transactions économiques, Smith ne nie absolument pas le rôle politique, juridique et social du gouvernement. L’Etat doit assurer l’ordre social et la défense de la nation, mais aussi promouvoir les initiatives utiles pour la collectivité quand les intérêts personnels ne suffisent pas : l’armée, la diplomatie, le maintient du système judiciaire, le développement de l’infrastructure, l’éducation publique, etc. Pour financer ces services, Smith élabore un système d’imposition dans lequel ceux qui bénéficient le plus d’un service du gouvernement doivent supporter le coût de ce service, quand cela est possible. (Voir texte ci-dessous)

Il est difficile de surestimer l’influence d’Adam Smith sur la science économique.
Thomas Robert Malthus (1766-1834)

Malthus est né dans une famille aisée de nobles et éduqué à Cambridge. Il devient par la suite prêtre d’une petite paroisse, puis prof dans un collège. Sa philosophie économique était principalement orientée autour de la question de la croissance démographique et de la demande.

Essai sur le principe de population (1798)

Dans cet ouvrage, Malthus élabore une théorie sur la croissance démographique. D’après Malthus, chaque couple a en moyenne 4 enfants. Quand il n’y a pas de limites de ressources, la population augmente donc selon une progression géométrique (1, 2, 4, 8, 16, 32), doublant tous les vint-cinq ans. En effet, cette progression a été observée aux Etats-Unis, un vaste pays qui à l’époque disposait de ressources naturelles surabondantes. Les investissements et le progrès technique, par contre, ne permettent au mieux qu’une progression arithmétique (1, 2, 3, 4, 5) dans le même temps.
Très rapidement, alors, le niveau de population dépasse la capacité de nourrir tout le monde, ce qui entraine des crises de subsistance. Ces crises (dites ‘crises malthusiennes’) prennent en général trois formes : la famine, les épidémies et les guerres. Au seuil de la subsistance, il suffit d’une mauvaise récolte une année pour éliminer un certain pourcentage de la population qui n’a pas les moyens de survivre (famine). Sinon, n’ayant pas suffisamment mangé, un grand pourcentage de la population est mal nourri et affaibli, permettant la rapidement propagation de maladies (épidémie). Les gens ont tendance à lutter pour s’accaparer des ressources limitées (guerre). Les trois types de crises ont le même effet de diminuer la population à un niveau suffisamment bas pour être maintenu par la quantité de ressources disponibles.
Cette théorie sur la population a été développée en réponse à un débat de l’époque ; l’Etat cherchait à déterminer s’il devait fournir une assistance sociale aux pauvres (‘Poor Laws’). Le Pasteur Malthus était contre l’idée d’aider les pauvres qui n’arrivaient pas à subvenir à leurs propres besoins, car cela les encouragerait seulement à avoir plus d’enfants et ainsi exacerber le problème. Malthus propose une solution éthique (‘moral restraint’), grâce à des mariages plus tardifs et la pratique de l’abstinence avant le mariage, la croissance de la population serait plus limitée.
Ces propos provoquèrent, on peut bien l’imaginer, des débats très vifs sur la charité et l’aide sociale. En effet, il est surprenant qu’un prêtre soit contre la charité. Plus pertinent pour nous, les idées de Malthus sont totalement en contradiction avec la majorité des notions économiques antérieures qui favorisaient une augmentation de la population pour renforcer la production et l'économie de la nation.

Principles of political economy (1820)

Dans ce deuxième ouvrage, Malthus se nourrit des arguments lancés contre les idées exprimées dans son premier ouvrage pour renforcer ses positions. De plus il élabore le principe de la demande effective : c’est la demande qui détermine la production et qui est le moteur principal de l’économie. Cette demande étroitement liée au niveau de population ; la réduction de la population, et donc de la demande se traduit par une réduction des efforts de production. Cette théorie est en totale contradiction avec les théories des débouchés de JB Say (voir ci-dessous). Ce principe sera ensuite développé davantage par Keynes un siècle plus tard.

Jean-Baptiste Say (1767-1832)

Say était d'une famille protestante, rare en France qui est restée un pays foncièrement Catholique. Relativement jeune, entre 19 et 21 ans, il voyage en Angleterre, ce qui le familiarise avec la littérature économique anglaise, notamment Adam Smith. De retour à Paris, il publie une revue pendant la Révolution et étudie l’économie. Il publie enfin sonTraité d'économie politique (1803), mais Napoléon lui demande de modifier certaines parties. (Say était contre le protectionnisme et l’intervention de l’Etat dans l’économie, ce qui était précisément la politique économique de l’Empereur.) Ayant refusé de modifier son traité, il perd le droit d’exercer le métier de journaliste et éditeur. Il se retourne vers l’industrie (il était frère de Louis Say, le fondateur de la sucrerie qui porte encore son nom - Béghin-Say) et fait fortune.
Traité d'économie politique (1803)

Say était favorable au le libéralisme et contre toute politique protectionniste. Il reste alors dans la lignée directe des physiocrates et de Smith. Dans ce traité, et contrairement à Malthus, il se focalise sur la production, ou l’offre.

La "loi des débouchés" ou "loi de Say": "C'est la production qui ouvre des débouchés aux produits."

Pour critiquer cette théorie bien plus tard, Keynes le résume mal par l'expression "L'offre crée sa propre demande." En réalité, selon Say, le fait de produire est une condition nécessaire à la création d'un débouché (mais un débouché pour les autres producteurs). Quelqu'un qui crée un produit et qui veut le vendre, crée une opportunité pour un autre producteur de vendre ses produits. Selon Say, alors, une crise de surproduction est impossible, car on cherchera des marchés pour écouler ses produits.
"Que les achats qu'on fait à l'étranger soient acquittés en marchandise ou en argent, ils procurent à l'industrie nationale des débouchés pareils."
La théorie de Say est donc en total contradiction avec celle de Malthus, car Say diminue l'importance de la demande. Celle-ci suivra la production. Aussi, selon Say, la monnaie n’est qu’un instrument pour faciliter les échanges de marchandises, elle ne joue pas de rôle important dans l’économie – un point de vue qui sera entièrement démoli par Keynes. En fait, la réfutation de cette théorie par Keynes est le fondement de son œuvre. Say a donc eu un impact très important sur la production intellectuelle

David Ricardo (1772-1823)

Ricardo était le 3ème enfants (sur 17 enfants !) d'une famille de financiers juifs. A partir de 14 ans, il travaille à côté de son père à la Bourse de Londres. Il tombe amoureux d’une fille quaker, et se convertit au Protestantisme pour se marier avec elle. Il est par conséquent rejeté par sa famille et doit s’autofinancer. Grâce à son intelligence et à son expérience à la Bourse de Londres, il a fait fortune comme agent de change. Il prend sa retraite à 42 ans et se consacre aux études et à la politique, en autodidacte mais bénéficiant d’une correspondance abondante avec Malthus et Say. Il a une très bonne réputation et le Parlement sollicite régulièrement son avis sur des questions économiques. Lui-même il devient Parlementaire peu après la publication de son ouvrage : Principes d'économie politique (1817)

La valeur

Pour comprendre comment la valeur d’un bien est déterminée, il faut savoir de quel type de bien il s’agit. Ricardo distingue deux types principaux de biens.
Biens non-reproductibles

Les biens non-reproductibles sont très rares et ne peuvent pas être créés en grande quantité (par exemple les œuvres d'art, les diamants). La valeur de ces biens dépend principalement de la demande.

Biens reproductibles

Les biens reproductibles, la majorité des produits, sont ceux qui peuvent être créés en grande quantité. Ces biens sont très utiles pour les êtres humains (pain, fromage, vêtements), mais comme ils peuvent être reproduits, la valeur dépend non pas de leur utilité et de la demande mais de la quantité du travail nécessaire pour créer ou se procurer le bien.
Comme Smith, Ricardo croit que l’on peut calculer la valeur d’un produit en termes d’un nombre d’heures de travail nécessaire pour produire ou pour se procurer ce produit. Mais Ricardo inclut, non seulement les heures que l’ouvrier a passé au travail, mais également la valeur du travail incorporée dans le capital nécessaire pour produire le bien (outils, machines, matière première, etc.). Un ouvrier peut passer le même nombre d’heures pour créer un fromage et un meuble, mais la valeur serait différente car la fabrication d’un fromage ne requiert que très peu de capital, alors que la fabrication d’un meuble nécessite des outils métalliques relativement chers, des machines, etc. Cette notion qu’il existe une grande quantité de travail accumulé dans tout capital a été reprise par Marx.

Croissance économique

Salaires réels

Basé sur le travail de Smith, Ricardo analyse l'évolution des salaires, profits et rentes, sur la base de la notion de la valeur d'échange. Smith avait vu une augmentation des salaires comme un résultat de la croissance économique. Pour Ricardo, la croissance économique entraîne également une hausse des prix, et par conséquent tout augmentation des salaires nominaux est anéantie ; les salaires réels (en termes de pouvoir d’achat) stagne.
Limites de la croissance démographique

Comme Malthus, Ricardo comprend que la superficie des terres fertiles étant limitée, la population ne peut pas continuer à augmenter à l’infini. L’augmentation de la population génère la hausse des prix (augmentation de la demande, stagnation de l'offre de la nourriture), ce qui défavorise l'augmentation continue de la population.
Rendements décroissants

Comme Smith, Ricardo prévoit aussi la diminution des profits. L'entrepreneur doit se tourner donc vers les marchés extérieurs pour augmenter leurs marges.
La théorie des rendements décroissants l’amène à supposer une trajectoire vers la stabilité économique (état stationnaire de l'économie). Selon Ricardo :

"Il n'y aura plus d'accumulation, car aucun capital ne pourra plus rapporter le moindre profit ; aucun travail supplémentaire ne pourra être exigé, et par conséquent, la population aura atteint son niveau maximal."

Monnaie

Comme Say, Ricardo diminue l'importance de la monnaie. Celle-ci ne joue qu’un rôle intermédiaire dans la production et l’échange de biens ; la monnaie en elle-même n’a pas de valeur réelle. Comme Bodin, les prix nominaux dépendent de la quantité de la monnaie en circulation, mais comme tous les prix nominaux augmentent ou diminuent proportionnellement à cette quantité, très peu importance est attribué à la monnaie.

« Equivalence ricardienne » ou « Equivalence Ricardo-Barro »

Ricardo a souvent été sollicité par le gouvernement britannique pour donner son avis sur des questions de politique économique. L’Etat devait investir dans l’infrastructure du pays ; pour ce faire, il fallait lever des fonds. Ces fonds pouvaient provenir de deux sources : 1) l’Etat pouvait taxer la population actuelle pour finance des projets, mais la crainte était qu’une telle politique enlèverait l’argent de la circulation économique, ou 2) l’Etat pouvait s’endetter pour payer ces projets et rembourser ses dettes plus tard quand les avantages des investissements auraient porter des fruits.
Pour Ricardo, les deux options avaient le même résultat. Même si l’Etat finançait les projets avec la dette, les acteurs économiques auraient tendance à épagner de l’argent sachant qu’ils auraient à payer des impôts plus élevés un jour.
Cette idée a été reprise et développée par Robert Barro en 1974 - d’où le nom « Equivalence (ou effet) Ricardo-Barro.

Avantages comparatifs

Selon Ricardo, chaque région a des avantages naturels pour la production de certains produits. L’Angleterre, grâce à son climat, est naturellement bien adaptée à l’élevage de moutons. C’est pour cette raison qu’elle était plus développée dans la production de la laine que d’autres pays. La France, par contre, a un climat plus propice à la culture de raisins, et donc produit d’excellents vins. Comme chaque pays se spécialise dans la production d’un certain nombre de biens, il les produit plus efficacement et donc moins cher que d’autres pays. Tous les pays vont échanger leurs biens pour tirer le maximum de bénéfices des leurs avantages respectifs. Même si la France pouvait produire de la laine à moindre coût que l’Angleterre, elle aura tendance à se concentrer plutôt sur la production du vin, ou elle a un avantage très net par rapport à l’Angleterre, et négliger la production de la laine. Car produire de la laine en France veut dire produire moins de vin. Dans ce cas la France aurait un avantage absolu dans la production de la laine, mais l’Angleterre aurait un avantage comparatif.

John Stuart Mill (1806-1873)

John Stuart Mill était le fils de James Mill (1773-1836), un économiste, philosophe et historien écossais très influencé par les idées de David Hume et de Jeremy Bentham. En termes de politique économique, James Mill était un défenseur des idées de Ricardo. Mais sa philosophie utilitariste le pousse à éduquer son fils d’une manière très rigoureuse. John Stuart Mill était donc séparé des autres enfants et éduqué par son père. Il savait lire le latin et le grec à l’âge de 8 ans. Il sera ensuite très influencé par sa femme Harriet Taylor, à qui il attribuait beaucoup de ses propres idées.
Les ouvrages de John Stuart Mill sont nombreux et variés :

Système de logique déductive et inductive, 1843.

Essays on Some Unsettled Questions of Political Economy, London, 1844 

Principes d'économie politique, Londres, 1848

De la liberté (1859)

Auguste Comte et le positivisme (1865)

L'utilitarisme (1868)

De l'assujettissement des femmes, 1869. (Pour le suffrage des femmes)

Trois essais sur la religion (posthume -1874)
Dans ses travaux économiques, il respecte la plupart des principes de l’école classique. L’économie fonctionne selon des lois naturelles et le principal moteur de l’économie est la recherche de l’intérêt personnel. Le développement économique général est plus rapide quand l’Etat n’impose pas de s restrictions sur les acteurs économiques.
Par contre, John Stuart Mill se préoccupait de bien plus que l’économie ; il s’intéressait aussi à la justice sociale. Si l’Etat ne doit pas jouer un rôle d’acteur dans l’économie, il doit absolument rectifier les injustices sociales du système économique ("Justice économique redistributive"). Par exemple, l'Etat doit assurer la protection sociale des citoyens, financée par un impôt sur la rente foncière.
Il reprend les théories principales de l'économie classique (Smith, Say, Ricardo), mais seulement pour réfuter l'idée de la légitimité de la propriété privée et celle d’un état stationnaire. La propriété privée est contraire aux lois naturelles, car selon la loi naturelle la terre appartient à tous les hommes. Mill croyait que l’équilibre parfait (état stationnaire) entre croissance démographique et croissance économique ne pouvait être atteint que quand il y aurait une répartition équitable des richesses.

Documents
Adam Smith en contexte : Le rôle de l’Etat et l’imposition
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