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Une AnnéeL'année scolaire débutait le 1er octobre. Dans la nuit précédant ma première rentrée, un grand incendie bouleversa la vie du Sap. Une boulangerie située sur la place du village fût entièrement détruite par le feu, les propriétaires étaient absents et les pompiers dépourvus de matériel. La foule éveillée dans la nuit fit la chaîne avec des seaux d'eau. Les hommes s'activaient, donnant des ordres contradictoires devant l'immense brasier. C'était à la fois terrifiant et splendide. Bien que les deux événements soient seulement contigus dans le temps, je liais cet incendie à mon départ en pension. J'y vis un signe dont le sens mystérieux m'échappait. Si la première rentrée fut douloureuse les suivantes le furent d'une autre façon. C'était à la fois un avantage et un inconvénient de connaître la vie qui m'attendait. Avantage, puisque connaissant les gens, les lieux et les habitudes, je ne me sentais plus perdue, abandonnée. La perspective de retrouver mes compagnes, « les filles », était même un plaisir. Inconvénient, car je pouvais imaginer ce qui m'attendait. Apres la douceur des vacances, la perspective de la rentrée m'emplissait de cette tristesse accablante que nous nommions « le cafard », mot qui revenait trop fréquemment dans nos conversations. Avoir « le cafard » était presque l'état habituel. Christiane : « J'avais pris goût aux préparatifs de la rentrée : à la composition de la valise, au choix du plus beau chemisier blanc pour l'uniforme du dimanche et à celui de la trousse de toilette qu'embaumait la nouvelle savonnette parfumée. » Le lendemain de la rentrée, nous étions réparties dans nos classes. Comme dans toutes les écoles, les tables de deux nous soudaient à « la voisine », celle qui partagerait nos bavardages, compenserait nos inattentions et nos étourderies, celle avec qui nous pourrions à tour de rôle tricher (échanges de bons procédés !), celle qui nous préviendrait par un coup de pied discret de l'arrivée intempestive de la surveillante ou de tout autre danger. L'organisation spatiale de la classe devait être un casse-tête avant la rentrée pour nos maîtresses. Bien sûr, les amies étaient éloignées au maximum. « Pourvu que je sois à côté de vous » souhaitait l'amie. Et bien non ! Il n'y a avait aucune chance. Les religieuses, sous des prétextes éducatifs et avec un plaisir à peine voilé, séparaient exprès les amies. Nous en étions réduites aux « petits mots ». Petits papiers pliés en quatre et transmis de mains en mains en prenant des risques énormes. Blagues, dessins (parfois salaces), déclarations d'amitié, renseignements pratiques, injures, les petits mots transmettaient notre vérité, nos secrets et des vers de Lamartine. L'interception de l'un d'entre eux par la surveillante faisait courber le dos de l'auteur qui prévoyait de gros ennuis. Christiane en a conservé quelques-uns. Au début de l'année, comme tous les élèves du monde, nous avions la joie des livres neufs avec leur merveilleuse odeur, leur reliure cassante, la préparation des cahiers où, malgré la rigueur des consignes qui excluait toute fantaisie, nous pouvions, par la mise en page et le graphisme, personnaliser notre travail. Venait ensuite le quadrillage de l'emploi du temps que nous n'en finissions pas de remettre « au propre » au cours des premières études en comptant les carreaux du papier, dont le nombre n'était jamais divisible par sept, pour arriver enfin au tableau coloré qui serait affiché à l'intérieur de notre bureau. Nous étaient également attribués : - une place au réfectoire pour les provisions et la serviette, - un vestiaire et une place pour la boîte à cirage dans la grande salle. Toutes nos affaires devaient être soigneusement marquées sous peine de sanctions. Le règlement nous était lu solennellement. Fait d'interdictions, il ne répondait pas seulement au souci de faire vivre et travailler ensemble un grand nombre de petites filles, il était le reflet de la pédagogie sévère héritée du XIXe siècle : - il est interdit de se tutoyer, - il est interdit de circuler dans les couloirs sans autorisation, - tout déplacement doit se faire en rang et en silence, - il est interdit... interdit... De longs jours studieux et monotones, suintant un ennui profond, s'ouvraient sur un avenir où nos désirs de fillettes étaient totalement ignorés. « Je m'ennuie, j'ai le cafard. » La longue plainte des pensionnaires... |
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