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Les LieuxÀ Orbec, en 1945, le pensionnat Notre-Dame et ses dépendances s’inscrivent dans l’angle droit formé par la route de Lisieux et la rue des Capucins. À l’extrême pointe de cet angle, une grande maison bourgeoise fait enclave, la maison des Pellerin dont les habitants accompagneront de leur amitié, au fil des années, les chanoinesses. Jouxtant cette propriété, on trouve, parallèle à la rue des Capucins : la maison de l’abbé, sorte de presbytère, clôt de hauts murs ne laissant pas filtrer les regards, accolée derrière le chœur de la chapelle et bordée d’un jardin aux allées de buis. Construite et bénie en 1825, la chapelle s’étend à la suite, de toute sa longueur, séparée de la rue par un étroit jardinet enclos d’un mur bas surmonté d’une grille. À l’intérieur, autrefois, cette chapelle était décorée d’un fastueux rococo et coupée par la grande grille de la clôture. Elle a depuis longtemps était remise au goût du jour dans le style moderne très dépouillé. Le grand Sacré-Cœur qui présidait au-dessus de l’autel majeur a disparu au grand dam des anciennes qui l’avaient laissé en 1906, lors de l’expulsion du couvent, obéissant aux consignes de l’abbé Guillaume : « Laissez le Sacré-Cœur. C’est lui qui gardera la maison… ». De chaque côté de la nef, des stalles où prient, chacune à sa place, les religieuses pendant les offices. Au bout de la chapelle, à angle droit : le tour. Le tour contrôle les entrées, les sorties et le téléphone. À cette frontière veille la sœur tourière, seule religieuse à n’être pas cloitrée. (Aux siècles précédents et dans d’autres couvents, un vaste demi cylindre ouvert latéralement servait à recevoir les enfants abandonnés. Les religieuses faisaient tourner le cylindre, recueillaient l’enfant qui y avait été déposé et le confiaient à une nourrice régulièrement payée. Certaines mères, pour échapper à la misère déposaient ici leur bébé et se présentaient immédiatement comme nourrice, récupérant ainsi leur petit qu’elles pouvaient élever en étant rétribuée). Malgré son nom, le tour à Orbec n’a jamais eu cette affectation. Bien qu’elles aient élevé, pendant un temps, des orphelines, la vocation des augustines a toujours été l’enseignement. Les fillettes qui leur sont confiées sont âgées d’au moins quatre ans et même ces toutes petites ont été l’exception. Le tour a servi à faire passer les colis et les denrées qui entraient et sortaient du couvent. Cet ensemble en brique rouge que l’on peut voir rue des Capucins est d’aspect propre et gai. En entrant par le tour, nous arrivons à un couloir qui sépare la communauté à droite et la chapelle à gauche. Côté communauté, le bureau de la révérende Mère isolé par une porte capitonnée. Au bout de ce couloir, nous sortons près du vieux puits dans la cour cernée par la partie ancienne de l’établissement. Un muret sépare la cour de récréation du couvent. Accolée à ce muret, côté cour, une avancée sert de préau. À droite s’étend l’espace du couvent. Derrière le petit mur une allée pavée, bordée de tilleuls, isole le bâtiment conventuel. Nous apercevons parfois par une porte entr’ouverte les immenses fourneaux de la cuisine où s’affairent dans la buée les sœurs cuisinières. Nous ne voyons rien d’autre du couvent, l’accès en est strictement réservé aux religieuses. Parfois, le soir, du dortoir en face, nous surprenons au-delà de la cour, une cellule éclairée où une nonne en chemise de nuit fait sa toilette et peigne ses longs cheveux. La distance ne nous permet pas de la reconnaître. Nous sommes toujours étonnées de la voir accomplir cette activité simplement humaine. Le vieux bâtiment occupé par le couvent a été acheté en 1811. Il abritait avant la révolution, des moines de l’ordre des capucins. Au centre du toit, face à la cour de récréation, la grande horloge, protégée par un auvent de tuiles ponctue la monotonie du temps. Derrière, s’étend le parc qui fait partie du couvent. C’est un champ en pente, planté de pommiers où nous pourrions nous ébattre avec une impression d’espace et de liberté si nous avions l’autorisation d’y aller plus fréquemment. Tout en haut du parc, un petit enclos sert de cimetière pour les religieuses. Même mortes, elles restent cloîtrées ici. L’ensemble qui dépend du couvent est entouré de hauts murs « dont le climat inhospitalier et rébarbatif me glaçait » écrit Henri Pellerin (VIII) À gauche le pensionnat, de l’autre côté du muret. Bordant la cour de récréation, le petit pensionnat, partie la plus ancienne construite en 1826, accueille les plus jeunes élèves. Il comprend au rez-de-chaussée : le petit réfectoire, le grand réfectoire et derrière, les deux parloirs, seules pièces un peu luxueuses. Au premier, sur un large palier, s’ouvre la porte du dortoir des petites : le dortoir de l’Enfant Jésus. Il aligne, de chaque côté de l’allée centrale, une vingtaine de lits séparés par une table de nuit sur laquelle les fillettes font leur toilette dans une cuvette émaillée. Dans l’angle, près de la porte d’entrée, le lit de la religieuse surveillante, derrière les lourds rideaux de toile écrue qui volent dans les courants d’air et révèlent la nuit, en ombres chinoises, celle qui l’occupe. À la suite du dortoir, deux classes, la septième et la sixième, se succèdent le long d’un petit couloir. À droite, une chambre d'isolement. Malgré l’opprobre qui s’y rattache la fenêtre s’ouvrant sur la campagne réconforte l’occupante. Le pallier dessert également le dortoir de l'infirmerie comprenant fort peu de lits et l'infirmerie elle-même. Au-dessus, le grenier où personne n’a accès, sauf les élèves qui étendent avec honte le linge mouillé de la nuit. Un grand escalier solennel descend face aux parloirs. À angle droit et fermant la cour, un bâtiment plus récent : le nouveau pensionnat abrite au rez-de-chaussée et sur toute sa superficie la grande salle lieu de rassemblement où se forment les rangs et où se déroulent les récréations en hiver. À l’une des extrémités se dresse la scène utilisée pour les diverses représentations, de l’audition musicale à la distribution des prix. De chaque côté, entre les fenêtres s’alignent dans les placards les manteaux, chapeaux, chaussures et les boites à chaussures. C’est là que s’effectue « le cirage ». Près de la scène, un placard renferme les objets perdus. Au-dessus, le dortoir Sainte-Marie aligne une vingtaine de lits toujours séparés par la table de nuit et la cuvette de toilette. Au bout, derrière un paravent, le seau hygiénique à utiliser la nuit. Des W.-C. communs aux deux dortoirs sont sur le palier mais, la nuit, la porte du dortoir est fermée à clef. Il nous est impossible se sortir même pour une telle nécessité. À la suite, destiné aux plus grandes élèves, le dortoir du Sacré-Cœur aligne des boxes que nous appelons des « chambrettes » fermées par des rideaux de toile écrue qui isolent leurs occupantes, et qui abritent, outre le lit, la table de nuit surmontée de la cuvette et d’un petit miroir (ce qui constitue un nouveau confort). Au bout, près de la chambrette de la surveillante, les sanitaires : deux W.-C. et deux salles de bain qui doivent seules suffire à l’hygiène de toutes les élèves. On entre dans ce bâtiment récent par les extrémités, à droite par un porche qui dessert également un second bâtiment neuf, et, à gauche, par le petit pensionnat. À droite, à angle droit et délimitant une seconde cour, l’autre bâtiment neuf complète le nouveau pensionnat et abrite, au rez-de-chaussée, les classes et les cellules de piano. Celles-ci, au nombre d’une douzaine, laissent tout juste la place du piano et du tabouret. Un couloir particulier d’une minuscule largeur permet à la surveillante de faire les cent pas. Les cellules sont vitrées pour permettre le regard extérieur. Un autre grand couloir parallèle borde ce petit couloir et isole « la musique ». Au premier étage, la grande salle d’étude, le bureau de la mère préfète, l’économat, d’autres classes encore, l’oratoire, la bibliothèque qui centralise quelques livres destinés à être prêtés mais où l’on ne peut pas rester pour lire. Au second étage, le dortoir Saint Augustin, réservé aux grandes élèves est composé de chambrettes alignées. Au fond de cette seconde cour de récréation, une aire de gymnastique, non aménagée où deux piquets et un élastique permettent le saut en hauteur. Le portique, en bois, ne comporte pas d’agrès. Ces trois bâtiments communiquent entre eux et constituent le pensionnat Notre-Dame. L’intérieur de tout l’établissement est peint de couleurs ternes, beige ou marron. Aucune décoration n’égaye les murs, sauf, de loin en loin, une image pieuse : Sacré-Cœur écartant sa tunique pour exposer un cœur sanguinolent, Christ crucifié orné d’un rameau de buis, s’offrent à nos rêveries d’élèves ennuyées. L’ensemble est d’une propreté méticuleuse. Des sœurs en voile blanc aidées d’employées laïques et des petites bonnes s’activent au ménage. Nous ne tenons aucun compte de leur travail et il arrive que des rangs entiers défilent sur des pavés humides vers les parquets cirés accompagnés des Mères professeurs indifférentes. La deuxième cour de récréation rejoint la route de Lisieux au bout d’une large allée caillouteuse en pente, fermée par un grand portail. La gardienne de cette entrée se tient dans une loge surélevée, indépendante, contrôlant les allées et venues, c’est la conciergerie. Les fugues sont toujours à craindre et les visiteurs admis sont dirigés vers les parloirs proches sans passer ni près des classes ni d’autres locaux de l’établissement en sorte que nous ne pouvons pas voir ces étrangers. Au-dessous du petit pensionnat, en contre bas, et lui tournant le dos, deux bâtiments parallèles dont l’un abrite le préau enserrent une cour de récréation et forment le pensionnat Saint-Joseph, attaché mais indépendant de Notre-Dame, il accueille les jeunes filles pauvres. Un autre ensemble abrite l’école ménagère et agricole. Plus loin, la ferme appartient au couvent et l’alimente de ses produits. Au cours des cinq années passées à Notre-Dame, je ne suis jamais entrée ni dans le couvent ni dans l’école Saint-Joseph non plus que dans l’école d’agriculture et je n’ai jamais rien vu de la ferme où je ne suis jamais allée. La disposition des locaux assure parfaitement la séparation entre d’une part le couvent et le pensionnat et, d’autre part, les écoles destinées aux élèves d’un rang social différent du nôtre. Les frontières sont étanches. |
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