«Les couventines» «Celui qui est maître de l’éducation peut changer la face du monde.» Leibnitz Introduction





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L'Institution


Lorsque les parents mettent leur fille à Notre-Dame, ils attendent de cette institution, moyennant finances, qu'elle joue trois rôles auprès de leur enfant :

a) qu'elle l'éduque selon les normes de la bourgeoisie de ce temps et de cette région,

b) qu'elle l'instruise.

Cette instruction devant être sensiblement la même que celle dispensée dans les écoles de l'État puisque, à la sortie, les élèves, passeront des examens officiels, entreront dans des écoles professionnelles laïques ou à l'Université, à moins que, destinées au mariage et à la maternité, les jeunes filles en soient dispensées.

c) qu'elle lui inculque la morale chrétienne et l'inscrive dans le sein de l'Église catholique dont l'influence est prégnante et dont ils sont des adeptes plus ou moins zélés.

Selon la famille, ces trois exigences sont dotées d'un coefficient variable. Pour beaucoup, comme pour mes parents, l'importance de ces trois demandes se lit dans l'ordre a, b, c

(a) et (b) sont pour eux la finalité

(c) la fonction.

Pour les chanoinesses qui accueillent l'enfant, la finalité de l'institution est d'assurer la pérennité de l'Église. Elles rappellent qu'elles sont contemplatives et apostoliques. L'instruction et l'éducation sociale qu'on leur demande n’est, pour elles, qu'un vecteur de propagation de la foi. Comme les Jésuites elles pourraient inscrire au fronton de leur établissement : « ad majorem dei gloria ». Pour elles (a) et (b) sont des fonctions. (c) la finalité.

Pierre Fourier, écrivant à Alix Leclerc définit ainsi la mission qu’il leur assigne : « Étant religieuses, vous plairez d'autant plus au Seigneur que, non contentes de faire votre salut, vous travaillerez avec plus de zèle au salut des autres. Or, d'autant qu'il n'y a pas pour vous de moyen plus efficace d'arriver à sauver plus d'âmes qu'en instruisant les jeunes filles, il faudra vous y engager irrévocablement et pour toujours ». Il y a donc déjà, pour beaucoup, sur le fond, distorsion entre la demande et le service rendu.

Quant aux jeunes filles, utilisatrices du système, il est évident que, le plus souvent, elles ne demandent rien au départ sauf, peut-être, de ne pas y être. Pour celles qui, s'identifiant à leurs aînées ou voulant quitter leur maison familiale, ont, comme Christiane ou Suzanne, le désir d'entrer dans l'Institution, il semble évident que la motivation qui les y pousse est totalement contraire au projet pédagogique de l'établissement. En effet, pour les deux petites filles, il s'agit d'accéder rapidement, par ce biais à l'autonomie, or les religieuses n'envisagent cet accès à l'autonomie (mais l'envisagent-elles ?) qu'après de longues années d'éducation visant à former, à forcer, transformer ces fillettes selon diktats de la morale chrétienne. Pas question de liberté dans l'immédiat.

Les enfants, objets de cette transaction sentent inconsciemment (et exploitent), avec la réceptivité qui les caractérise, cette inadéquation, lorsqu'elle existe, entre la demande de leurs parents et la réponse des religieuses. Elles vont trouver dans cette différence, comme dans toutes celles qui opposent le monde adulte qui les domine, l'occasion de leur liberté. C'est elles qui vont construire leurs propres valeurs en prenant appui sur l'une ou l'autre des puissances qui les dirigent.

Toute la visée de l'éducation des chanoinesses consistera à essayer de susciter chez les jeunes filles dont elles ont la charge, une demande qui coïncide avec la réponse qu'elles entendent donner, d'où la suggestion intense qu'elles vont faire peser sur leurs élèves. En chaque fillette, elles veulent faire émerger soit une future religieuse, soit une future mère chrétienne qui donnera à l'Église les fidèles des générations à venir « in secula seculorum ».

L'histoire d’une jeune postulante enlevée par sa famille est l'illustration parfaite du fossé entre demande des parents, la réponse de l'institution et le choix « libre » de la jeune fille.

L'inadéquation entre la demande des utilisateurs et la réponse offerte par les chanoinesses s'est amplifiée au fil de l'Histoire. Lorsque Pierre Fourier met en place ses Constitutions, l'institution qu'il crée est un modèle. La demande d'instruction des filles est immense et seule l'Église prend en compte cette demande, ses dispensateurs bénéficient de l'appui des Princes dans une Lorraine très chrétienne. Outre de bons chrétiens, les religieux font former de bons et loyaux sujets. Les puissances religieuse et politique s'étayent. L'Église est omniprésente dans toutes les instances de l'Etat, la société est chrétienne.

Le curé de Mattaincourt met au service de sa réalisation son désir de restaurer l'Église catholique dans ce siècle de réforme, sa science acquise à l'université de Pont à Mousson, son expérience de la vie conventuelle, son intelligence et le souci de prévoir et de maîtriser dans le plus petit détail les différents aspects de l'institution qu'il met en place. Il rencontre avec les compagnes d'Alix exaltées par le même idéal des filles qui vont servir son projet.

Pour comprendre l'engagement de ces jeunes nonnes lorraines il faut considérer le statut social des femmes de l'époque. Outre l'accomplissement d'un profond désir d'apostolat qui repose sur une foi vigoureuse, celles qui veulent échapper à la place qu'on leur assigne dans la relation sexuelle, à la soumission du mariage, à la maternité et qui recherchent une forme de réalisation autre que reproductrice et ménagère trouvent dans l'instruction des petites filles un statut social qui les valorise et leur permet d'échapper au pouvoir des hommes. Alix l'écrit : « J'avais aversion à la subjection d'un mari ». Pierre Fourier leur donne une existence sociale où elles peuvent investir leurs forces vives.

À l'intérieur du couvent, la suggestion intense, les règles, les rigidifient, modèlent ces femmes et soutiennent leur engagement. Leur union au Christ sublime leur désir amoureux, l'instruction leur désir de maternité. Là encore, le texte d'Alix est suffisamment explicite de ces motivations. Mais cette sublimation où les filles de Notre-Dame s'investissent ne va pas sans souffrance. Alix traverse des périodes où tout le système qui donne sens à sa vie s'estompe, se vide de son adhésion. Elle se trouve alors abandonnée de Dieu, vide, désespérée, son monde imaginaire auquel elle avait donné, par sa foi, réalité, redevient imaginaire et disparaît laissant cette femme dans un état de dépression profonde. Il lui faut alors un effort intense d'autosuggestion au cours duquel elle châtie cruellement son corps, le privant de nourriture et de sommeil, lui infligeant la torture au milieu de prières incantatoires et répétitives pour retrouver l'état de grâce où elle rejoint enfin son Bien-Aimé. L'exaltation religieuse et ses excès, comme sa sœur la folie, est contagieuse en ce sens qu'elle entraîne l'entourage, imposant son propre désordre au sein de l'ordre. Le mysticisme d'Alix et ses formes perverses se propagent de siècle en siècle, de nonnes en nonnes dans ces couvents où la suggestion est intense dans l'enfermement de la clôture.

À tout cristalliser en Dieu dans une oblation totale, à se couper et du monde et de leurs propres besoins, les religieuses perdent parfois leur équilibre psychologique. Elles n'ont d'ancrage ni en elle-même ni dans un monde en évolution et ceux qui les ont côtoyées font souvent ce constat : Elles étaient folles !

Au XVIe le délire mystique de ces filles est intégré dans le discours religieux et social. Ce délire apparaît, tout au plus, comme excessif aux gens de peu de foi (Le Père d'Alix doit faire face aux critiques et. moqueries du village, critiques et moqueries que l'on entend encore, à travers les textes, lorsqu'elle se déplace à Nancy). Pour les fidèles de l'Église cette exaltation est celle de la sainteté. Certes elle fanatise celles qui y adhèrent mais elle s'inclut dans l'ordre normal de la religion qui règne. Trois siècles plus tard, avec l'avènement des sciences médicale et humaine, ces manifestations excessives et expressives s'intègrent dans la nosographie de l'hystérie. Au fil des siècles, les nonnes figées par les constitutions léguées par un Père Fondateur obsessionnel et une Mère Fondatrice mystique ou hystérique (selon le cadre de référence) restent immuables dans leur fonctionnement monacal, comme dans le costume qui les distingue, inchangé depuis le XVIe siècle Si les couvents ne peuvent évoluer derrière leurs grilles, ils sont pourtant soumis à l'influence de l'Église qui, elle, vit dans le siècle et s'en trouve modelée. C'est de ce flux que viendra la plasticité minimum qui permet longtemps la survie. Mais le monde alentour change, d'abord lentement puis de plus en plus vite. La Révolution, le siècle des Lumières érodent peu à peu l'influence de l'Église sur la société civile. L'émergence d'un discours scientifique entraîne toujours plus de rationalité. Non sans heurt, la France se déchristianise jusqu'à la séparation des pouvoirs politique et religieux.

Au XIXe au début du XXe on rencontre encore dans les mentalités une grande cohésion entre l'Église catholique et la société malgré la séparation des pouvoirs mais, peu à peu, cette cohésion s'effrite, au temps de ma grand- mère, de ma mère puis au mien.

En 1945, la renaissance de l'après-guerre, les nouveaux apports de la psychologie font entendre les exigences de tout l'être humain, psyché et soma. Quantité d'autres apports intellectuels, artistiques, scientifiques et politiques changent les mentalités et les mœurs. La quête du bonheur remplace le salut. Le monde du couvent freiné par ses traditions intransigeantes et le monde extérieur qui tente de s'arracher à la religion se séparent en divergeant.

Le dialogue se fait impossible entre le discours d'irrationalité de l'un et celui de l'autre qui s'efforce d'enfermer le destin de l'homme dans une rationalité scientifique. Le fossé se creuse.

Les religieuses se crispent sur leurs positions devant le danger d'anéantissement qui les menace. Elles ne peuvent pas encore penser ce danger en 1945, alors qu'elles bénéficient d'une vague de retour de la foi due à la grande peur et, à l'instar de toute la France, de l'expansion économique de l'après-guerre. Elles le feront quelques années plus tard, mais trop tard, devant la baisse de leurs effectifs scolaires et la disparition des vocations. Elles iront alors offrir la direction de leur établissement à un civil, chrétien « dans le siècle ». Mais ce danger, peut-être les vieilles religieuses qui ont élevé ma mère auraient-elles pu le pressentir déjà, à ma génération, dans les fillettes à la tiède ferveur, de plus en plus nombreuses, qui tentent d’échapper à leur influence. Au lieu d'écouter ce que leurs élèves ont à dire du monde qui les entoure et qu'elles ont fui, au lieu d'admettre que la communication puisse se faire dans les deux sens, elles refusent d'entendre ce que les enfants leur rapportent d'un impératif « Taisez-vous ». Se privant ainsi, par leur intransigeance, d'un flux entrant qui les aurait peut-être préservées du déclin si elles avaient su l’intégrer.

Ainsi, par exemple, elles refusent dans les conversations toute place au cinéma qui nous émerveille parce qu'il raconte des histoires d'amour. Non seulement nous n'allons jamais assister à une projection dans la petite salle d'Orbec, mais nous n'avons pas le droit d'en parler. C'est pourtant l'un des sujets favoris de nos conversations secrètes. Au cours des promenades, à tour de rôle, nous racontons par le menu les films que nous avons vus durant les vacances. La jeune Mère responsable de la classe de cinquième, plus libérale que d'autres et plus nostalgique d'un « ailleurs » terrestre, à qui nous nous sentons autorisées à demander ce qu'elle pense de Michèle Morgan et de son rôle dans « La Symphonie Pastorale » nous répond, émue à l'évocation de doux souvenirs en se bouchant les oreilles : « Ne me parlez pas de cela, je veux tout oublier... »

Avec une vigueur convaincue, elles vont tenter d'immobiliser les jeunes filles pour retenir le monde qui dérive loin d'elles. Les élèves qui adhérent mal à ce projet, de plus en plus obsolète, sont sévèrement sanctionnées. Le règlement devient précis, tatillon, pointilleux, exigeant. Il faut une intervention menaçante des parents, longtemps après mon départ, pour que le pyjama soit admis dans le trousseau. Tout est dirigé avec une sévère autorité. Tout se déroule « en ordre et en silence ». La part de liberté dans la quotidienneté, de spontanéité, de franchise dans les rapports maîtresses élèves disparaît. Les lettres des amies de ma grand' mère, les récits de ma mère témoignent que ces femmes des générations précédentes s'accordaient, accordaient à leurs élèves, jadis, plus de souplesse, plus de fluidité dans la vie quotidienne et plus de chaleur dans les rapports humains.

Quelque chose s'est rigidifié, durci, cristallisé à mon époque. Au lieu de s'ouvrir pour être plus insérées dans le monde, comme leur conseillera quelques années plus tard le concile Vatican II (1962-65), le couvent se barricade frileusement, essayant de recréer intra-muros, une époque révolue. La curie Vaticane à qui Pierre Fourier réclamait des bulles pour accréditer le nouvel Ordre avait raison lorsqu'elle pensait instruction et clôture incompatibles.

À l'intérieur des couvents, la pension ressemble à une prison. L'enfermement claustral et carcéral secrète les mêmes us. Du numéro matricule, aux multiples interdictions, « Il est interdit de... », aux appels au Droit pour nier le nôtre « Vous n'avez pas le droit de... », l'isolement dans la mise en quarantaine qui évoque le « mitard » pour les plus rebelles, le temps immobile, découpé, quadrillé de façon immuable, rempli sans trêve d'activités occupationnelles, dirigées, imposées. L'espace investi selon des ordres stricts. « Vous n'avez rien à faire dans les couloirs à cette heure-ci. »

Les portes fermées, les issues gardées (Jacqueline, une audacieuse, corrompt la gardienne de la conciergerie en lui donnant sa ration de beurre, denrée rare à l'époque), les sorties mesurées, surveillées et cette immense attente d'un « dehors » où se déroule la vie et dont nous sommes exclues, les jours barrés sur le calendrier, le parloir, les rêves d'évasion, l'arrivée du courrier (lettres ouvertes !) Est-ce un hasard si le jeu conseillé-imposé aux récréations est « la balle au prisonnier » ?

Comme le prisonnier qui ne voit par la fenêtre que le ciel. La seule échappée possible dans ce monde fermé, c'est, pour nous aussi, le Ciel. Seule différence apparente : nous ne sommes pas là pour être punie d'une faute commise. Et pourtant, toujours « en faute », toujours coupables dans la multitude des régies et des lois. Le Christ est mort pour nous, pauvres pêcheurs, donc nous sommes coupables, coupables du péché originel, mauvaises dès l'origine, nous sommes ici pour être remises dans le droit chemin, pour être redressée, pour être « dressée » (contre qui ?) Au retour de vacances, ma famille monte avec moi ranger mes affaires au dortoir. Comme à chaque rentrée la détresse m'envahit et je pleure, mes parents vont maintenant partir, ils tentent de me réconforter gentiment : « Allons, allons ! »

Mon oncle qui nous accompagne s'assoit près de moi, regarde l'alignement des lits parallèles, uniformes, anonymes, le dortoir sans âme. Il me prend dans ses bras et se met à pleurer avec moi.

« Vous ne pouvez pas comprendre » dit-il à mes parents médusés par ses larmes. Lui non plus ne peut expliquer ce qu'est la douleur de la liberté perdue. Nous sommes en 1945 et il vient de passer quatre ans de captivité en Allemagne.

La vie collective dans ces établissements est réglée de façon militaire (Pierre Fourier est très influencé par l'ordre des Jésuites). La force des religieuses est dans la discipline. Le chef sacré c'est le Christ à qui nous devons une totale obéissance et les religieuses constituent une armée bien entraînée à son service. Nous sommes enfermées dans un moule rigide au service de l'idéal enseigné et transmis à chaque moment, dans chaque activité de notre vie sans que rien ne puisse nous en distraire. Le secret de notre intimité est contrôlé par la confession et la direction spirituelle. Il n'existe aucun contre-pouvoir, aucun espace de liberté. Nous subissons des humiliations narcissiques qui visent à obtenir un abandon à l'autorité. On nous persuade de notre indignité. La confiance en soi, revendication de notre singularité, de notre dignité, l'estime de soi-même devient péché capital, c'est l'orgueil qu'il faut briser. L'uniforme nous fait perdre notre originalité, notre individualité. La multitude d'ordres contraignants vise à briser les personnalités, à prendre la maîtrise de nos vies... « Oui ma Mère, oui ma Mère, oui ma Mère... » L'obéissance et la discipline sont la force de ces institutions. Il y faut une main de fer et l'élimination de toute marginalité et de toute rébellion.

Les méthodes d'éducation et de persuasion en vigueur au pensionnat d'Orbec ressemblent aux méthodes de suggestions employées par tous les groupes qui visent à assujettir intellectuellement l'homme. Nous les retrouvons identiques dans les sectes qui font florès aujourd'hui et dans d'autres fanatismes où le tchador remplace le voile. Mêmes méthodes pour des chapelles concurrentes.

Aujourd'hui, Le Père Trouslard du Diocèse de Soissons accuse les sectes d'avoir pour objectif la manipulation mentale et la destruction des personnes et les qualifie « d’escroquerie intellectuelle, morale et financière ». Le clergé catholique qui dénonce vigoureusement ces pratiques, a-t-il à ce point perdu la mémoire ?

Les chanoinesses ont le privilège de s'adresser à des enfants facilement manipulables. La suggestion est donc moins grande pour nous, les couventines élèves du pensionnat, que pour les femmes enfermées dans le cloître, prisonnières volontaires de Dieu, dominées et dominatrices. Grâce à ces méthodes de contention internes et externes, depuis l'origine, le système se reproduit identique à lui-même.

Pour celles qui trouvent leur épanouissement dans la foi, et elles sont très nombreuses, la pension est sans doute pleine de moments agréables. Beaucoup d'élèves se plient sans discuter aux lois de cette microsociété. Bien conformisées, « bien élevées », elles acceptent le moule qui les contient, d'autres s'investissent dans les études, d'autres vivent de la camaraderie et des jeux. Et les jours s'écoulent dans la soumission à la discipline.

Mais l'assujettissement de cette éducation sévère n'est pas sans récompense. Comme l'athlète de haut niveau qui mène une vie ascétique et laborieuse pour dépasser ses limites et obtient parfois, dans un instant de joie totale, la victoire qui le grandit et justifie son effort (récompense à laquelle le bien-être du corps est... sacrifié) ainsi les chanoinesses nous ont donné une soif d'idéal et un certain goût de l'effort. Par leur exigence éducative elles nous ont appris la difficulté du labeur et la joie « sérieuse » qui le couronne. C'est peut-être pour cette joie ingrate du dépassement de ses propres limites, pour l'effort d'aller vers...« toujours plus haut » que les anciennes expriment, en parlant de leurs mentors, malgré toutes les rancunes, une secrète ambivalence parfois admirative. Et, peut-être aussi parce que, dans les rapports de soumission, s'instaure un dédoublement qui permet à l'opprimé de survivre : le faible est fasciné par le fort qui l'asservit et auquel, inconsciemment, il s'identifie tout en le haïssant, l'esclave par son maitre, le prisonnier par son geôlier, la victime par son bourreau et la couventine... par sa Révérende Mère. Ainsi s'intègre dans cette relation non dénuée de violence, subie et acceptée, la loi qui canalise le torrent angoissant du désir.

Mai 1968 a bouleversé notre société et le monde éducatif. Les chanoinesses fragilisées ont presque disparu dans ce dernier assaut. Les couvents ont ouvert leurs grilles. Les religieuses partent à la conquête d'autres faiblesses. Cette relation oppressive adulte enfant, maître élève n'existe plus me dit-on. Voire !...

Puisse ce témoignage d’un temps révolu nous rendre vigilant et prudent face aux nouvelles orientations éducatives qui se profilent à l’horizon du XXIe siècle avec la montée d’intégrismes de tout bord sous couvert de liberté !

BIBLIOGRAPHIE



(I) Saint-Pierre Fourier « Correspondance 1598-1640 »

Presses Universitaire de Nancy
(II) Saint-Pierre Fourier « Constitutions de la congrégation Notre-Dame »
(III) Extraits des « Écrits de la Bienheureuse Mère Alix le Clerc »

(1618)
Extraits des « Éclaircissements » de Mère Angélique Milly

manuscrit à la bibliothèque d'Évreux – Eure
Extraits de « La Vie de notre bienheureuse Mère Alix »

(Nancy 1666)
(IV) Paule Constant « Un Monde à l'usage des demoiselles »

éditions Gallimard (1978)
(V) Odile Arnold « Le Corps et l'âme »

Univers Historique - éditions du Seuil (1984)
(VI) abbé Chapia « Vie de la vénérable Alix Le Clerc

et histoire de la congrégation Notre-Dame »

(Mirecourt 1858)
(VII) Charles Sauvestres « Les Congrégations religieuses dévoilées »

Enquête (Paris 1870)
(VIII) Henri Pellerin « Ce Siècle avait trois ans... : souvenirs d'enfance »

(Rozé, Orbec, 1964)
(IX) Denise Bombardier « Une Enfance à l'eau bénite »

éditions du Seuil (Paris 1985)
(X) « L'Idéal de la vie (devises et pensées) »

secrétariat national de la jeunesse étudiante chrétienne
(XI) Jean Boussoulade « Moniales et hospitalières

dans la tourmente révolutionnaire »

Letouzay et Ané (1962)
(XII) « Souvenir du centenaire de l'établissement de la congrégation Notre-Dame à Orbec » (1804 - 1904)
(XIII) Hélène Derreal « La Langue de Saint-Pierre-Fourier »

(Paris Droz 1942)
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