Programme ens lyon 2014





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L’Afrique Australe (Afrique du Sud, Namibie, Botswana, Lesotho, Swaziland, Zimbabwe, Mozambique)



Programme ENS Lyon 2014


Dossier documentaire initial



Réalisé par JM Dauriac


AFRIQUE DU SUD (RÉPUBLIQUE D')

Article écrit par Ivan CROUZEL, Dominique DARBON, Philippe GERVAIS-LAMBONY,    Tous les auteurs


À l'extrémité méridionale du continent africain, l'Afrique du Sud se caractérise d'abord par sa diversité. En un seul pays, elle rassemble le désert et la savane, les climats méditerranéen et tropical, les hauts plateaux du Veld, les reliefs enneigés du Drakensberg et les vastes étendues du Karoo, et offre ainsi une gamme extraordinairement variée de paysages, de climats, de territoires, de végétations et de vie animale. Cette diversité naturelle se retrouve au niveau humain. La population sud-africaine rassemble, en une nation « arc-en-ciel », Noirs, Indiens, Métis et Blancs d'origines et d'appartenances religieuses et communautaires très variées. Un grand nombre de langues, de croyances, de traditions et de systèmes sociaux se côtoient. Les activités économiques et financières les plus modernes, qui font la réputation et la richesse du pays, cohabitent avec des organisations productives surannées ou insérées dans d'autres histoires sociales qui soulignent la grande pauvreté d'une partie importante de la population.

L'histoire mouvementée de l'Afrique du Sud traduit les difficultés à gérer cette diversité. Une succession de guerres intérieures, la légalisation de l'exploitation et de la domination raciale sous le terme d'apartheid, et la systématisation de l'expropriation des populations noires ont marqué négativement le pays. Son histoire récente révèle néanmoins un versant plus positif à travers la mise en valeur du pays, la libéralisation politique et économique, la fin de l'apartheid et l'installation d'une démocratie stabilisée. La capacité du pays à se construire sur la base de sa diversité humaine comme une nation, en dépit des vicissitudes historiques qui l'ont affecté, permet de comprendre le dernier paradoxe qui le caractérise. Aussi marginalisée géographiquement soit-elle, l'Afrique du Sud s'affirme aujourd'hui comme le cœur de l'Afrique et comme un pont solide avec l'Asie, l'Amérique et l'Europe, gage de l'ouverture du continent sur le reste du monde. Telle est la situation de ce pays placé au ban des nations pendant plusieurs décennies, et devenu, depuis sa démocratisation réussie des années 1990, un symbole politique international sous la direction de Nelson Mandela.  
Dominique DARBON,

Ivan CROUZEL




I – Géographie




L'espace sud-africain a été structuré par la longue histoire de la séparation des groupes humains. L'organisation du territoire est donc avant tout liée à des facteurs politiques et humains ; les divers milieux naturels ne servent que de cadre.



Une population inégalement répartie sur un vaste territoire



Les paysages

Immense territoire (1 224 297 km2) compris entre le 18e et le 33e parallèle sud, la République d'Afrique du Sud couvre un espace marqué par des inégalités de toutes natures. Tout d'abord, la chaîne du Drakensberg et les reliefs qui la prolongent jusque dans l'arrière-pays du Cap constituent la limite entre l'Ouest sec et peu peuplé et l'Est bien arrosé et plus densément occupé. Ensuite, à l'intérieur du pays, donc à l'ouest et au nord de l'arc montagneux, s'étage une succession de hauts plateaux en gradins séparés par des escarpements : le haut Veld (supérieur à 1 200 m), le moyen Veld (entre 600 et 1 200 m) et le bas Veld (inférieur à 600 m). Ces plateaux, de plus en plus secs et de moins en moins élevés vers l'ouest, s'abaissent jusqu'au bassin désertique du Kalahari et le sud du désert du Namib, via les vastes étendues du Grand Karoo. Partout la couverture végétale est basse, savane herbeuse, parfois arborée, ou steppe.

Ce sont d'autres paysages, moins étendus, qui font la diversité sud-africaine, tels que les montagnes du Drakensberg, à des altitudes supérieures à 3 000 m, accidentées de pics acérés et de roches mises à nues, parfois aux formes plus molles en fonction de la lithologie, de l'étagement altitudinal, et de l'exposition des versants. Les littoraux présentent encore une plus grande variété. Il y a le désert côtier brumeux, longé par le courant froid de Benguela au nord-ouest du pays ; le littoral du sud, dit méditerranéen (du fait de son climat), avec des sites grandioses de corniches dues à la tombée brutale de la montagne dans la mer ; le littoral tropical de l'océan Indien, à l'est, le long duquel s'étendent de longues plages de sable, des côtes à coraux, des étendues de mangroves et des lagunes. On ne saurait enfin oublier les paysages des grandes vallées, même si peu de fleuves importants arrosent le pays. Les principaux sont l'Orange et son affluent le Vaal, ainsi que le Limpopo, fleuve frontalier avec le Botswana et le Mozambique. Seule la partie est du pays est abondamment pourvue de cours d'eau descendant du Drakensberg.

La faiblesse, à la fois des précipitations sur la majeure partie du territoire national (seulement 4 % de celui-ci reçoivent plus de 1 000 mm par an) et du réseau hydrographique, font de l'Afrique du Sud un pays avant tout sec. Le climat est lié, d'une part, à trois cellules anticycloniques situées approximativement à 300 de latitude sud : la haute pression sud-atlantique, la haute pression sud-indienne, la haute pression continentale. Cette dernière explique la faiblesse des précipitations. Comme elle est plus marquée en hiver (juin-juillet), il ne pleut pas. En été (novembre-février), elle s'affaiblit, l'air froid et sec de la haute pression atlantique et l'air chaud et humide de la haute pression indienne entrent alors en contact sur le continent provoquant des précipitations violentes venues essentiellement de l'océan Indien. D'autre part, l'Afrique du Sud est sous l'influence de la circulation cyclonique des latitudes tempérées, liée aux basses pressions du front polaire. Celles-ci, portées par les easterlies (vents d'est), amènent de l'air froid et humide responsable des fronts froids et des pluies hivernales au sud du pays.

Des facteurs à l'échelle régionale, liés à la latitude, expliquent également l'originalité climatique de l'Afrique du Sud. L'altitude accentue les froids hivernaux, l'enneigement est souvent important sur les reliefs. Le froid n'épargne que la façade orientale du pays (c'est-à-dire la province du KwaZulu-Natal). Par ailleurs, le courant froid de Benguela et le courant chaud des Aiguilles réduisent l'effet modérateur océanique et expliquent pour l'un la fraîcheur et la sécheresse de la côte ouest, pour l'autre l'humidité et la chaleur de la côte est.

De cette variété climatique découle une forte diversité des paysages. Celle-ci est valorisée par les activités touristiques : plages et réserves animalières (dont la plus étendue d'Afrique, le parc national Kruger) abondent. L'Afrique du Sud attire en effet des flux touristiques importants (plus de 6 millions de visiteurs annuels, depuis 2003), essentiellement grâce à ses parcs nationaux, mais également de plus en plus grâce à son patrimoine historique (vieilles villes du Cap, Stellenbosch, île de Robben Island au large du Cap où fut emprisonné Nelson Mandela, Voortrekker Monument à Pretoria, etc.).

Enfin, on ne peut évoquer la nature sud-africaine sans souligner un fait majeur pour l'occupation humaine : l'extraordinaire richesse du sous-sol qui a permis le développement d'une économie minière à grande échelle, à partir de la fin du xixe siècle, fondée principalement sur le diamant (4e producteur mondial) et l'or (1er producteur mondial dès le début du xxe siècle), sur le fer, le cuivre et le charbon, mais aussi, et de plus en plus, sur les minerais rares (titane, vanadium, zirconium, vermiculite, etc).  



La population sud-africaine

Les 47,4 millions de Sud-Africains (en 2006) sont essentiellement concentrés à l'est et au sud du pays. Des foyers de peuplement se dégagent plus particulièrement : le Gauteng avec des densités urbaines fortes, la côte du KwaZulu-Natal avec de fortes densités à la fois urbaines et rurales (celles-ci se prolongent vers le sud dans le Cap-Est). Les autres foyers de peuplement sont secondaires et surtout urbains, il s'agit de la région du Cap, des pôles de Port Elizabeth et East London et, à l'intérieur, des champs aurifères de l'État Libre (région de Welkom).

Cette population ne connaît aujourd'hui qu'une faible croissance démographique : supérieure à 2 % par an au début des années 1990, elle est tombée à moins de 1 % depuis 2001 ; dans le même temps, l'espérance de vie est passée de 59 ans en 1990 à 48 ans en 2005. La principale cause de cette évolution est la dramatique épidémie de sida qui affecte plus de 10 % de la population et représente la première cause de mortalité (plus de 600 morts par jour en 2005).

La population sud-africaine avait été divisée, dans les années 1950, en quatre grandes catégories « raciales » par le régime de l'apartheid : Blancs, Noirs, Coloured et Indiens. Sur la population totale, on comptait, en 2005, 78 % de Noirs, 10 % de Blancs, 9 % de Coloured et 1,3 % d'Indiens. Ces divisions restent importantes, malgré la fin de l'apartheid en 1991, tout en recouvrant une grande variété ethnique.

Sur les 4,4 millions de Blancs, moins de 2 millions sont anglophones, le reste est essentiellement composé d'Afrikaners, descendants des colons hollandais du Cap et des huguenots français. Les Indiens, soit un peu plus de 1 million de personnes, sont en majorité hindouistes, descendants de migrants venus du sud de l'Inde entre 1860 et 1911. Cependant, une partie de cette communauté est constituée de musulmans, originaires du nord de l'Inde et de l'actuel Pakistan. Les Coloured sont des métis, des Khoi, des Griqua, des Nama, ou plutôt, ils ne sont ni Indiens, ni Blancs, ni Noirs. On a défini ainsi négativement 4 millions de personnes, presque toutes de langue afrikaans. Enfin, les Noirs forment le groupe le plus complexe. Appartenant en grande majorité à deux grandes familles linguistiques (Nguni et Sotho), ils sont en outre divisés en neuf ethnies. Les Zoulous  , Xhosa et Swazi appartiennent au groupe nguni ; les Basotho, Tswana, Pedi et Ndebele appartiennent au groupe sotho ; enfin, les Venda appartiennent au groupe shona, et les Shangaan sont liés aux groupes ethniques du sud du Mozambique. La diversité ethnique se reflète dans la diversité linguistique. Alors que seuls l'anglais et l'afrikaans étaient reconnus langues officielles jusqu'en 1994, la nouvelle Constitution en reconnaît onze. Si l'isiZulu (langue maternelle de près de 24 % de la population en 2004), l'isiXhosa (17,7 %) et l'afrikaans (13,7 %) dominent à l'échelle nationale, les différences régionales sont considérables.



Un héritage à gérer : la ségrégation socio-spatiale

Structurée principalement durant la période coloniale et sous le régime d'apartheid, l'organisation de l'espace sud-africain représente un défi pour le régime démocratique mis en place en 1994 : comment gérer cet héritage ? Selon quels principes gouverner un territoire pour le rendre plus « équitable » ?



Le nouveau découpage territorial

À partir du début du xxe siècle s'est mise en place  une véritable partition de l'Afrique du Sud entre terres blanches et terres noires hors desquelles les droits des non-Blancs étaient restreints. C'est le National Party (N.P.), arrivé au pouvoir en 1948, qui systématisa cette ségrégation spatiale dans le cadre du système d'apartheid. La politique du petit apartheid imposait la ségrégation des lieux publics. Le grand apartheid définissait les zones de résidence de chaque groupe dit racial. En ville, les non-Blancs furent dans leur grande majorité privés du droit de propriété et cantonnés dans des lotissements publics appelés townships. À l'échelle nationale, le pays fut systématiquement divisé entre terres européennes et africaines (les dix bantoustans), laissant un héritage de misère et de sous-équipement dans des régions entières. Le gouvernement élu démocratiquement en 1994 a démantelé l'apartheid spatial en mettant en place un nouveau découpage territorial.

L'Afrique du Sud compte aujourd'hui neuf provinces  au lieu des quatre provinces blanches et des dix bantoustans noirs du régime d'apartheid. La province du Cap a été divisée en trois : le Cap-Ouest, le Cap-Est et le Cap-Nord ; l'État Libre d'Orange (devenu l'État Libre en 1994) n'a pas été modifié, sa capitale est restée Bloemfontein (municipalité de Mangaung) ; le KwaZulu-Natal est formé du KwaZulu, du Natal et d'une portion de l'ancien bantoustan du Transkei ; la province du Nord-Ouest comporte des parties de l'ancienne province du Cap, du Transvaal et du Bophuthatswana ; la province du Limpopo (capitale Pietersburg rebaptisée Polokwane) comprend des parties du Transvaal et les anciens bantoustans du Gazankulu, du Venda et du Lebowa ; le Mpumalanga (capitale Nelspruit, municipalité de Mbombela) est la réunion du Transvaal oriental et du KaNgwane tandis que le Gauteng correspond à l'ancienne aire métropolitaine du P.W.V. (Pretoria-Witwatersrand-Vereeniging) et à une petite portion du KwaNdebele.

À plus grande échelle, de la multitude d'autorités locales du début des années 1990, on est passé depuis 2000 à un système de municipalités homogénéisées qui compte cinquante-deux District Councils (lesquels englobent 241 Local Councils) et six autorités métropolitaines : Le Cap, Johannesburg  , Tshwane (Pretoria), Nelson Mandela (Port Elizabeth), Ekurhuleni (East Rand) et eThekwini (Durban). Toutes les villes du pays ont aussi été intégrées dans des municipalités plus vastes que les anciennes, d'où, presque systématiquement, une double dénomination (on peut dire Pretoria ou Tshwane, selon le contexte, l'interlocuteur ou ses propres opinions...). Ainsi, ces nouvelles autorités locales effacent sur la carte administrative du pays – mais uniquement sur la carte – toute trace d'apartheid. Sur le terrain, les discontinuités spatiales entre ancien quartier noir et la ville naguère réservée aux Blancs, ou entre l'ex-bantoustan et les fermes européennes, sont tout aussi vives.  


Réduction des inégalités ?

Peu de pays présentent des inégalités de niveau de vie aussi fortes que l'Afrique du Sud, et rares sont les cas où les inégalités sont aussi fortement marquées dans l'espace.

Pourtant, les efforts de rééquilibrage ont été considérables. Depuis 1994, quelque 7 millions de personnes ont obtenu l'accès à l'eau courante, 1,3 million de logements sociaux ont été construits, 2 millions de foyers ont été connectés au réseau électrique. Reste que près de 50 % de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté et que les statistiques cachent certaines réalités : de nombreux bénéficiaires de nouveaux logements en sont expulsés car ils ne peuvent assumer leur crédit, le réseau électrique s'étend mais beaucoup ne peuvent pas payer ce service, etc.

De graves inégalités subsistent donc. La plus fondamentale reste la distinction entre populations blanches et populations noires. Pour les revenus par exemple, 25 % des Noirs gagnent l'équivalent de moins de 80 euros par mois, et seulement 1 % d'entre eux plus de 1 500 euros par mois, alors que ces chiffres sont respectivement de 2 % et 23 % pour les Blancs. L'apartheid ayant laissé un héritage de répartition raciale de la population, ces inégalités se lisent encore dans la géographie du pays, notamment dans le domaine foncier : en 2006, environ 60 000 fermiers, presque exclusivement Blancs, exploitent 75 % des terres cultivables du pays, alors que quelque 14 millions de Noirs vivent dans les anciens bantoustans, la grande majorité dans une situation d'extrême pauvreté. L'un des principaux engagements du régime postapartheid en 1994, la mise en œuvre d'une réforme agraire qui prévoyait le transfert de 30 % des terres cultivables aux populations noires, n'a pas été tenu : moins de 3 % des terres ont été redistribués à ce jour.

Les grandes métropoles sont, au contraire des ex-bantoustans, les bénéficiaires de la nouvelle organisation de l'espace. Les trois pôles du Gauteng, de eThekwini et du Cap rassemblent quelque 13 millions de Sud-Africains et l'essentiel du potentiel économique du pays. Cette concentration est liée à la montée en puissance du secteur tertiaire, à la modernisation du secteur industriel et plus largement de la société sud-africaine. En 2005, le secteur minier ne représente plus que 4 % des actifs, le secteur industriel 12,6 % et le secteur agricole 10 %. C'est-à-dire que la majorité des actifs (53,7 %) est employée dans le tertiaire. Les services participent pour 65 % au P.I.B. Cette évolution est encouragée par les grandes sociétés capitalistes sud-africaines (au premier rang desquelles l'Anglo American Plc, mais aussi les groupes Rembrandt, Liberty Life, S.A. Mutual...) et accompagnée par la politique publique. En effet, depuis 1997, la politique économique du gouvernement affiche clairement un programme néo-libéral qui consiste à favoriser l'investissement en pariant sur un effet en cascade jusqu'aux plus démunis. Dans le même temps, deux politiques visant au développement d'une classe moyenne et d'un entrepreneuriat noirs sont poursuivies avec énergie : l'Affirmative Action (qui consiste à favoriser l'emploi des Noirs qualifiés) et le Black Economic Empowerment (qui vise à développer un milieu d'affaires noir).

La tendance économique lourde et les choix politiques ont des conséquences directes sur l'augmentation du taux de chômage qui dépasse, en 2003, les 42 % de la population active. Cette évolution sera-t-elle transitoire, conformément au discours officiel ? Toujours est-il qu'en privilégiant la compétitivité et la modernisation sur une action publique en faveur de l'emploi, les politiques actuelles ont favorisé le chômage.



Les régions de la nouvelle Afrique du Sud

La carte des régions d'Afrique du Sud doit se lire à l'échelle provinciale. Ces provinces, issues du redécoupage de 1994, sont dotées d'une relative autonomie et reflètent la diversité spatiale contemporaine.



Le Gauteng et ses « périphéries »

La province du Gauteng détient les meilleurs indicateurs de développement du pays et concentre une large part des activités du secteur tertiaire. L'industrie reste importante dans la municipalité d'Ekurhuleni et les activités de haute technologie se développent rapidement entre Johannesburg et Tshwane, ainsi qu'autour de l'aéroport international de Johannesburg, rebaptisé Oliver Tambo Airport en 2006, qui reste le plus important d'Afrique. Enfin, le Gauteng est le siège principal du pouvoir politique : présidence et ministères sont basés à Pretoria, et le transfert du Parlement du Cap à Pretoria est prévu. Il est donc véritablement le centre de commandement du pays. Avec près de 9 millions d'habitants, la province contribue à 38 % du P.I.B. sud-africain.

Les quatre provinces frontalières du Gauteng en sont fortement dépendantes : le Limpopo (5,2 millions d'habitants en 2005), le Nord-Ouest (3,6 millions d'habitants), le Mpumalanga (3,1 millions d'habitants) et l'État Libre (2,7 millions d'habitants). Ces territoires regroupent sept anciens bantoustans qui servaient de réservoirs de main-d'œuvre au Gauteng. Ce sont aussi des régions agricoles importantes, pour le maïs, le blé et l'élevage dans l'État Libre et le Nord-Ouest, les agrumes et produits tropicaux dans le Mpumalanga et le Limpopo. Ces régions fournissent également le Gauteng en énergie, grâce aux centrales thermiques des régions d'Ermelo et de Witbank, et en eau, grâce aux barrages sur le Vaal. Enfin, il s'agit de régions minières, mais dont l'exploitation est pilotée depuis Johannesburg : l'État Libre est une des principales régions aurifères du pays, la province du Limpopo produit du cuivre, du minerai de fer et des métaux rares, le Nord-Ouest extrait du platine.

L'aire d'influence du Gauteng dépasse cependant ces quatre provinces pour s'étendre vers le Lesotho, qui l'approvisionne en eau et, de plus en plus, en énergie hydro-électrique, et surtout vers la partie sud du Mozambique, le long du « corridor de Maputo ». Ce vaste projet transfrontalier, financé en partenariat public/privé, a modifié la géographie régionale. Il relie le Gauteng au port et à la ville de Maputo par un axe autoroutier et des voies ferrées rénovées, et reconstitue ainsi un axe économique régional fondamental (désengorgeant notamment le port de Durban).



Le KwaZulu-Natal

Province la plus peuplée du pays (9,1 millions d'habitants en 2005), le KwaZulu-Natal a des traits culturels forts : la population est zoulou à 80 %, mais concentre également la grande majorité des Sud-Africains d'origine indienne. L'économie de la province est dominée par l'activité industrialo-portuaire. Durban  , port de conteneurs avant tout, et Richard's Bay, port minéralier créé dans les années 1970, sont, par leur trafic (respectivement 44 et 86 millions de tonnes en 2005), les deux premiers ports du continent. Débouchés maritimes pour les produits miniers de la province (charbon surtout) et les produits industriels de Durban et du Gauteng, ils sont aussi des ports d'exportation du bois et de l'agro-alimentaire. Ce dernier domaine d'activité repose sur la production sucrière des plantations de canne de la région côtière mais aussi sur les produits de l'élevage des contreforts du Drakensberg. Enfin, le KwaZulu-Natal est une région touristique et les environs de Durban sont une destination privilégiée des touristes nationaux. Malgré tout, les zones rurales noires sont dans une situation économique dramatique, le taux de séropositivité est particulièrement élevé, le taux d'analphabétisme approche les 30 %.



Le Cap-Ouest

Originale par son milieu méditerranéen, la province du Cap-Ouest l'est également par sa population, qui appartient en majorité au groupe Coloured. Près des trois quarts des 4,5 millions d'habitants de la province sont concentrés dans la métropole du Cap, cœur économique et politique de la région, ville attractive par son site, son climat et son atmosphère (très marquée par la culture « créole », héritage du xviie siècle, caractérisée par la langue afrikaans, une cuisine et une musique originale, mais aussi par l'influence nord-américaine). Le Cap n'est ni un port important (le principal port de la province est Saldanha Bay, port exportateur du minerai de fer, construit en 1976), ni une ville industrielle (seul le textile y est développé), mais une métropole tertiaire de renommée internationale qui a su profiter de son rythme saisonnier inversé par rapport aux métropoles du Nord. Située au cœur d'une région touristique, elle est dotée d'un riche arrière-pays agricole, où se cultive l'un des plus beaux vignobles du monde, et où l'on produit du blé pour le marché intérieur sud-africain et les fruits tempérés (pommes, poires, raisins, etc.) exportés dans le monde entier.   Ces divers atouts expliquent la réussite économique de la province qui connaît le plus faible taux de chômage du pays (moins de 20 %). Le défi à venir pour cette région spatialement excentrée (le Cap est à 1 700 km de Johannesburg) reste l'intégration des migrants de plus en plus nombreux, étrangers pour une part, mais surtout venant de la province très pauvre du Cap-Est.



Le Cap-Est

Cette province, qui intègre les deux anciens bantoustans xhosa du Transkei et du Ciskei (dans lesquels vivent la moitié des 7 millions d'habitants de la province), semble comme enclavée entre le KwaZulu-Natal et le Cap-Ouest. Les deux métropoles principales de Nelson Mandela Metro (Port Elizabeth) et Buffalo City (East London) étaient, jusqu'au début des années 1980, les pôles de la construction automobile en Afrique du Sud, mais ces activités se sont déplacées vers les marchés du Gauteng ou à Durban. Le renouveau économique de la région est cependant annoncé : développement touristique de la côte de l'ancien Transkei et surtout projet Coega, lancé en 2000, pour créer, à une vingtaine de kilomètres à l'est de la métropole Nelson Mandela, un nouveau port en eaux profondes et aménager une zone industrielle de 12 000 ha consacrée à la métallurgie, la transformation d'aluminium et l'automobile.



Le Cap-Nord

Peut-être le territoire le plus original, la province du Cap-Nord ne compte pas 2 % de la population nationale (0,9 million d'habitants, en 2005) mais couvre près de 30 % de la superficie du pays. Le Cap-Nord est la seule province, avec le Cap-Ouest, où le premier groupe de population n'est pas noir mais Coloured. Plus de la moitié de la population noire est, en outre, localisée à Kimberley (250 000 habitants environ, capitale de la province) et à Barkly West.

La province est toute entière comprise dans une zone où les précipitations sont inférieures à 500 mm par an, les cours d'eau sont temporaires, à l'exception notable de l'Orange qui, par ses périmètres irrigués, constitue la colonne vertébrale agricole. Semi-aride à l'est, désertique au nord où commence le Kalahari, et à l'ouest (prolongation du désert de Namib), la province correspond à l'essentiel du Grand Karoo : couvert d'une végétation steppique, il ne permet qu'un élevage ovin extensif. La laine est la première ressource de la région, avant les mines. Hotazel, au nord, est la ville du manganèse, Springbok, celle du cuivre et Sishen, celle du fer. Mais c'est le diamant qui reste la principale richesse extraite du sol, non plus à Kimberley mais au Namaqualand, dans la région frontalière de la Namibie et de la ville d'Alexander Bay. La zone diamantifère est ici littorale mais aussi largement sous-marine. C'est avant tout une enclave minière contrôlée par l'Anglo-American Plc, et mal intégrée à la province. Plus au sud, Port Nolloth, construit dès le milieu du xixe siècle pour l'exportation du minerai de cuivre de Springbok, est le seul pôle urbain littoral de la région.

Que reste-t-il, au début du xxie siècle, des rêves de changement des années 1990 ? Des accomplissements considérables certes, une démocratie qui fonctionne mais sur un territoire qui continue de refléter les inégalités et, plus encore, de les générer. Malgré l'action volontariste des autorités issues du changement de régime de 1994, l'Afrique du Sud reste un bel exemple de l'inertie, difficile à surmonter, des structures spatiales héritées.




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