télécharger 10.47 Kb.
|
France / Social / Rom France : Vers une vraie intégration des Rom ?(MFI / 28.08.12) En France, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault est très attendu sur sa politique envers les Rom. Pour mieux s'attaquer à ce chantier, le Premier ministre a tenu la semaine dernière une « réunion interministérielle sur les Rom » dont voici les principaux enjeux. A gauche, les critiques fusent contre les récents démantèlements de campements et les expulsions de Rom. La Commission européenne a pour sa part remis la France sous surveillance pour s’assurer que les autorités ne procèdent pas à des mesures arbitraires. Pour couper court à la polémique qui ne cessait d’enfler, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a convoqué ce 22 août une réunion interministérielle sur les Rom », qui a réuni, entre autres, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls et la ministre du Logement, Cécile Duflot. « L’indécence, c’est qu’il y a des campements de Rom avec des gens qui vivent dans des conditions épouvantables », a dit Manuel Valls. Et il est vrai qu’il y a urgence : ces familles vivent en grande partie dans des bidonvilles insalubres, dans une pauvreté extrême. Lorsque ces campements sont démantelés pour des raisons de sécurité, les familles évacuées se retrouvent le plus souvent à la rue, sans proposition d’accompagnement, et cela malgré les promesses faites dans ce sens par le candidat François Hollande. Accès à l’emploi, au logement, aux soins et à l’école Face aux nombreuses critiques, le ministre de l’Intérieur a souligné son intention de mener une politique de fermeté : « Quand les décisions de justice sont prises, elles doivent fermement s’appliquer. Et avec moi, la loi s’applique partout et fermement. On ne peut pas demander le respect de la loi quand il y a des violences urbaines et ne pas la mettre en œuvre quand il s’agit de campements où vivent des populations dans des situations tout à fait insupportables. Par ailleurs, les expériences d’hébergement, d’insertion doivent être menées. Je veux rappeler aussi quelles sont les obligations des pays qui sont directement concernés par ces populations. » De nombreuses questions ont été abordées. Les associations de défense des Rom ont été entendues par Jean-Marc Ayrault lors de cette réunion interministérielle. Pour Malik Salemkour, vice-président de la Ligue des droits de l'homme et membre du collectif Romeurope, qui a fait partie de la délégation à Matignon, la première revendication concerne l’accès à l’emploi. Pour lui, l’intégration passe forcément par l’accès à l’emploi, donc à des ressources qui leur permettront à leur tour de trouver un logement et de pouvoir scolariser les enfants. « Nous attendons la levée des mesures transitoires qui freinent l’accès à l’emploi des ressortissants roumains et bulgares, a-t-il indiqué. Ils sont frappés de discrimination puisqu’un Hongrois ou un Polonais peut librement travailler en France, alors qu’ un Roumain ou un Bulgare doit passer par des procédures particulières : une taxe pour l’employeur qui voudrait l’embaucher, des délais administratifs qui sont en pratique de six à neuf mois pour accéder à l’emploi, et une liste des métiers qui est limitative, avec des difficultés d’équivalence de diplôme et autres. » Les associations souhaitent aussi voir supprimer le dispositif d'aide au retour, à savoir 300 euros par adulte, censé aider les Rom à rentrer dans leur pays d’origine et à s'y intégrer. Ce dispositif a en grande partie échoué puisque de nombreux bénéficiaires sont revenus en France. « On a compris que la question ne se résumait pas seulement à une question de sécurité », résume Edouard Donnelly, président de l'association Hors la Rue. Parce qu’on leur interdit de travailler Même son de cloche chez Laurent El Ghozi, membre fondateur de Romeurope, membre lui aussi de la délégation à Matignon, pour qui l’aide au retour est un non sens. « Il n’y a pas de raison d’avoir une aide au retour, explique-t-il. La justification de l’aide au retour humanitaire était la suivante : on ne veut pas de Rom sur le territoire parce qu’ils vivent dans des bidonvilles dans des conditions épouvantables ; ils sont susceptibles d’être des délinquants. Mais pourquoi vivent-ils comme ça ? Parce qu’on leur interdit de travailler. Donc : prenons les choses à l’envers et donnons leur la possibilité de s’intégrer. Ceux qui veulent s’intégrer travailleront, ceux qui ne veulent pas s’intégrer retourneront chez eux. Mais traitons-les comme les Italiens, les Polonais, les Espagnols ou les autres Européens. A ce moment-là, la question de l’aide au retour humanitaire n’aura plus aucune raison d’être. » Même si les chantiers à aborder sont nombreux et complexes, les associations se montrent confiantes. Pour une fois, elles ont l'impression d'être face à une vraie volonté politique d'aider les Rom à s'intégrer. Christine Siebert |