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23 mars 2006 Sectes Les gourous toujours à la mode Ce jeudi, un rapport sur les sectes a été remis par un « groupe de travail parlementaire ». Le constat est plutôt alarmant. La lutte anti-sectes patauge. Les parlementaires proposent une modification de la loi. Parmi les victimes, on retrouve aussi des mineurs. Muriel ou Désiré, Nicolas ou Gisela : autant de noms qui pourrait figurer sur une liste de victimes de groupes sectaires nuisibles. Il n’y a pas de profil particulier pour devenir une proie. « Il peut s’agir de quelqu’un qui souffre de pertes des sens dans la société, qui a besoin de se rassurer avec des normes, qui se pose des questions existentielles. Ce peut être aussi une personne qui a des problèmes de santé, financiers, d’obtention de papiers. Les gens des sectes sont chaleureux et les victimes se sentent vite intégrées dans un groupe », déclare Anne-Sophie Lecomte, analyste au service d’étude du Centre d’Information et d’Avis sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN). Par ailleurs, « il est difficile de savoir si le nombre de sectes est en augmentation en Belgique » parce que le centre n’existe que depuis 6 ans, suite à une loi de 1998. « Une commission d’enquête sur le problème des sectes, qui avait déjà émis des recommandations en 1997, dénombrait 173 groupes sectaires. Mais depuis la création du centre, on en a dénombré 590 », ajoute Anne-Sophie Lecomte. Mais il y a toujours de graves manquements au niveau du suivi des recommandations, énoncées par la commission de 1997, comme la cellule administrative de coordination de la lutte anti-sectes qui n’a toujours pas de locaux… Enfants aux mains de gourous Autres victimes des sectes : les mineurs. « Le problème le plus fréquent pour les enfants est la privation de soins de santé. La secte « Les Douze Tribus », située dans le sud de la France, préconise la prière de guérison. Elle a ainsi laissé mourir un enfant de 17 mois. Il était malade et n’a pas pu recevoir les soins adéquats parce que les adeptes croyaient qu’il allait guérir en priant, » lance Anne-Sophie Lecomte. « Un autre problème est celui de la scolarisation. Certaines communautés n’inscrivent pas leurs enfants dans des écoles à l’extérieur. Ils créent parfois des petites classes à l’intérieur de la secte. Tout l’enseignement passe par le prisme des croyances ». Une rupture se crée avec le monde extérieur. Certains groupes ne fêtent pas les anniversaires, d’autres sont opposés aux jeux vidéo, aux sorties, au cinéma. Et dès lors,« il faut voir jusqu’où va l’exclusion ». Pour les adolescents en pleine construction identitaire, « le danger est qu’ils succombent à l’appel d’une secte pour satisfaire leur besoin d’autonomie ». C’est pour cela que certaines sectes font des adolescents l’une de leurs cibles principales. Le rapport 2006 des recommandations de la commission d’enquête parlementaire « secte » énonce une suite de constatations et de recommandations. Le groupe de travail, constitué en juin 2004, a observé notamment que certaines sectes prêchent de plus en plus dans les secteurs de la santé mentale et des thérapies alternatives. Des médecines illégales sont fréquemment pratiquées. « La Belgique a enregistré beaucoup de plaintes concernant des guérisseurs offrant des soins dangereux et mêmes frauduleux », explique André Frédéric (député PS), président et fondateur du groupe de travail. « Un autre changement important, qui pose problème, est mis en avant : Internet. Les sectes ouvrent de plus en plus des sites sur la toile. Il faut donc informer le public au maximum », explique Anne-Sophie Lecomte. Recommandations Les parlementaires préconisent une meilleure application des législations sociales et médicales. « La connaissance des autorités et services concernés est incomplète. Pour cela, nous recommandons une formation », ajoute André Frédéric. L’internationalisation pose de plus en plus de problèmes. Dans certains pays où la loi est plus dure pour les sectes, les communautés recrutent leurs adaptes de l’étranger. « Il faut renforcer la coopération européenne ». Afin de finaliser leur travail, les parlementaires veulent pénaliser l’abus d’ignorance et de faiblesse. Cette clause fait l’objet d’un avant-projet de loi de Laurette Onkelinx, ministre de la Justice. Une loi semblable a été votée en 2002 en France mais cela n’a pas amené de grands changements. Cela poussera peut-être encore plus les sectes à s’internationaliser. Noémie Deforseau |