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INTRODUCTION GENERALE I - INTRODUCTION 1°– Délimitation thématique, spatiale et temporelle du sujet Cette étude porte sur l’« Evaluation des ressources en eau atmosphérique au Nord-Cameroun à l’aide des méthodes conventionnelles et satellitales ». L’étude des précipitations est un des thèmes de recherche intéressant en zone intertropicale où l’économie est en partie fondée sur l’agriculture pluviale. Cependant, de par leur caractère «incertain» et «instable», les précipitations compromettent parfois gravement les campagnes agricoles. Cela est dû à la difficile «maîtrise» du phénomène par les populations et par les organismes de développement. Les connaissances dans le domaine s’avèrent insuffisantes à cause de la mauvaise qualité des données et de la mauvaise répartition des stations de mesure des précipitations. Ce travail vise à réduire les lacunes liées à la compréhension du phénomène pluviométrique dans cette partie du territoire camerounais où les pluies sont très variables dans le temps et dans l’espace. Il vise l’amélioration des connaissances dans le domaine par un renforcement des méthodes conventionnelles et par l’utilisation des données satellitales. Etalé sur sept degrés de latitude (entre 6° et 13°nord), l’espace d’étude que nous désignons « Nord-Cameroun » englobe les provinces administratives de l’Extrême-Nord, du Nord et de l’Adamaoua. Il est organisé en trois unités physiques distinctes : le plateau de l’Adamaoua, le bassin de la Benoué et la plaine du Nord. Le plateau de l’Adamaoua situé entre 6° et 8°N de latitude, 10° et 16°E de longitude, s’élève à plus de 1000 m d’altitude. Il est considéré comme le prolongement de la dorsale camerounaise et, par voie de conséquence du domaine de mousson vers le nord. Il se présente par ailleurs comme le château d’eau du Cameroun puisque les principaux bassins camerounais s’y adossent : la Sanaga au sud, la Bénoué au nord et le Logone au Nord-Est. Les vastes plaines du Nord (qui englobent la cuvette de la Bénoué) s’étendent quant à elles au-delà du plateau de l’Adamaoua, entre 8° et 13°N et se singularisent par des caractères climatiques plus rudes que sur le plateau. La délimitation temporelle de cette étude varie suivant les différentes méthodes adoptées. En ce qui concerne les données conventionnelles, celles disponibles ne sont pas uniformes : pour certaines stations, elles vont de 1980 à 2002 et pour d’autres, les séries ne sont pas continues et se limitent parfois à 5 années ; elles concernent surtout les données journalières. Les séries les plus continues sont les données mensuelles extraites de la base de données de Beauvilain A. (1995) archivées de 1965 (pour équilibrer la période de départ de toutes les stations) à 1994 (année arrêtée par l’auteur). Pour ce qui est des méthodes satellitales, nous avons exploité les données issues de multiples sources qui servent à l’évaluation des précipitations : ce sont des données relatives aux «nuages à sommet froid» et à la « température radiative de surface du sol » issues du satellite METEOSAT de 1986 à 1994 ; ces données permettent d’estimer les pluies en prenant en compte la source des pluies (les nuages froids) et leur cible (la surface du sol). Nous avons également utilisé les données ARTEMIS/FAO de la période 1989-2002 : il s’agit des données de «durée de présence de nuages à sommets froids » qui permettent une analyse qualitative des pluies à une échelle plus fine que précédemment (la décade). Nous avons aussi exploité les données d’analyse CMAP (CPC Merged Analysis of Precipitation) et de réanalyses NCEP/NCAR (National Center of Environmental Prediction/National Center of Atmospheric Reaserch) de la période 1979-2000 ; elles proviennent d’une combinaison de plusieurs sources et sont exploitables à diverses échelles temporelles (décade, pentade, jour…). Il découle de ce qui précède que si certaines données notamment satellitales sont essentiellement récentes, pour les données conventionnelles, la profondeur chronologique est variable. En fonction de leur disponibilité, le traitement des données pourra donner lieu soit à une analyse effective des pluies intégrant une appréciation spatiale, soit à un test méthodologique lorsque les stations ne sont denses et n’ont pas une série continue. 2°– Problématique et question de recherche La partie du Cameroun, objet de la présente étude connaît un régime tropical avec une saison sèche et une saison des pluies, de durées variables du Sud au Nord du domaine. Elle est régulièrement soumise aux aléas de la pluviométrie au cours de la saison pluvieuse. Parfois, elle commence très tôt, obligeant les paysans à semer précocement ; quelquefois aussi elle débute très tard ou s’interrompt brusquement, déterminant une deuxième campagne de semis. A ce propos, on a constaté à Garoua une instabilité dans le démarrage des pluies pouvant s’étendre jusqu’à 52 jours. Des fois, des abats brutaux et prolongés déterminent des inondations dans les zones de plaine. De ce fait le maximum pluviométrique mensuel atteint de temps à autre des valeurs très élevées se rapprochant parfois du total annuel des stations : 495,2 mm à Garoua en août 1963, 521,8 mm en août 1963 à Ngaoundéré, 540.2 mm en août 1991 à Maroua. La distribution de ces grosses pluies au cours de l’année semble capricieuse dans la mesure où elles ne donnent pas l’impression de se concentrer à des périodes bien déterminées. Elles peuvent toucher l’ensemble de la saison des pluies comme en 1960 à Garoua, soit uniquement certains mois et se prolonger sur la saison suivante. Il est donc possible de distinguer des années pluviométriques au cours desquelles il a plu abondamment pendant pratiquement tous les mois et, d’autres au cours desquelles seuls quelques mois ont concentré l’essentiel des pluies. De la même manière, certaines années font montre de déficits pluviométriques généralisés : cas des années 1983 et 1987 à Garoua, des années 1942 et 1961 à Ngaoundéré. Parfois aussi ces déficits se concentrent sur quelques mois seulement. Partout dans la zone d’étude on peut connaître des insuffisances pluviométriques de l’ordre de 80% à n’importe quelle période de l’année. C’est dire que la variabilité pluviométrique soumet ainsi la région à plusieurs types de risques : pénuries alimentaires comme cela a été notamment le cas en 1985 dans tout le domaine d’étude ou plus précisément en 1955 à Kaélé, baisse de production de l’arachide et du niébé en 1991 à Maroua. Cela s’accompagne généralement du manque d’eau potable comme constaté en mai 1987 dans le département de la Vina et dans la localité de Mora, et par de nombreuses maladies : épidémie de choléra en juin 1991 à Kousseri, épidémie de méningite dans tout l’Extrême-nord déclenchée en février 1992. D’autres formes d’impact de ces contraintes pluviométriques sont également ressenties sur les activités agropastorales. Dans l’Adamaoua, malgré la disponibilité en eau du fait du caractère soudanien d’altitude du climat, un problème de distribution des pluies se pose ; en effet, l’inconstance dans les démarrages et les arrêts de la saison des pluies allonge ou réduit fréquemment la longueur de la saison sèche et perturbe les activités de transhumance en augmentant les risques de surpâturage ; cela se manifeste notamment par des pressions en bétail et des charges pastorales importantes dues à la pratique de la transhumance et à une mauvaise répartition spatiale du bétail : 39 têtes de bovins/km2 dans le Mbéré en 1997 pour la pression en bétail, et une moyenne de 3.13 ha/bovin pour la charge pastorale sur l’ensemble de l’Adamaoua (1996), soit 2.13 ha/tête (47 bovins au km2) pour les pâturages de saison pluvieuse. On se rend ainsi compte qu’en cette saison, les pâturages sont exposés à la dégradation, surtout si l’on se base sur la charge moyenne maximale qui est de 2 UBT/ha ; l’évolution de ces charges au fil des ans illustre une tendance exponentielle vers une surcharge excessive : 7ha/bovin en 1959 et 2.13ha/bovin en 1996 (Bring, 1997). Dans les plaines du Nord-Cameroun, les fréquentes péjorations pluviométriques constatées désorganisent la vie rurale dans de nombreux terroirs en entraînant des migrations et des dégâts directs sur le milieu et les hommes : la dénudation de la plaine dans le Mayo-Sava sous l’effet de l’aridité en 1984, les espaces verts ravagés par les insectes à Garoua en août 1985 ou encore, la sécheresse du début des années 1970 due au déficit pluviométrique dans la partie septentrionale du Cameroun, qui a provoqué le déplacement des populations de l’actuelle province de l’Extrême-Nord vers le bassin de la Bénoué. En effet, à travers les projets Nord-Est Benoué et Sud-Est Bénoué on a enregistré entre 1974 et 1986, un déplacement de plus de 100 000 personnes de la province de l’Extrême-Nord vers la vallée de la Bénoué (Tchinlé J., 2004). L’afflux de ces migrants se manifeste encore aujourd’hui dans cette zone par une augmentation du nombre de villages de migrants et par une population migrante de plus en plus élevée ; les sources de la MEADEN (Mission d’Etudes pour l’Aménagement et le Développement de la province du Nord) indique à titre d’illustration, qu’on est passé de 44 000 migrants en 1986 à 94 040 migrants en 1988 ; de plus, en 1990, on a recensé que sur 475 villages de la vallée supérieure de la Bénoué, 375 appartiennent aux migrants. Les contraintes climatiques sus-citées ont aussi poussé les hommes à trouver des cadres d’explications du comportement de leur environnement ; en effet de tout temps, les hommes ont toujours eu peur de ce qu’il ne maîtrise pas (Dieu, les faits de la nature…). En nous appuyant sur la forme « initiale » de compréhension du climat que les populations ont toujours développé par observation de leur environnement, nous avons constaté qu’il a été adopté des indicateurs du comportement du temps et, l’élaboration d’une « météorologie populaire » locale construite à partir d’une image basée sur la régularité des observations ; et partant de celles-ci, la lecture du temps est restituée à travers la perception et la représentation sociale pour déboucher sur des constructions locales d’un savoir dit « savoir vernaculaire ». La pluie est donc un paramètre climatique qui se présente à la fois sous une forme indispensable (les activités des hommes en dépendent) et, comme un fait difficilement maîtrisable par les hommes (compte-tenu de son caractère instable et incertain). En effet, « parmi les ressources naturelles d’un pays, le climat constitue un patrimoine dont la connaissance est primordiale tant par son côté positif, c’est-à-dire comme source de richesses renouvelables (eau, production agricole, énergies solaire ou éolienne, etc.), que par les contraintes qu’il impose (variabilité, phénomènes dangereux-sécheresse inondations-, transport de polluants, etc.) » (Gosset B., 1999.). Or cette difficile maîtrise du climat est globalement liée, soit à l’insuffisance des moyens de compréhension du comportement pluviométrique, soit à la non utilisation optimale des moyens technologiques actuellement disponibles. Par conséquent, on subit encore aujourd’hui les risques et les catastrophes climatiques malgré l’évolution technologique. L’approche de cette étude est alors une contribution pour l’amélioration des connaissances du comportement des pluies. Elle passe par une bonne caractérisation de la distribution des pluies le long de la saison des pluies à l’échelle décadaire, pentadaire ou journalière ; elle s’appuie d’une part sur l’utilisation des moyens et méthodes peu ou non utilisés jusque-là basés sur les techniques statistiques multiformes (descriptives ou analytiques), et d’autre part, sur les nouvelles technologies (dites de pointe) offertes par l’exploitation des informations issues des satellites météorologiques, qui balaient la bande intertropicale. Il est alors question de voir en quoi des résultats pertinents peuvent être dégagés du comportement des pluies sur l’espace d’étude, par utilisation de ces méthodes ? En d’autres termes, exploitons-nous suffisamment les moyens conventionnels que nous offrent les techniques statistiques susceptibles de nous permettre de mieux repérer à une échelle fine les indicateurs du comportement des pluies ? Les avancées technologiques actuelles proposées par les satellites ne sont-elles pas à même d’accéder à une meilleure compréhension de l’organisation des pluies ? 3°- Contexte scientifique Il est analysé sur la base des trois approches d’évaluation adoptées pour la conduite de cette étude à savoir, l’approche ethnoclimatologique, l’approche conventionnelle et l’approche satellitale. a) – Le savoir populaire local Les hommes ont très tôt compris que leur destinée était conditionnée à celle de l’atmosphère. A l’origine, quelques « téméraires » ont très vite tenté de comprendre la complexité des phénomènes atmosphériques. Les résultats de leurs recherches pas toujours concluants, leur ont souvent valu de sérieuses représailles. Chaboud R. (1999) souligne à cet effet que les plus anciens textes écrits apportent d’irréfutables témoignages : « des tablettes de terre cuite font état des règles climatiques utilisées par les Babyloniens. Sur l’une d’elles est gravé: "Quand le soleil est entouré d’un halo, la pluie va tomber. Quand un nuage obscurcit le ciel, le vent va souffler ". Embryon de l’astrométéorologie, il s’agit là d’un système très complexe censé définir les règles du temps à l’aide d’un grand nombre d’observations et de déductions ». Il ajoute en précisant que dans toutes les religions de l’Antiquité, les phénomènes atmosphériques sont sous la dépendance des dieux. Zeus chez les Grecs comme Jupiter chez les Romains, Indra chez les Hindous, Thor chez les Germains… ; dieux célestes par excellence, ils gouvernent l’orage, l’ouragan et la foudre. Aujourd’hui encore, les chercheurs reconnaissent qu’en matière de perception du climat par les populations, l’environnement dit « objectif » basé sur les règles scientifiques ne correspond pas toujours à celui perçu par les populations (Whyte, 1985). Le récent travail de B. Collignon (2001) renforce d’ailleurs la position du savoir local ; en effet, l’auteur désigne cette connaissance, de « savoir vernaculaire » dont l’importance n’est pas seulement pratique (observation), mais aussi psychologique ; cette appellation permet d’après elle de ne pas considérer ce « savoir » de façon péjorative comme l’ont longtemps fait les européens qui le réduisait à un « savoir populaire »(« folkloriste »), ou les nord-américains qui le considèrent comme un « savoir traditionnel écologique », l’opposant ainsi au savoir savant. Pour l’auteur, le changement de paradigme a conduit la géographie à passer des sciences naturelles au champ des sciences sociales. Ce passage a alors modifié le regard porté sur les savoirs vernaculaires et de ce fait « l’étude de ce que savent les non-savants est aujourd’hui légitimée ». La forme originelle du savoir en climatologie dérive de la perception (Bagot, 1996) et de la représentation sociale (Abric, 1994) qui se construisent par observation de l’environnement et sur la base des sensations imposées par le milieu. Pour évaluer la ressource pluviométrique, les populations s’appuient sur des signes et repères d’ordre astronomique, phénologique ou biologique. Ils transforment alors ces informations en rites ou croyances qui leur permettent de guider leur vie quotidienne. C’est sur la base de ces moyens d’appréciation des faits climatiques que des travaux illustrant cette forme de connaissance mettent en exergue des pratiques issues des traditions locales. C’est dans cette logique que s’inscrivent les travaux de Raison J. P.(1988) qui souligne que c’est le contexte de civilisation qui permet de dégager les logiques d’analyse et d’utilisation du milieu par les paysanneries. C’est dans cette logique aussi que Pérard J. et al (1990), et Pérard J., (1992 et 1997) ont appliqué à l’Afrique de l’Ouest l’approche ethnoclimatologique en faisant ressortir l’importance des croyances dans les rapports entre des pratiques traditionnelles et les évènements météorologiques ; c’est le cas du culte vaudou très enraciné au Bénin, qui guide la vie des populations au travers des croyances aux dieux qui contrôlent les principaux éléments de la nature (eau, foudre, feu...) et qui déterminent les saisons. Esther Katz et al (2002) ont également mis en exergue les rapports que les hommes entretiennent avec le climat ; les contributions de ce livre organisées en thèmes portent sur les savoirs, les représentations, les rapports des prévisions entre les observations scientifiques et populaires, les calendriers saisonniers, les rites de pluie et les acteurs impliqués dans ces rites, et enfin les attitudes des populations face aux aléas du climat ; il en ressort que « si la plupart des sociétés sont encore tributaires de leur climat, la manière de s’y adapter et de se le représenter leur est propre. Les savoirs sur le temps, accumulés au fil des générations, ne sont plus respectés en certains endroits du fait de la transformation des modes de vie et de la mondialisation ». En restant dans la logique des approches de ces auteurs, notre travail entend tirer du savoir local nord-camerounais toutes les connaissances susceptibles d’être intégrées comme contribution à la compréhension par les populations, des mécanismes ou des logiques qui expliquent le comportement des pluies tel qu’il est habituellement conçu. A travers cela, l’individu ou le groupe donne un sens à sa conduite et construit son propre système de référence. De cette manière ils peuvent réorganiser leur espace et reproduire des processus (liens entre les groupes humains et les lieux...), ou même construire leur imaginaire (Gumuchian H., 1991). b) – Les mesures habituelles des précipitations Les préoccupations en matière de mesure traditionnelle des pluies remontent à des temps immémoriaux. Dans l’Antiquité par exemple, des connaissances étaient initiées pour mieux comprendre la météorologie ; en effet, celle-ci avait un sens plus large que maintenant en ce sens qu’elle intégrait plusieurs disciplines : « l’astronomie, la géographie, la sismologie et la physique du globe en général ». Elle a alors attiré l’attention des grands savants de cette époque qui ont émis des « théories » sur les phénomènes atmosphériques : « Thalès (625-547 av. J.-C. env.) attribuait la crue du Nil au changement de direction du vent. Anaximandre (610-546 av. J.-C. environ) pensait avec justesse que le vent était un «flux d’air». Le médecin grec Hippocrate (460-377 av. J.-C. env.) préconisa l’étude des variations atmosphériques et de leurs influences sur l’homme. Chez les Grecs toujours, Aristote (384-322 av. J.-C.) est considéré comme le premier auteur connu d’un traité de météorologie : Météorologiques. Cet ouvrage fait de lui le fondateur de la discipline. (Chaboud R., 1999). Le Moyen-Âge est marqué par un passage à vide des recherches en météorologie à la suite de la chute de l’empire romain. Ce n’est qu’à partir du XIIè siècle que l’esprit de la recherche météorologique préconisé par Aristote dans l’Antiquité fut repris par les arabes « qui ont renoué ainsi avec le savoir grec ». C’est bien plus tard à partir du XVIIè siècle qu’on assiste à une nouvelle impulsion de la météorologie avec l’intégration des lois de la physique, de la mécanique et de la thermodynamique pour mieux comprendre les paramètres météorologiques : « Evangelista Torricelli (1608-1647) mit en évidence l’existence de la pression atmosphérique en 1643. Le grand-duc Ferdinand II de Toscane construisit le premier thermomètre vers 1640. John Hadley en 1735 exposa l’effet de la rotation de la Terre sur les vents et donna une explication sur la formation des alizés. Les lois des gaz parfaits furent établies au début du XIXe siècle: la loi de Laplace en 1783, celle de Dalton en 1801, celle de Gay-Lussac en 1802 et celle d’Avogadro en 1811». Toutes ces connaissances permirent par la suite de percer les premiers «secrets» de l’atmosphère. Il faut d’ailleurs dire qu’au cours de ce XIXème siècle, les travaux d’hydrologie étaient essentiellement basés sur la statistique classique avec le calcul des moyennes pour évaluer la distribution des paramètres climatiques au cours de l’année. Au début du XXème siècle, on cherche à établir des liens entre les différents éléments du cycle de l’eau : évaporation, condensation, nuage et pluie. Les techniques modernes notamment l’utilisation des ordinateurs, ont permis de développer ce type de recherche et de parvenir à des résultats complexes faisant appel aux statistiques inférentielles. Ce type d’approche a débouché sur la climatologie statistique développée par l’école de Grenoble avec les élèves de Péguy C.P. (1961 et 1970) et sur la climatologie diagnostique par Fontaine B. (1981) du Centre de Recherche de Climatologie de Dijon. L’approche statistique découle selon Péguy C.P. (1997) de l’évolution de l’environnement épistémologique de la recherche en climatologie ; cette évolution s’est caractérisée entre autre par « l’étude des séquences (par exemple, de jours pluvieux ou secs consécutifs), contribuant ainsi à la détermination de la structure temporelle des variables ou de combinaisons des variables ». L’aspect global actuel des mesures relatives à l’eau est basé sur le concept de « ressources en eau » qui a pris de l’importance à partir du sommet de Rio en 1992, par la mobilisation des Etats et des organismes qui ont proposé l’adoption d’une « vision mondiale de l’eau ». Ces défis ont défini les objectifs politiques de la sécurité de l’eau prônée par le programme mondial pour l’évaluation des ressources en eau dont la mission fondamentale est de « développer les outils et les compétences nécessaires à une meilleure compréhension des processus fondamentaux, des pratiques de gestion et des politiques qui contribueront à améliorer l'approvisionnement de la planète en eau douce et de qualité. ». Ses objectifs sont donc : « -d’évaluer l'état des ressources en eau douce et des écosystèmes dans le monde; -d’identifier les questions et problèmes y relatifs; -de développer les indicateurs et de mesurer les progrès vers une utilisation durable des ressources en eau; -d’aider les pays à développer leur propre capacité d'évaluation; -de tirer des leçons des expériences passées et publier un rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau. » Sur le plan local, les premières études climatologiques au Cameroun, fondées sur la méthode statistique ont permis à Genieux (1958) et à Suchel (1972 et 1988) de donner les grandes lignes de la répartition des pluies à l’échelle du territoire. C’est ce qui ressort des travaux de Suchel en 1972 dans lesquels il s’attache à analyser la répartition des précipitations et des régimes pluviométriques à l’échelle mensuelle sur l’ensemble du Cameroun et, de Tsalefac (1979) qui dégage le comportement instable des paramètres climatiques (écarts à la moyenne, fréquence sèche et humide...) sur le Cameroun septentrional. En 1988, Suchel affine l’échelle d’étude des données climatiques au Cameroun en analysant notamment pour les précipitations journalières, les « conditions moyennes de la pluviométrie journalière ». Il y détermine les intensités des pluies, leurs fréquences et leurs répartitions journalières. Nous avons pour notre part (Bring, 1997) tenté une évaluation de l’instabilité des pluies sur la base des indices d’anomalie, et apprécier l’impact de cette variabilité sur les activités humaines sur le plateau de l’Adamaoua. Des travaux récents concernant les précipitations ont été effectués par Tchiadeu, Tsalefac et Mbayi (1999) en procédant à la « délimitation de la saison des pluies dans le Nord-Cameroun » par l’utilisation des critères divers développés par des auteurs tels Stern (1981) et Sivakumar (1993) et basés sur le démarrage et l’arrêt des pluies. Ces méthodes constituent un bon complément aux méthodes de Gaussen (P<2T), Birot (P<4T) et Suchel (P/[(D/2.5)+2](T-10) basées sur la caractérisation des mois secs et humides ; en effet, elles analysent toute la complexité des démarrages et arrêts des pluies en précisant les périodes de mise en place ou d’interruption probable de la saison des pluies. Dans cette approche basée sur les mesures habituelles du comportement des pluies, notre étude s’attache à caractériser la distribution des pluies le long de la saison humide en cherchant à mettre en exergue le potentiel pluviométrique de chaque station ou de chaque région. Elle s’appuie surtout sur l’étude des précipitations journalières et concerne essentiellement la caractérisation des phases et évènements secs, ou particulièrement humides, pouvant intervenir et déterminer soit des sécheresses intenses, soit des inondations importantes. On peut alors déboucher sur la détermination du bilan hydrique afin d’apprécier la fréquence des sécheresses sur l’espace d’étude et les stratégies développées par les hommes pour y faire face. c) – L’approche satellitale Parallèlement à l’approche précédente, on assiste entre 1970 et 1980, au développement de l’approche satellitale initiée dès 1957. C’est une amélioration technologique qui va servir la climatologie dynamique et la climatologie statistique : « Associés aux données issues des systèmes d’observation ou in situ, les observations spatiales sont assimilées par des modèles numériques exploitant la puissance de calcul des ordinateurs modernes » (Fellous J-L, 2001) ; cette approche satellitale présente l’avantage d’offrir un large champ de vision permettant d’estimer les précipitations à des échelles de temps variées. La méthode EPSAT du Centre de Météorologie Spatiale de Lannion est fondée sur la constitution d’un fichier de synthèse « température radiative de surface du sol » (Tmax) et de « nuages à sommet froid » (CB%) dans le cadre du programme EPSAT (Estimation ou Etude des Pluies par Satellite) (Guillot, Carn, Lahuec... 1991 et 1994). Les essais d’estimation ont surtout été appliqués en zone sahélienne et les résultats des premières recherches ont été publiés en 1994 par Guillot et al. Dans l’ensemble, l’estimation avait tendance à minimiser ou à accentuer les valeurs des précipitations au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la zone sahélienne, ou qu’on se rapproche de la zone humide au sud. L’ouverture vers l’approche satellitale en matière de recherche au Cameroun a été proposée par Suchel dès 1988. Il envisageait la nécessité de l’utilisation de cette approche afin d’approfondir les recherches sur le climat. C’est ainsi qu’avec les premières données disponibles, Tsalefac (1991 et 1999) et Santiago A. (2000) proposent d’établir des liens entre la convection observée au-dessus du Cameroun avec le relief et la végétation. Sur ce plan, le lien entre l’organisation convective et le relief montre que les hautes altitudes sont des foyers remarquables de convection ; cependant, le lien entre le relief et les nuages à sommet froid « n’est pas aussi simplifié, ni rectiligne qu’on pourrait le penser ». En effet, des paramètres atmosphériques comme la température et le degré hygrométrique de l’air peuvent influencer l’efficacité des nuages froids. La liaison entre la convection et la végétation est quant à elle plus complexe ; bien que cette relation varie en fonction des saisons, il a été constaté que les effets atmosphériques priment sur les états de surfaces continentaux. Cependant, Santiago A. souligne que « l’ensemble des forêts du Sud-Cameroun entretient et même favorise le développement de nuages convectifs en phase de progression et de recul du FIT et, par conséquent, a un rôle déterminant dans la répartition des pluies ». Les possibilités offertes par la production des données ont poussé les recherches vers l’affinement de l’échelle d’étude ; ce qui a permis de produire d’autres formes d’analyse satellitale comme celle proposée par la FAO et celle basée sur la combinaison des données multisources (satellitales, radar et pluviométrie au sol) ; ce sont les approches CMAP (CPC Merged Analysis of Precipitation) et NCEP/NCAR (National Center of Environmental Prediction/National Center of Atmospheric Research) qui ont donné lieu à d’autres formes d’estimation des précipitations. Les essais d’estimation des précipitations par la méthode faite à l’échelle globale par quelques auteurs ont permis des avancées remarquables : Xie et Arkin (1996 et 1997) et Tsalefac (2002 sur le Nord-Cameroun) pour les analyses CMAP, et I. Poccard (2000 et 2001), N. Phillipon (2002) pour les réanalyses NCEP/NCAR. Il s’agit alors pour notre travail, de tester les avancées de ces méthodes, dans l’appréciation du climat sur notre espace d’étude. Pour cela, nous avons d’abord testé l’approche d’estimation EPSAT en nous appuyant sur les données des 3 stations synoptiques disponibles, ensuite nous avons élargi l’analyse amorcée par Tsalefac (2002) pour la méthode CMAP, et étudier sur le Nord-Cameroun les résultats obtenus des NCEP/NCAR. Enfin, il est aussi question d’initier l’analyse à l’échelle journalière en exploitant les données du CPC (Climate Prediction Center) et du CDC (Climate Diagnostic Center). |
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