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Antigone Ismène, ma petite sœur, sang de mon sang, laisse-moi toucher ce cher visage que j’aime tant… Combien de temps Dieu va pourrir notre vie avec les malheurs légués par notre père, le complexe Œdipe ? Ah ! Ismène… Laisse-moi rire un petit peu avec toi, ma sœur chérie, car nous avons peu de temps et ce que j’ai à te dire est grave. Personne doit nous entendre. Viens ici. La honte, l’infamie, la douleur, l’humiliation, la malédiction, tout cela nous l’avons subi, toi et moi. Oui. Et maintenant le leader vient de proclamer en ville son premier ordre. L’as-tu entendu ? Non ? Peux-tu encore ignorer le mal que nos ennemis préparent à ceux que nous aimons ? Ismène Antigone, chère sœur, non, je n’ai rien appris de nouveau sur ceux que nous aimons. Rien de bon ni rien de mauvais, depuis que nos deux frères se sont entre-tués, la semaine dernière. L’armée des occupants est partie cette nuit et je n’ai rien appris de plus. Rien de bien, rien de mal. Antigone Je m’en doutais. C’est pourquoi nous sommes ici, à cette heure ocre d’avant l’aurore. Tu dois être la seule à m’entendre. Ismène Qu’est-ce qu’il y a ? Je te sens troublée. Est-ce cette légende sur notre frère cadet qui aurait porté six caleçons pour protéger ses parties intimes ? Et qu’il aurait souhaité qu’aucune femme sous influence de la lune ne l’approche ? Antigone Écoute-moi, Ismène, laisse tomber ces racontars et écoute bien : Créon accorde le droit à une tombe à l’un de nos frères et le refuse à l’autre. Etéocle vient d’être enterré selon les rites et la justice pour être honoré parmi les morts. Mais Polynice, le malheureux, nul n’a le droit de l’enterrer ni même de le pleurer. Il doit rester sans sépulture et sans lamentations. Il sera une proie offerte aux chiens et aux rapaces. Voilà ce qu’à toi et à moi a prescrit ce salopard de Créon. Il va venir lui-même le faire savoir ici, officiellement, pour ceux qui l’ignorent encore. Et il ne plaisante pas avec sa loi : celui qui désobéit sera lapidé par le peuple en pleine ville. Maintenant tu sais tout. A toi de montrer si tu es digne de ton sang ou si tu le renies. Ismène Mais, ma pauvre sœur, qu’est-ce que je peux moi ? Les choses sont comme elles sont. Que puis-je faire ? Antigone Vois si tu veux agir avec moi. Ismène Agir ? Comment ? Quelle folie comptes-tu faire ? Antigone Transporter le mort, avec ton aide. Ismène Tu veux l’enterrer, alors que c’est interdit ? Antigone Il est mon frère, il est le tien, tu n’y peux rien. Le laisser pourrir sans rien faire c’est le trahir. Ismène Créon est notre chef. Il est puissant et il l’interdit. Antigone Créon n’a pas à m’arracher mon frère ! Ismène Ma sœur, s’il te plaît, écoute-moi : tu as plaisanté sur notre père, mais pense à lui, à sa mort atroce, à son agonie trop longtemps prolongée, pense à ses yeux, à ses beaux yeux qu’il s’est crevés lui même, de ses propres mains, avec le pic d’or de notre mère. Pense à elle qui fut sa femme et sa mère et qui s’est pendue quand Tirésias a annoncé partout dans la ville qu’Œdipe était son propre fils et le meurtrier de son ancien mari. Antigone, ma chère sœur, pense à nos frères, nos deux pauvres frères qui se donnèrent la même mort le même jour. Et pense à l’horrible, trop horrible mort qui nous attend si nous désobéissons les ordres de Créon. Maintenant nous sommes seules. Et nous sommes des femmes. Comment lutter contre la loi des hommes ? Nous sommes entre leurs mains. Nous devons nous soumettre à cette loi et même à d’autres lois plus dures. Que mon frère mort me pardonne et je demande aussi pardon à tous les morts déjà sous terre, mais puisque la force me contraint à obéir, j’obéirai à ceux qui nous dominent. Il ne sert à rien de tenter l’impossible. Antigone Alors oublie. Fais comme si je ne t’avais rien demandé. Même si tu te décidais à m’aider maintenant je ne l’accepterai pas. Fais ce qui te plaît. Moi, je vais enterrer Polynice. Et si je dois mourir pour ça, ma mort me paraîtra belle. J’irai me coucher près de lui, aimée de mon frère qui m’aime, comme une sainte criminelle. C’est à ceux près desquels on repose pour l’éternité qu’il faut plaire et non pas à ceux qui nous gouvernent ici bas. Tu es libre de mépriser la loi des dieux. Ismène Je ne méprise rien. Mais je n’ai pas la force de me soulever contre tout un pays. Antigone Alors mets-toi à genoux devant eux ! Moi, je préfère dresser un tombeau pour mon frère. Ismène Petite sœur, je tremble pour toi ! Antigone Ne t’inquiète pas pour moi. Ni pour notre frère. Pense à toi d’abord. Ismène Au moins tais-toi. Ne raconte ce projet à personne et je ferai pareil. Antigone Crie-le, au contraire ! Je te haïrai encore plus si tu le caches au lieu de le crier à tous ! Ismène Ton cœur brûle, alors qu’il devrait se glacer ! Antigone Le feu de mon cœur réchauffera la chair froide de notre frère ! Ismène Tu n’es qu’une jeune femme, tu n’as aucun pouvoir ! Tu veux l’impossible ! Antigone Quand plus rien ne sera possible, alors je mourrai. Ismène Tu es folle de vouloir mourir aussi jeune. Antigone Continue à parler comme ça et tu n’auras que ma haine. Tu auras aussi celle de ton frère mort et il aura raison. Laisse-nous, ma folie et moi, affronter le danger. Je suis sûre d’une chose : je ne mourrai pas couverte de honte. Ismène Va, puisque tu le veux. Je t’aime, et je t’aimerai toujours. Même quand tu es en plein délire. Antigone et Ismène quittent la scène. Le soleil se lève. Entre le chœur. © Mario Dragunsky 12 rue Paul Berthelot 33300 Bordeaux Tél 05 57 87 09 55 |
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