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![]() DEI-France 41 rue de la République 93200 - Saint-Denis Site : www.dei-france.org Saint-Denis, le 18 janvier 2009 Commentaire des 70 propositions du rapport de la commission Varinard "Entre modifications raisonnables et innovations fondamentales" DEI-France a eu le souci de passer au crible chacune des préconisations du rapport de la Commission présidée par le professeur André Varinard remis le 3 décembre 2008 à la ministre de la justice qui lui en avait passé commande avec le souci de "refonder" le droit pénal applicables aux enfants. Au travers des recommandations quelques lignes-force émergent. L'option affichée ne se veut pas révolutionnaire, mais à y regarder de près une vraie rupture est proposée autour de l'idée que la sanction est dissuasive. Si la Commission sait ne pas suivre la ministre sur le point essentiel pour elle d'en finir avec la dualité du juge des enfants acteur de la protection de l'enfance et de la réponse aux jeunes délinquants, elle ne prend pas ses distances par rapport au projet politique initial de "refonder" le droit pénal des mineurs; elle dresse un procès injuste et implacable aux magistrats de la jeunesse et aux travailleurs sociaux, mais elle sait reprendre à son compte certaines pratiques ou suggestions innovantes jugées utiles au regard de l'objectif poursuivi (ex. : la césure du procès pénal, proposition-phase de l'AFMJ) ou aux praticiens (ex.: le dossier de personnalité). L'équilibre avancé n'est donc que de pure façade.
Le procès instruit contre la justice est injuste et méconnait les évolutions intervenues proprio motu depuis 1992 cautionnées ensuite par le législateur dans ses reformes successives. La justice n'a pas attendu l'ordre de la loi pour - réagir à tous les actes qui lui sont signalés (es classements sans suite secs sont passés de 60% à environ 10%), mais la Commission oublie de rappeler 1° que le taux de réussite policier demeure inférieur à 30% sur les faits portés à sa connaissance - la police ne connaitrait qu'un fait sur 5 - et 2° que le fait qu'une mesure éducative puisse prendre plusieurs semaines ou mois avant d'être mises en œuvre n'est pas imputable aux tribunaux, mais à l'Administration de la justice.. - réagir vite (à Bobigny un déferement au tribunal en sortant de garde à vue sur 2 poursuites ; la requête pénale simple a quasiment disparu de certains tribunaux au profit de la convocation par officier de police judicaire à une date fixée par le parquet, le flagrant délit pour les mineurs a été introduit, etc.) ; - réagir fort (40% de peines que l'évolution la plus récente de la délinquance est négligée on fonctionne sur des représentations erronées de la justice et une méconnaissance de ses ressorts. - réagir efficacement : l'immensité des jeunes délinquants mineurs ne sont plus mêlés à des affaires pénales une comme majeurs. Le taux de non réitération pour les primo-délinquants traités parle parquet s est de 80 %
Ce rapport est donc souvent séduisant dans ses développements et les mesures avancées apparaissent rarement franchement en rupture ; la Commission se concentre sur un ressort essentiel : pousser les juges à juger rapidement sur l'acte posé, sachant que 60% de la délinquance est traitée par ailleurs directement par le parquet, tout logiquement la sanction recherchée en résulter. Si certaines propositions sont même positives pour les jeunes (ex. : dossier de personnalité) ou pour les victimes (permanence au tribunal) on ne doit donc pas oublier les objectifs initiaux visés. En lisant ces préconisations on devra donc avoir à l'esprit quelques questions pour en apprécier la portée et l'opportunité :
Ce rapport est donc tout sauf technique. Les innovations fondamentales sont bien moins nombreuses qu'affichées. Nombre de préconisations sont creuses. On tire à la ligne ou à la préconisation ainsi quand il est proposé de dresser la liste des sanctions éducatives. Mais l'axe fort n'est pas raisonnable : on casse l'équilibre de la justice pénale des enfants acquis sur un siècle. Ce rapport habile est fondamentalement pervers, rétrograde, dangereux et inefficace. Les 70 propositions suivies du commentaire de DEI-France Pour une justice pénale plus lisible Par des clarifications nécessaires Par l’amélioration de la lisibilité formelle du droit pénal applicable aux mineurs 1° : Elaboration d’un code dédié La commission préconise l’élaboration d’un code dédié à la justice pénale des mineurs permettant ainsi, au-delà des modifications de fond, une réécriture formelle des dispositions applicables afin de renforcer leur cohérence et de donner une meilleure lisibilité à la justice pénale des mineurs. Il s’ouvrira sur une formulation liminaire des principes essentiels guidant la justice pénale des mineurs puis sera divisé en quatre parties : une première partie consacrée aux principes généraux, puis les autres aux règles de fond, aux règles de procédure et aux dispositions relatives à l’exécution des sanctions. Commentaire : Le souci de codifier le droit de l'enfance n'est pas d'aujourd'hui, mais pourquoi ne codifier que le droit pénal applicable aux enfants quand les statuts civil et pénal sont si intriqués et que l'on fait constamment le lien entre droits et devoirs ? Notre pays s'est implicitement doté d'un droit de l'enfance, c'est-à-dire d'un corpus juridique très détaillé applicable aux personnes de moins de 18 ans. Il concerne l'ensemble des champs civil, économique, social, culturel et politique de la vie. Toutes ces dispositions mériteraient d'être codifiées, le droit pénal n'étant qu'un des aspects de ce statut. La Défenseure des Enfants n'a rien dit d'autre. Les éditions Dalloz ont montré, avec succès, avec le Code junior que l'exercice était possible. Pourquoi ce qui a été fait par une société d'édition ne pourrait pas l'être par la puissance publique ? 2° : Adaptation de la terminologie. Le nouveau code, intitulé « Code de la justice pénale des mineurs », consacre le changement de terminologie, le tribunal pour enfants devenant le « tribunal pour mineurs » et le juge des enfants devenant le « juge des mineurs ». Le magistrat de la cour d’appel délégué à la protection de l’enfance devient le délégué à la protection des mineurs. Autre exemple : l’admonestation devient l’avertissement judiciaire et la remise à parents, la remise judiciaire à parents et / ou aux personnes qui en ont la garde. Commentaire : Personne ne contestera le souci de moderniser la terminologie devenue parfois désuète de l'ordonnance du 2 février 1945. On n'a pas tort de vouloir en terminer avec l'expression "admonestation" ou de préciser ce que veut dire "remise à la famille" En revanche, on doit fermement s'opposer à l'idée de substituer le mot mineur au mot enfant. Il ne s'agit pas alors comme l'avance la Commission d'une attitude sentimentale, mais d'une posture juridique et politique. Pour notre droit, et le droit international auquel nous avons adhéré, la personne de moins de 18 ans est un enfant. A 18 ans, elle devient un adulte, acquiert la plénitude de l'exercice de ses droits et rend compte pleinement de ses fautes. L'enfance est une séquence de vie marquée par des étapes : la petite enfant, l'avant-adolescence, l'adolescence, etc. que notre droit scande. En vérité, on voit bien le souci d'abandonner le terme enfant pour rompre avec toute approche compassionnelle à l'égard des jeunes personnes. La Commission a le souci que le bras de la justice ne tremble pas. Peut être vise-t-elle ces "grands blacks allongés dans les couloirs des palais de justice" (N. Sarkozy, pré-campagne électorale 2007). Elle pense qu'elle tremblera moins à l'égard des mineurs que des enfants. Au passage on oublie qu'avec 6 000 peines de prison ferme, 15 000 avec sursis simples ou mise à l'épreuve, 5 000 peines d'émende, 5 000 TIG notamment sur 75 000 condamnations en 2006, le bras est ferme. Ce faisant on évacue les termes de la CIDE pour lesquels avant 18 ans on est un enfant. Ajoutons que mineur veut bien dire aussi de moindre intérêt. Ce n'est donc pas un terme "plus neutre et plus exact" qu'il est proposé de retenir comme le soutient la Commission. Le rapport fait part de certaines réticences au sein de la Commission sur la mutation proposée. On les partage sur ce point très symbolique. Il est aussi évident que malgré l'affichage la Commission entend prendre des distances même symboliques par rapport à la Convention internationale sur les droits de l'enfant. |
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