A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille
Sciences économiques & sociales
Première ES
Chapitre 5 - La coordination par le marché A l’issue de cette séquence de travail, vous devrez être capable de :
Définir et expliquer les notions d’offre, demande, prix et quantité d’équilibre, preneur de prix, rationnement et surplus
Construire des courbes d’offre et de demande et représenter graphiquement l’équilibre
Montrer en quoi un marché concurrentiel permet une allocation optimale des ressources
II.Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ?
Sensibilisation Document 1 – Le rôle des prix
A – Milton Friedman parle de l’importance des marchés libres…
Chaque jour, chacun d’entre nous utilise un très grand nombre de biens et de services – pour manger, s’habiller (…) [etc]. Nous tenons pour acquis que ces biens et ces services seront à notre disposition quand nous aurons envie de les acheter. (…) Nous ne nous demandons jamais comment il se fait que l’épicerie du coin (…) propose sur ses étagères les articles que nous avons envie d’acheter ; et comment il se fait que la plupart d’entre nous sont capables de gagner l’argent nécessaire à l’achat de ces biens. Il est naturel de supposer que quelqu’un doit donner des ordres pour garantir que les « bonnes » marchandises seront produites et offertes aux bons endroits. (…) C’est une méthode qui permet de coordonner les activités d’un grand nombre de personnes – la méthode de l’armée. (…) Mais cette méthode autoritaire ne saurait être la technique d’organisation exclusive que pour un groupe très petit. (…)
L’intuition fondamentale de La richesse des Nations d’Adam Smith est d’une simplicité déroutante. Si un échange entre deux parties est volontaire, il n’aura lieu que si les deux parties croient en tirer un profit. (…) L’intuition d’Adam Smith est évidente pour un échange simple entre deux individus. Il est beaucoup plus difficile de comprendre comment l’échange peut permettre à des gens disséminés d’un bout à l’autre de la Terre de coopérer, alors qu’ils n’ont en vue que leurs intérêts particuliers. Le système des prix est le mécanisme qui accomplit cette tâche sans direction centrale, sans exiger que les gens se parlent ou se plaisent. Quand vous achetez votre crayon ou votre pain quotidien, vous ne savez pas si le crayon a été fabriqué, ou si le blé a été semé par un Blanc, un Noir, un Chinois ou un Indien. (…) L’éclair de génie d’Adam Smith a été de reconnaître que les prix résultant des transactions de gré à gré entre acheteurs et vendeurs – bref, dans le cadre du marché libre – pouvaient coordonner l’activité de millions de personnes ne recherchant que leur propre intérêt, de façon que chacun en retire un avantage.
Milton et Rose Friedman, La Liberté du choix, ed. Pierre Belfond, 1980
B - … en nous présente un crayon…
Extrait de l’émission Free to Choose - http://www.institutcoppet.org/2012/12/26/le-marche-explique-par-la-metaphore-du-crayon/
Questions :
Rappelez ce qu’est un marché.
A quoi servent les prix sur un marché ?
Existe-t-il des alternatives au marché pour coordonner les acteurs ?
A.Qu’est-ce que la loi de l’offre et de la demande ? 1.Le cadre d’analyse : le modèle du marché concurrentiel Document 2 : Les cinq conditions de la concurrence pure et parfaite
La concurrence pure et parfaite constitue un cadre théorique soumis à de nombreuses hypothèses. (...) Elles sont au nombre de 5 et seule leur combinaison permet au marché de fonctionner idéalement :
- Transparence : l'information de tous les acheteurs est parfaite, immédiate et sans coûts ;
- Atomicité : il existe un nombre important d'acteurs, assez grand pour qu'aucun n'influence les conditions de marché ;
- Homogénéité : tous les biens qui satisfont un besoin particulier sont considérés comme identiques par les acheteurs, quelles que soient leur origine et l'identité́ du producteur ;
- Parfaite mobilité́ des facteurs : le travail et le capital peuvent se déplacer instantanément et sans coût d'une activité́ à une autre, d'un lieu à un autre ;
- Libre accès au marché : les agents ont la possibilité́ de faire des offres et de demandes à tout moment, sans contrainte ni coût (...).
Si l'hypothèse de transparence est vérifiée, le niveau du prix qui se fixe sur un marché de concurrence pure et parfaite signale aux offreurs et aux demandeurs que le bien devient rare et abondant. Grâce aux prix, les entreprises savent quels biens produire [...] Les consommateurs affectent leurs revenus de manière optimale.
Christine Lefebvre, « Les mécanismes du marche. La loi de l'offre et de la demande », Les Cahiers Français, n°345, Juillet-août 2008
Questions :
Qu’est-ce que la concurrence pure et parfaite (CPP) ?
Pour chacun des marchés suivants, dîtes quelle(s) condition(s) de la CPP n’est (ne sont) pas respectée(s).
Marché
| Transparence
| Libre entrée et sortie
| Homogénéité
| Mobilité des facteurs
| Atomicité
| Les services de taxi pour lesquels il est nécessaire d’avoir l’accord de la ville
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| Trois opérateurs se partagent le marché de la téléphonie mobile en France
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| Les médicaments qu’on ne peut produire que si on achète au préalable leur brevet
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| Le marché des voitures d’occasion
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| Le marché des voitures neuves
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| Le marché du travail en France, où les salariés sont moins mobiles qu’aux USA
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2.La loi de l’offre et de la demande et la formation du prix d’équilibre Les déterminants de l’offre et de la demande
Document 3 – Les facteurs d’évolution de l’offre et de la demande
Les consonmmateurs sont disposés à acheter davantage d’un bien lorsque son prix diminue. Par exemple, un prix plus bas peut encourager des consommateurs qui ont déjà acheté le bien à en consommer une plus grande quantité. La baisse des prix peut aussi permettre à d’autres consommateurs, qui n’avaient précédemment pas les moyens d’acheter le bien, de l’acquérir. Bien sûr, la quantité d’un bien que les consommateurs sont disposés à acheter peut dépendre d’autres choses que de son prix, en particulier du revenu. Avec des revenus plus élevés, les consommateurs peuvent dépenser plus d’argent pour chacun des biens, et c’est ce que feront certains consommateurs pour la plupart des biens. (…)
Les changements de prix des biens proches ont aussi une influence sur la demande. Des biens sont substituables lorsque l’augmentation du prix de l’un entraîne l’augmentation de la quantité demandée de l’autre. (…). Des biens sont complémentaires quand l’augmentation du prix de l’un entraîne une diminution de la quantité demandée de l’autre. Par exemple, les automobiles et l’essence sont des biens complémentaires. Puisqu’elles ont tendance à être utilisées ensemble, une diminution du prix de l’essence augmente la quantité d’automobiles demandées. (…)
Plus le prix est élevé, plus les entreprises vont produire et vendre. Par exemple, une prix plus élevé peut inciter les entreprises présentes à augmenter leur production en embauchant des travailleurs supplémentaires ou en faisant travailler leurs travailleurs en heures supplémentaires. (…) De plus elles peuvent augmenter leur production sur une période plus longue en agrandissant la taille de leur usine. Un prix plus élevé peur aussi attirer de nouvelles entreprises sur le marché. Ces dernières supportent des coûts plus importants du fait de leur inexpérience sur le marché et auraient trouvé l’entrée trop coûteuse si le prix avait été plus bas. La quantité offerte peut aussi dépendre d’autres variables que le prix. Par exemple, la quantité que les producteurs sont disposés à vendre (…) dépend (…) de leurs coûts de production. (…). Un coût plus bas de matières premières – en réalité la baisse de n’importe quel coût – rend la production plus rentable, ce qui encourage les entreprises présentes à accroître leur production et rend possible l’entrée de nouvelles entreprises.
R. Pindyck et D. Rubinfield, Microéconomie, Pearson Education, 2005
Questions :
Quels sont les trois facteurs qui influencent le choix des consommateurs ?
Pour chaque couple de produit suivant, dîtes s’il s’agit de biens complémentaires ou substituables ?
Le bœuf et le poulet; les skis et les snowboards; l’encre et le papier; les CD et les places de concert; les ordinateurs et les logiciels; les cours de SES et les peignes à cheveux.
Les choix de consommation sont-ils uniquement influencés par des variables économiques ?
Quels sont les deux facteurs qui influencent l’offre ?
Quel serait l’impact d’une hausse du prix de l’électricité sur l’offre d’ordinateur ?
La construction des courbes d’offres et de demande et la formation du prix d’équilibre
Document 4 – Le marché du logement d’un pays imaginaire
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| Imaginons un pays fictif dans lequel l’offre et la demande de logement en location se comportent comme le décrit le tableau ci-dessous : 
| Questions :
Comment a-t-on procédé pour obtenir le tableau suivant ?
Représentez, sur un repère orthonormé avec les prix en ordonnée et les quantités en abscisses, les droites d’offres et de demandes.
A quel prix offre et demande sont-elles égales ?
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Document 5 – La formation du prix d’équilibre
| A la fin du 19ème siècle, Léon Walras a proposé une représentation du mécanisme d’ajustement qui conduit au prix d’équilibre. Celui-ci serait similaire à celui qui résulterait d’un tâtonnement organisé par un commissaire-priseur dans une bourse de marchandises ou de valeurs mobilières.
Un prix (par exemple P0) est d’abord annoncé par le commissaire-priseur. En se basant sur ce pris, les agents transmettent leurs propositions d’échanges : les acheteurs formulent une quantité demandée (D0) les entreprises une quantité offerte (O0). Si l’offre totale est supérieure à la demande totale, alors le commissaire-priseur révise le prix à la baisse ; il le revoit à la hausse dans le cas contraire (c’est la situation présentée dans le graphique).
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| Un nouveau prix (P1) est annoncé par le commissaire-priseur. Les agents expriment alors de nouvelles propositions d’échanges qui conduiront à une nouvelle modification du prix par le commissaire-priseur (P2 et ainsi de suite).
Un tel processus d’ajustement devrait conduire à un prix qui fasse en sorte que l’offre totale et la demande totale s’égalisent. Ce prix est le prix d’équilibre (P*).
Selon Walras, le mécanisme d’ajustement des prix sur un marché est donc équivalent à celui qui existe dans une bourse : les acheteurs et les vendeurs n’y sont individuellement pas responsables de la formation des prix. Ils considèrent ce prix comme une donnée qui leur est communiquée par le commissaire-priseur. On dit alors qu’ils sont preneurs de prix (ou price taker).
| R. Chartoire et S. Loiseau, L’Economie, Nathan 2010
| Questions :
Définir ce qu’est le prix d’équilibre ?
Présentez la situation de marché au prix P1.
Présentez la situation de marché au prix P0.
Sur un marché en CPP, que se passe-t-il quand le prix proposé ne permet pas d’égaliser les quantités offertes et demandées ?
B.Les modifications de l’équilibre de marché 1.Quelle est l’ampleur de la réaction de l’offre et de la demande à une variation des prix ? La notion d’élasticité demande et de l’offre. Cf. TD Statistiques n°7 – Partie 1 2.Comment réagissent demande et offre à des modifications de facteurs autres que le prix du bien ? La notion de choc d’offre et de demande. Cf. TD Statistiques n°7 – Partie 2
C.Une allocation optimale des ressources ? Une allocation efficace des ressources grâce aux prix
Document 6 – Le rôle du prix dans l’allocation des ressources
Les prix déterminent qui produit chaque bien et en quelle quantité. Voyez par exemple l’agriculture. Comme nous avons besoin de nourriture pour vivre, il est essentiel qu’il y ait des fermiers. Qu’est-ce qui détermine qui sera un fermier et qui ne le sera pas ? Dans une société libre, il n’y a pas d’agence gouvernementale de planification qui décide en ce sens et qui s’assure que la demande de nourriture sera bien servie. Au contraire, l’allocation des travailleurs dans les fermes résulte des décisions des millions de personnes qui prennent des décisions relatives à leur emploi. Ce système décentralisé fonctionne bien parce que ces décisions dépendent des prix. Les prix de la nourriture et les salaires des travailleurs agricoles (le prix de leur travail) s’ajustent de façon telle que suffisamment de personnes trouvent un intérêt à devenir fermier.
Qu’est-ce qui empêche le processus de décision décentralisé de dégénérer en chaos ? Qu’est-ce qui coordonne les actions de millions d’individus qui ont des activités et des ambitions très différentes ? Qu’est-ce qui garantit que ce qui doit être fait le sera effectivement ? La réponse, en un mot, est les prix.
J.E. Stiglitz, C.E. Walsh, J.D. Lafay, Principes d’économie moderne, De Boeck, sept. 2007
Questions :
Pourquoi les décisions individuelles de millions d’individus ne génèrent-elles pas le chaos ?
Pourquoi la formation des prix est un processus essentiel dans une économie de marché ?
Surplus du consommateur cf. Document annexe (diaporama)
Situation de rationnement d’offre et de demande cf. Document annexe (diaporama)
Document 7 – Ajustement par les prix et ajustement par les quantités
Dans le modèle de concurrence pure et parfaite, on suppose que les prix sont parfaitement flexibles. On dit que l’ajustement se fait par les prix, dans la mesure où le prix se modifie jusqu’au moment où il se fixe à niveau qui égalise l’offre et la demande. Seuls les agents économiques qui acceptent de payer ce prix peuvent participer à l’échange. Les producteurs qui ne veulent vendre qu’à un prix plus élevé́ et les acheteurs qui ne veulent acheter qu’à un prix plus faible sont exclus du marché (on parle d’exclusion par les prix).
Dans de nombreux cas cependant, les prix son rigides. Nous avons vu le cas de la fixation par l’Etat de prix maximum (réglementation des loyers) ou minimum (prix agricoles). Mais une telle situation se rencontre dans de nombreuses situations de la vie courante. Par exemple le prix des places de cinéma ne fluctue pas en fonction de l’offre et de la demande. Si dans une salle de cinéma les prix sont à 8 euros et si un film à beaucoup de succès, le prix va rester le même mais lors de certaines séances, tous les secteurs ne pourront pas rentrer faut de place. On dit qu’ils sont rationnés. L’ajustement se fait donc par les quantités.
La situation est la même dans un restaurant. Si le chef a prévu 80 portions de plat du jour à 15 euros et si le plat du jour a beaucoup de succès, le prix sur la carte va rester le même, mais le 81ème client ne pourra pas manger ce plat, il devra choisir un autre plat dans la carte. A l’inverse, si un film n’a pas de succès, l’exploitant de la salle ne baissera pas le prix pour attirer les clients. Il n’y aura qu’une partie des places occupées lors de chaque projection. Dans ce cas l’exploitant est rationné (et souvent il changera le film à la fin de la semaine ou de la quinzaine). Même chose si dans un restaurant, les clients commandent moins de plat du jour que le nombre de portions prévues par le chef ».
Alain Beitone, janvier 2012 Questions :
Expliquez le titre du document.
Les situations décrites dans ce texte vous paraissent-elles courantes ?
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