Pistes
Ressources
Outils
Propositions
LES FABLES DE LA FONTAINE À L'ÉCOLE Philippe ROCHER Décembre 2010
Coordonnateur RRS à Epinay-sur-Seine SOMMAIRE
Introduction
Première partie
Dire, lire, écrire les fables
I : Lire les fables I.1:Les vers et les rimes
I.1.1:« Diversité, c’est ma devise »
I.1.2: La dimension graphique des fables
I.2:Morales et récits I.3:La désignation des personnages, et autres difficultés liées à la lecture des Fables De La Fontaine I.4:Les séquences dialoguées :
la polyphonie des fables et la fonction persuasive I.4.1:Le corbeau et le renard et la persuasion
I.4.2:Le loup et l’agneau et l’argumentation II : Ecrire
II.1:Réécritures
II.2:Transpositions génériques
II.3:Continuations II.4:Imitations II.5:Copies
III : Dire les fables
III.1:Lire à haute voix, seul ou à plusieurs
III.2:Mémoriser en vue d’une interprétation
Seconde partie
Fables en échos et résonances poétiques
Quelques outils pour les mises en réseaux des fables de La Fontaine
I: Le corpus des fables De La Fontaine II: Les sources III: La fable après La Fontaine, la continuation poétique du genre IV: La postérité des fables De La Fontaine, allusions, réécritures et transpositions.
IV.1.: Allusions, citations et influences dans les poèmes contemporains
IV.2 : Détournements, pastiches et parodies
IV.3 :.Transpositions en bandes dessinées et en albums V: Extraits du document d’accompagnement des programmes de littérature à l’école élémentaire
(mise en réseau et programmations des lectures) ANNEXES A : Bibliographie générale et sitographie B: Pour une anthologie école-collège des fables de La Fontaine

INTRODUCTION
La Fontaine n’est pas un écrivain pour enfants. Ce sont bien «les hommes» qu’il s’agit d’instruire, comme l’indique le fabuliste dans son adresse «A MONSEIGNEUR LE DAUPHIN» qui ouvre le premier recueil des Fables. Et le lectorat de La Fontaine était composé de lettrés qui prisaient ses fables comme ils débattaient des œuvres de de Racine ou Molière: c’est que La Fontaine avait anoblit un genre jusque là plutôt didactique et prosaïque réservé au public enfantin en hissant ses Fables au rang de monuments de l’art poétique français. Et qui plus est, La Fontaine comptait certainement sur des destinataires qui non seulement appréciaient sa manière nouvelle, mais comprenaient également qu’à l’édification des esprits et aux intentions satiriques, inhérentes au genre de la fable, s’ajoutait une critique plus ciblée des rapports de force et de pouvoir de son temps. Il n’était d’ailleurs, en ce point, pas toujours aussi explicite que dans La cour du lion ou dans cette fable :
LE RENARD ET LE BUSTE
Les grands, pour la plupart, sont masques de théâtre ; Leur apparence impose au vulgaire idolâtre. L’âne n’en sait juger que par ce qu’il en voit : Le renard, au contraire, à fond les examine, Les tourne de tout sens ; et, quand il s’aperçoit
Que leur fait n’est que bonne mine, Il leur applique un mot qu’un buste de héros
Lui fit dire fort à propos. C’était un buste creux, et plus grand que nature. Le renard, en louant l’effort de la sculpture : « Belle tête, dit-il, mais de cervelle point. »
Combien de grands seigneurs sont bustes en ce point ! La Fontaine n’est donc pas uniquement un «moraliste», d’autant que ses leçons» ne sont pas assénées comme des «vérités» définitives et qu’il ne craint pas d’énoncer des discours contradictoires et que ses morales, parfois implicites, sont souvent ouvertes à l’interprétation et sollicitent la réflexion. L’absence de dogmatisme et de préjugés, une grande liberté d’esprit, vont de pair dans les Fables avec un refus de ne pas se prendre au sérieux et un plaisir de brouiller les pistes aussi manifeste que celui de narrer en utilisant tous les ressorts poétiques de la langue. C’est sans doute cette incertitude que J.-J. Rousseau avait bien vu, lequel recommandait de ne pas donner à lire aux enfants des fables dont les moralités souvent ambiguës n’étaient pas selon lui de nature à leur permettre, à leur âge, de distinguer le bien du mal, et relativisaient paradoxalement la valeur morale de ces textes. Pire même, elles risquaient d’encourager les mauvaises mœurs en valorisant des exemples discutables.
|