Les fables de la fontaine à L'École





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l’intertextualité, ou la relation de coprésence de deux ou plusieurs textes, par citation, plagiat, allusion...

  • la paratextualité, qui concerne la périphérie du texte (son entour), soit les titres, préfaces, illustrations, prières d’insérer etc. (voir Gérard Genette, Seuils, Seuil, 1987).

  • l’architextualité, qui concerne les relations plus abstraites qu’entretient un texte avec son genre et avec ses différentes classes possibles. Tel poème de Rimbaud, par exemple, peut se trouver en relation d’architextualité avec la classe des sonnets, celle plus générale des poèmes, celle des poèmes lyriques, celles des caricatures poétiques...

  • la métatextualité, qui renvoie à «la relation critique», de commentaire d’un texte par un autre.

  • l’hypertextualité, qui désigne, selon Genette, «toute relation unissant un texte B (que j’appellerai hypertexte) à un texte antérieur A (que j’appellerai hypotexte) sur lequel il se greffe d’une manière qui n’est pas celle d’un commentaire. La relation est soit de transformation (parodie, travestissement, transposition), soit d’imitation (pastiche, charge, forgerie...)».

    Les mises de réseau englobent tous ces types de relations «transtextuelles», en privilégiant l’intertextualité et l’hypertextualité. Elles concernent ici prioritairement les textes littéraires, et ne sont pas à confondre avec le travail interdisciplinaire du type «la fourmi dans tous ses états» où les textes documentaires relatifs à un champ disciplinaire donné (histoire, géographie, sciences..) côtoient les textes littéraires, ou encore avec les activités du type "tris de textes" qui visent à distinguer les genres discursifs (écrit journalistique, littéraire, fonctionnel, documentaire, publicitaire...).

    Concernant les Fables de La Fontaine, les groupements de textes autour d’une fable connue constituent bien sûr une des voies possibles. Mais il s’agit aussi de s’approprier une œuvre et de s’y familiariser, de l’inscrire dans la continuité d’une tradition et d’un genre universel dont on pourra affiner la connaissance et que l’on pourra distinguer des autres genres narratifs et poétiques, de l’envisager dans sa postérité et dans les multiples transpositions dont elle a été l’objet, et de la mettre en relation avec d’autres genres par des groupements thématiques (en particulier à travers le bestiaire).

    Les données présentées ici (éléments bibliographiques et historiques, liens «hypertextuels» à plus d’un titre, textes exemplaires...) constituent des matériaux utilisables pour la mise en œuvre de séquences variées à l’école et au collège, pour l’organisation de parcours de lecture et pour la programmation des lectures en «réseaux ordonnés» entre les cycles ou à l’intérieur du cycle 3 à l’école élémentaire : chaque enseignant peut choisir les textes en fonction de leur difficulté et du niveau de classe considéré.

    I : LE CORPUS DES FABLES DE LA FONTAINE

    Certaines fables se répondent explicitement et on pourra par exemple confronter Le corbeau voulant imiter l’aigle et Le corbeau et le renard, la première fable contenant une allusion à la seconde, ou comparer Le lion et le rat et La colombe et la fourmi, qui constituent un ensemble.

    Il est possible aussi d’opérer certains groupements à l’intérieur du corpus des fables accessibles aux élèves. Par exemple, en relation avec Le corbeau et le renard, lire Le renard et le bouc, mais aussi les fables dans lesquelles le renard est confronté à d’autres becs et n’est pas victorieux (Le Renard et la Cigogne, Le Coq et le renard...). Ou encore Le renard et les raisins et Le renard et le buste, et se demander pourquoi La Fontaine à choisi un renard dans ces deux occurrences de textes très courts. Comparer aussi les fables de loup et remarquer que dans Le loup et le chien le loup est plutôt valorisé au détriment du chien... la dimension féroce de l’animal n’étant pas du tout évoquée dans cette fable.

    On pourra également se demander ce qu’il y a de commun entre L’huître et les plaideurs et Le chat, la belette et le petit lapin. Ou aborder les fables présentant une confrontation entre des parents et leur progéniture (Le vieux chat et la jeune souris, Le loup, la chèvre et les chevreaux, Le laboureur et ses enfants..., mais aussi Le meunier, son fils et l’âne, Le cochet, le chat et le souriceau).


    Par ailleurs, l’utilisation, en travail de groupe, de la table des matières des recueils disponibles en classe, ou mieux, de l’intégralité des douze livres des fables, permet une familiarisation avec l’ensemble de l’œuvre par les titres. Les élèves y découvrent le bestiaire complet qu’ils peuvent quantifier et classer selon différents critères (sauvage/ domestique, européen / non européen, par genres et espèces) en cherchant les exemplaires uniques ou très rarement employés, ou à l’inverse en cherchant les espèces les plus présentes. Ils pourront remarquer que le bestiaire n’a pas la proportion attendue et n’occupe qu’une petite partie de l’ensemble. Et ils y découvriront des noms étranges comme «l’escarbot» ou «la lice», et verront que les animaux ne vont pas toujours par deux (ils peuvent être seuls, aller par trois, accompagner un végétal ou un être humain...).

    De ce point de vue le Musée Jean de La Fontaine propose un document pédagogique très utile20 et le poème-hommage de Jacques Roubaud Pour saluer Jean de La Fontaine, peut constituer une excellente introduction à l’étude du bestiaire. On pourra y tester son exhaustivité, vérifier si la fauvette est réellement absente des fables et repérer les faux amis. Sans oublier de remarquer que les cris de tous ces animaux qui incarnent les hommes sont autant de modalités du bavardage humain...

    POUR SALUER JEAN DE LA FONTAINE

    La cigale stridule la fourmi s’active le corbeau croasse le renard glapit la grenouille coasse le mulet porte le loup hurle le chien aboie la génisse mugit le chêne tient bon le roseau plie la chèvre béguète la brebis bêle le lion rugit l’hirondelle trisse le rat des villes couine urbainement le rat des champs couine champêtrement l’agneau bébèle l’homme bavarde le singe hurle le savetier chantonne le financier s’inquiète le meunier admoneste le fils écoute l’âne brait le dragon crache du feu la cigogne glottore le coq coquerique le frelon bourdonne la mouche vrombit le taureau beugle la chauve-souris se peigne la belette fouine l’aigle trompette la colombe caracoule l’astrologue prédit le lièvre vagit le paon braille la chouette ulule le bouc pue la laie nasille l’araignée ourdit le cygne se vante le dauphin cabriole le geai cajole le cheval hennit le cerf brame l’alouette grisolle le poussin piaule le hibou bouboule l’ours grogne la tortue se hâte le héron craquète le vautour plane la lapin clapit la puce saute l’huître bâille le cochon grognonne le mouton tricote l’éléphant barrit le faucon guette le milan huît le rossignol gringotte la couleuvre chuinte le canard cancane le cormoran pêche le perroquet répète le chat-huant hue le moineau pépie l’écrevisse recule la pie jacasse le hérisson se hérisse la gazelle court.
    «et moi ? dit la fauvette, «et moi ?»

    «toi, tu n’es pas dans les fables de monsieur Jean »

    «oui, mais moi je zinzinule»
    Jacques ROUBAUD21

    Conformément à la définition du genre, les animaux restent largement constitutifs de l’univers des fables, en particulier de celles abordées à l’école et au collège. L’étude de la symbolique des animaux les plus utilisés permettra de déterminer quels types humains et quelles caractéristiques ils incarnent et de montrer que les attributs physiques ou psychologiques ne sont pas choisis au hasard. Certaines représentations associées aux animaux sont en effet telles qu’elles sont inscrites dans la langue à travers les expressions idiomatiques du type «rusé comme un renard», «malin comme un singe», «têtu comme une mule» etc., ou  dans la gueule du loup», dont il sera utile de faire l’inventaire.

    La composition des titres est souvent duelle et suggère, parfois à tort (voir La colombe et la fourmi), un conflit entre deux personnages. Les titres créent par cette dualité un «horizon d’attente» (voir H.R.Jauss, Pour une esthétique de la réception, Gallimard, coll. Tel) et suscitent beaucoup l’imagination. On pourra remarquer que les titres confrontent souvent des petits animaux aux plus grands et que cette différence constitue parfois le sujet de la fable.

    Les titres peuvent aussi amuser et étonner. Que peut-il bien se passer en effet entre L’âne et le petit chien ou Le vautour et les pigeons ? Et si pour ceux-là une rencontre est vraisemblable, que dire pour La lionne et l’ours, Le singe et le chat et Le singe et le dauphin dont les élèves savent bien que leur rencontre naturelle est peu probable ? Et, au-delà de toute opposition, qu’est ce qui peut bien réunir Le chameau et les bâtons flottants ?

    Les titres, comme les illustrations constituent, pour leur potentiel narratif, d’excellents points de départ à l’écriture de fables par les élèves.

    La comparaison d’éditions différentes peut être l’occasion de travailler des notions paratextuelles et éditoriales importantes : la différence anthologie/œuvre complète, les notions de recueil, volume, tome...les différences de format, l’album illustré. Les fables étant réparties en douze «livres» on pourra étudier les différentes acceptions du mot «livre». Enfin, les illustrations sont également propices aux groupements anthologiques par fable ou par illustrateur.

    II : LA FONTAINE ET SES SOURCES, QUELQUES DONNÉES

    Les mises en réseau peuvent aussi s’opérer en comparant une fable à son équivalent chez Ésope, Phèdre ou tout autre auteur accessible antérieur à La Fontaine (en particulier les isopets médiévaux). Les fables d’Ésope sont généralement plus simples, concises, moins alertes et présentent peu de scènes dialoguées, et la notice «Ésope» des documents d’accompagnement des programmes de littérature du cycle 3 (2002) indiquent à leur propos :

    Parmi les éditions proposées par les éditeurs jeunesse, on en choisira une respectant la forme originelle des fables : un texte en prose, un style sans fioritures et une moralité conclusive. En effet, de nombreuses éditions sont plutôt des réécritures contemporaines, prêtant à Ésope des formes de fables plus proches de La Fontaine - versifiées, au style imagé. Il est notamment intéressant de comparer les fables d’Ésope à celles de La Fontaine, encore faut-il que leur esthétique soit bien distincte. On fera constater aux élèves qu’un thème commun est traité dans un style différent, que les moralités diffèrent aussi, et que, d’une façon générale, les deux projets littéraires sont sans commune mesure : chez Ésope, toutes les victimes méritent ce qui leur arrive, il s’agit donc du projet d’un moraliste, chez La Fontaine, la satire d’une société prédomine...22

    LE CORBEAU ET LE RENARD

    Un corbeau, ayant volé un morceau de viande, s’était perché sur un arbre. Un renard l’aperçut, et, voulant se rendre maître de la viande, se posta devant lui et loua ses proportions élégantes et sa beauté, ajoutant que nul n’était mieux fait que lui pour être le roi des oiseaux, et qu’il le serait devenu sûrement, s’il avait de la voix. Le corbeau, voulant lui montrer que la voix non plus ne lui manquait pas, lâcha la viande et poussa de grands cris. Le renard se précipita et, saisissant le morceau, dit : « Ô corbeau, si tu avais aussi du jugement, il ne te manquerait rien pour devenir le roi des oiseaux. » Cette fable est une leçon pour les sots.

    ÉSOPE (traduction d’Émile Chambry)

    Rappelons que le titre du premier recueil de La Fontaine est Fables choisies. «Choisies» car puisées, entre autres, dans le stock du fabuliste grec Ésope, lui-même traduit en vers latins par Phèdre, qui donna également ses propres fables, suivi par Aphtonius et Avienus. À l’époque de La Fontaine, la Mythologia Aesopica (1610) de Nicolas Névelet constituait la compilation de référence des textes des fabulistes de l’antiquité, dont des traductions étaient par ailleurs régulièrement éditées, telle, en 1647, celle des Fables de Phèdre, affranchy d’Auguste, traduites en françois, avec le latin à costé, pour servir à bien entendre la langue latine et à bien traduire en françois, de Louis-Isaac Le Maistre de Sacy.

    La tradition ésopique de l’apologue (autre nom pour la fable) se poursuivra au Moyen Age avec les isopets (ou ysopets) et les avionets, écrits le plus souvent par des auteurs anonymes. Ce sont des fables inspirées d’Ésope, et surtout de Phèdre, écrites en langue «vulgaire», d’abord en octosyllabes à rimes plates, et plus tard en prose. Les plus célèbres, outre les anonymes, sont le Ésope de Julien Macho (XVe siècle) et les fables de Marie de France (XIIe).

    Mais il semblerait que ce prolongement médiéval inspira moins La Fontaine que les auteurs humanistes qui ont perpétué la tradition ésopique à la Renaissance, comme les italiens Abstemius dont les Fables d’Ésope tournées en vers latins seront traduites en français en 1572 sous le nom d’Hecatonmythium, Verdizzotti et ses Cent fables morales (1570) et Faërne dont les Cent fables choisies des anciens auteurs, Mises en vers latins (1564) seront traduites en français par Ch. Perrault en 1699, soit quatre ans après la mort de La Fontaine. La France n’étant pas en reste, La Fontaine connaissait aussi bien les Trois cent soixante et six apologues d’ Ésope traduicts en rithme françoise par Guillaume Haudent (1547), que Les fables du très ancien Ésope, phrigien, premièrement écrites en graec et depuis mises en rithme françoise de Gilles Corrozet (1542), ou les Récréations et joyeux devis de Bonaventure des Périers (1510-1544) et les Fables d’Ésope en quatrains d’ Isaac de Benserade (1678)23.

    LE RENARD ET LE CORBEAU

    Le renard du corbeau loua tant le ramage,
    Et trouva que sa voix avait un son si beau,
    Qu’enfin il fit chanter le malheureux corbeau,
    Qui de son bec ouvert laissa choir un fromage.

    Ce corbeau qui transporte une vanité folle,
    S’aveugle et ne s’aperçoit point
    Que pour mieux le duper, un flatteur le cajole :
    Hommes, qui d’entre vous n’est corbeau sur ce point.

    Isaac de Benserade

    À partir du second recueil des Fables, La Fontaine élargit ses sources d’inspiration au vaste domaine oriental avec Les fables de Lockman surnommé le Sage, les Exemples de la Sagesse des anciens Indiens publié par R.P. Poussines, et le Panchatantra indien («les cinq livres» en sanscrit) attribué à Pilpay (ou Bidpay). Ce dernier texte, source du Livre de Kalîla et Dimna, et connu à l’époque sous le nom de Fables de Pilpay, était parvenu en Europe grâce à des grands voyageurs comme Bernier (retour des Indes en 1669). La Fontaine en a découvert une traduction intitulée Le livre des Lumières ou la Conduite des Roys, composé par le sage Pilpay, traduit en français par David Souhid d’Ispahan, Ville capitale de Perse, dont le traducteur était en réalité l’orientaliste Gilbert Gaulmin.

    Enfin, La Fontaine puise également à des textes appartenant à des genres variés : les Satires ou les Épîtres d’Horace, les Géorgiques de Virgile, les Métamorphoses d’Ovide, les Symposiaques de Plutarque, les Images de Philostrate, Les Nuits attiques d’Aulu-Gelle, Les travaux et les jours d’Hésiode, Le Roman de Renart, les Facéties du florentin Pogge (1380-1450), les Adages d’Erasme, les Piacevoli notte («les nuits facécieuses») de Straparola (environ 1550), les Emblèmes d’Alciat, des épîtres de Clément Marot (1496-1544), Le quart livre de Rabelais, Le théâtre des animaux auquel sous diverses fables et histoires est représenté la pluspart des actions de la vie humaine, de Desprez (1644).

    Il va de soi que tous ces auteurs passés en revue ne sauraient être étudiés en classe. Il n’en demeure pas moins qu’Ésope, malgré son antériorité, sa notoriété et sa lisibilité, ne doit pas faire écran en étant considéré comme le seul auteur source utilisable à côté de La Fontaine, et que l’histoire des fables ne saute pas allègrement plusieurs siècles du premier au second.
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