B.Cohésion sociale et individualisme sont-ils compatibles ? Document 5 – L’individualisme : des effets ambivalents sur le lien social
L’individualisme moderne renvoie à des sociétés composées de personnes de plus en plus singularisées, au sens d’une plus grande valorisation du « je » par rapport au « nous ». En occident, il aurait été amorcé par la Renaissance selon le sociologue allemand N. Elias. C’est un processus social et historique à la confluence de logiques plurielles : l’émergence dune intimité de l’être, le contrat de travail personnel, l’individualisme marchand, les droits du particulier, la citoyenneté ou les transformations de la famille patriarcale. Dans les années 1950-60, une accélération du processus est observée, d’abord aux Etats-Unis, puis en Europe. Les auteurs les plus favorables (comme le britannique A. Giddens) parlent de « seconde modernité » et les plus critiques (tel l’américain R. Senett) de narcissisme pour caractériser cet individualisme contemporain. Ce dernier, en France en ailleurs, révèle une ambivalence. D’une part on en idenfifie les aspects régressifs : décomposition des liens sociaux antérieurs (par exemple dans le travail) ou pathologies narcissiques. D’autre part, on y repère des composantes d’une émancipatrices : élargissement des marges quotidiennes ou constitution de liens sociaux plus respectueux des individualités (par exemple dans les familles recomposées).
P. Corcuff, « L’individualisme à l’épreuve du néocapitalisme », Alternatives économiques, HS. N°89, 2011
Questions :
Qu’est-ce que l’individualisation ?
En quoi la montée de l'individualisme a-t-elle des effets ambivalents sur l'individu ?
Document 6 – Le risque des sociétés modernes : l’anomie et la désaffiliation
Parler de cohésion sociale est une manière de nommer les rapports d’interdépendance qui doivent unir tous les membres d’une société. Lorsque ces relations existent, on peut parler de société intégrée, ou de « société de semblables » pour reprendre une expression de Léon Bourgeois, penseur et homme politique important de la IIIe République (il fut plusieurs fois ministre et son livre Solidarité est l’ouvrage de référence du courant de pensée appelé « solidarisme » qui a inspiré les politiques sociales de la IIIe République). Une « société de semblables » est une société dans laquelle tous les individus qui la composent sont intégrés, c’est-à-dire sont associés pour exister ensemble et former une communauté. Parce qu’une société moderne est une société différenciée, dans laquelle les écarts se creusent entre les rôles occupés par chacun en fonction des progrès de la division du travail, elle est au contraire menacée de dissociation. Emile Durkheim appelle anomie ce manque d’intégration qui guette une formation sociale dans laquelle les relations de réciprocité ne sont pas maintenues ou restaurées par-delà la différenciation croissante des tâches accomplies par des individus et des groupes de plus en plus divers (…) [Cette question n’est pas nouvelle puisque, dès la fin du 19ème siècle, une prise de conscience se fait jour face aux transformations comme l’urbanisation, la salarisation, le développement de la mobilité géographique…] Il apparaît alors que les formes antérieures de cohésion sociale fondée sur la proximité sociale et géographique entre des individus liés par des relations d’interconnaissance sont en déclin. ON peut nommer désaffiliation ce processus de rupture avec les attaches antérieures qui risque de laisser les individus isolés, livrés à eux mêmes.».
R Castel in Les mutations de la société française, Les grandes questions économiques et sociales, La Découverte, coll. Repères, 2007.
Questions :
Rappelez la définition de l’anomie et de la désaffiliation
Expliquez la phrase soulignée
Quels sont les risques induits par l’individualisme ?
Document 7 – Le développement de liens plus choisis et plus libres - Manuel Hachette doc 4 p.259 questions 1 à 4
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