Ministère des Solidarités, de la Santé et de la Famille République Française Paris, le 23 décembre 2004
ANNEXE III – RAPPORTS DU CNRPA ATTENTES ET BESOINS DES SENIORS 1 --
INTRODUCTION: Le Comité National des Retraités et Personnes Agées (CNRPA) composé notamment de 16 organisations et associations de retraités et de personnes qualifiées revendique à ce titre un caractère représentatif des 12 millions de seniors dans notre pays. Cette population est une mosaïque socio-culturelle qui n'a d'égale que celle de ses revenus. S'agissant de ses attentes et de ses besoins, il va de soi qu'ils évoluent très significativement suivant l'avancée en âge et la survenance éventuelle - surtout pas fatale - des incapacités qui obèrent son autonomie. Qu'attendent les seniors : S'agissant de leurs attentes d'abord, le CNRPA déclare solennellement qu'ils espèrent vivement en une autre considération de la part de la société française à leur égard et que cesse toute forme de discrimination procédant de l'âge, l'emploi par exemple. Le regard que porte notre société sur le temps de la retraite est encore négatif s'exprimant en termes de charge, de coût. Plus grave encore est cette volonté, au travers de la comparaison intergénérationnelle portant sur les revenus et les patrimoines, de les culpabiliser aux yeux des générations plus jeunes, "sacrifiées" osent même dire certains auteurs omettant (au sens manipulatoire du terme) de citer la mosaïque de revenus à l'image de la société active. S'il y a des "vieux" qui courent le monde et font "la une " des magazines, il y en a beaucoup plus qui survivent dans des logements insalubres.
A cet égard, ils attendent que soient reconnus les nombreux transferts financiers que celles et ceux qui le peuvent, même en se privant, effectuent en direction de leurs ascendants, descendants, et même petits descendants, contribuant largement ainsi à maintenir la cohésion sociale. Ils attendent que soit reconnu (pourquoi pas fiscalement) l'engagement bénévole, associatif de nombre de seniors qui, dans les secteurs sociaux notamment, de l'alphabétisation à l'aide à domicile en passant par l'encadrement de clubs sportifs, se donnent avec cœur et conviction. Et puis, quand surviennent des incapacités, des besoins particuliers apparaissant, que nous développons ci-après - Ces besoins, non plus, n'ont pas à être stigmatisés comme ils l'ont été en 2002. Rappelons-nous : "il faut sauver l'APA" ! et partant, on a diminué un droit qui venait d'être institué. Droit qui, en fait, ne reconnaissait que le 3ème volet de ce que devrait être notre système de santé (selon le Dr Colvez) : Les maux et états chroniques handicapants. Les deux premiers volets sont : les maux aiguës et les maux chroniques. Tout cela devant se situer bien entendu dans le cadre de la sécurité sociale. En définitive et pour simplifier le propos, les seniors veulent avant tout être considérés, au sens le plus noble du terme, comme des citoyens et assurés sociaux assumant leur devoir de contribution à la vie en société, pour la rendre plus juste, plus cohérente, plus fraternelle. LES BESOINS DES SENIORS EN PERTE D'AUTONOMIE : Il y a un tronc commun entre les besoins des enfants, des adultes et des seniors , il y a spécificité pour ces derniers par tranche de population, sinon par individu, aucune personne ne ressemblant à une autre personne. On trouve dans la loi de janvier 2002, rénovant la loi de 1975 relative au social et au médico-social, une esquisse de la méthode à mettre en œuvre, à savoir :
analyser les besoins,
inventorier ce qui existe,
organiser dans un esprit de complémentarité.
Dans ce qui suit, nous nous bornerons à évoquer les orientations claires qui apparaissaient dans les réflexions menées lors de l'AIPA (Année internationale des personnes âgées) dont le rapporteur était Monsieur Jean-Marie Palach, dans les synthèses des groupes de travail "post-canicule" et celles qui ressortent de nos contacts et réflexions propres. Ces réflexions sont plutôt axées sur le service à la personne âgée pour laquelle nous formulerons successivement quelques principes, pour une politique de la longévité, et ensuite quelques orientations parmi celle que nous considérons comme les plus urgentes, conscients que les réalisations doivent être planifiées. QUELQUES PRINCIPES : 1 - Evaluer en permanence les besoins :
Ils sont la somme de ceux à venir eu égard aux projections démographiques et de ceux d'aujourd'hui insatisfaits. Ils se situent de façon différente sur le territoire et relèvent également du plan national dans la définition même des politiques à mettre en œuvre. 2 - Avoir pour seul objectif la personne âgée qui doit être au centre de la définition d'une politique de la longévité. 3 - Imaginer un autre financement qui ne reposerait plus sur les personnes concernées et leurs familles au niveau actuel, à la limite de l'insupportable, pour la majorité d'entre elles. DEUX ORIENTATIONS MAJEURES:
le bien vieillir à domicile et l'amélioration de l'accueil en établissements?
I - Bien vieillir à domicile : A quelles conditions ?
- Développer la prévention :
C'est la prévention qui retardera la survenance de la perte d'autonomie sinon l'évitera totalement. En plus des actions déjà mises en œuvre aujourd'hui par les villes, les caisses primaires d'assurance maladie et les ONG, il conviendrait de reconnaître un statut particulier aux acteurs de cette prévention dont beaucoup sont bénévoles et partant, affirmer la nécessité du développement de la prévention comme l'a préconisé le CNRPA dans son rapport de juin 2002, sur « la mise en œuvre d’une politique active de prévention et d’éducation pour la santé ». Par ailleurs, des consultations périodiques de prévention doivent se faire sans limite d'âge. Leur contenu doit être adapté aux seniors. Il n'est pas favorable à la prévention de passer d'une médecine de travail à ……rien.
- Mieux informer les personnes âgées :
Il s'agit, un portail dédié étant créé au niveau gouvernemental, de les informer par les institutions locales de l'existence des "tables d'orientation" qui de façon pratique leur donneraient toutes indications dans les moments difficiles qu'ils traversent. L'Etat doit jouer ici un rôle incitateur pour la poursuite du programme d'implantation des CLIC.
- Pallier les difficultés de mobilité :
Il y a ici un secteur d'accompagnement à développer qui par suite d'une réelle désertification des campagnes et des difficultés que rencontrent les personnes en situation de handicap à se déplacer en ville, est le seul de nature à contribuer au "bien vieillir à domicile".
- Adaptation de l'habitat :
On peut dire que la situation générale s'est améliorée. Toutefois, dans l'habitat ancien des villes et dans les maisons d'un autre âge en campagne, il y a fort à faire qui pourrait peut être s'inscrire dans le volet habitat de la loi pour la cohésion sociale.
- Comment aider pour que l'on puisse continuer à vivre à domicile.
1-5-1 - Promouvoir des services polyvalents.
Ces services polyvalents qui commencent à émerger, comprennent l'aide à domicile pour toutes les personnes en situation de handicap ainsi que le soin infirmier. Les deux , assurés par des professionnels distincts, les budgets étant bien entendu séparés par ce qui relève de l'assurance maladie et l'autre partie par la CNSA (pour simplifier). 1-5-2 - Poursuivre la création de places en l'adaptant aux besoins tant dans le secteur du soin que dans celui de l'aide (en facilitant notamment la formation des personnels et le remplacement de ces personnels pendant les périodes de formation). 1-5-3 - Faciliter le retour à domicile après hospitalisation .
Cette démarche doit se situer dans le partenariat effectif entre les services des grands secteurs encore trop cloisonnés à ce jour, le secteur sanitaire et le secteur social. 1-5-4 - L'hébergement temporaire.
Afin de répondre aux situations difficiles qui peuvent être le fait des personnes concernées ou plus simplement de celui des aidants, il convient de développer les places d'hébergement temporaire, les seuls qui répondent aux nécessités de répit pour les valides et de permanence des aides et soins pour les autres.
- Améliorer l'accueil en établissements et services : Comment ?
2-1-En analysant les besoins en capacités nouvelles, se basant, certes sur l'évolution démographique mais en la corrigeant de l'augmentation de la durée de vie sans incapacité. Cette analyse nous semble d'autant plus importante qu'elle pourrait apporter un écho "affaibli" aux "tendances médicalisantes". 2-2 En inventoriant la capacité du parc existant et en incluant bien entendu, dans cet inventaire le ratio d'encadrement pour les seuls personnels en contact avec les résidants. Il faut ici se donner un radio objectif supérieur au ratio actuel. 2-3 En estimant, à partir des paramètres ci-dessus identifiés, les besoins de création tant en personnels qu'en places. 2-4 Oser une réflexion sur la qualité offerte aux personnes concernées tant sur les établissements actuels que sur les besoins futurs. Ne lit-on pas dans le rapport de synthèse du groupe "post-canicule" n° 2 "offre et qualité de l'hébergement collectif des personnes âgées" sous le titre "un besoin d'évolution, 'amélioration et d'adaptation des structures existantes" : « Abandonner la notion d'établissement d'hébergement au profit de celle de "résidence" ou de logement afin de faire référence à l'habitat et permettre de changer l'image de ces structures et le regard que leur porte le public ». 2-5 La post-hospitalisation : Lors de l'entrée à l'hôpital, généralement par le service des urgences, une évaluation globale de l'état de santé de la personne âgée n'a pu être faite. Il convient donc d'accélérer la mise en place des dispositifs prévus par les circulaires du 18 mars 2002 relative aux filières gériatriques et du 16 avril 2003 relative à la prise en charge des personnes âgées aux urgences. 2-6- Le renforcement de la coordination : Il passe par l'intensification de l'implantation des Clic et très prochainement par leur rapprochement avec les Maisons départementales des personnes handicapées. L’Etat doit demeurer l’initiateur de la politique qu’il a définie. Par ailleurs, les réseaux de santé qui comprennent tous les partenaires sanitaires hospitaliers, libéraux, sociaux et médico-sociaux constituent une réponse pré et post-hospitalisation et peuvent dans de nombreux cas l'éviter et favoriser ainsi le soutien à domicile pour l'y maintenir.
3 EN GUISE DE CONCLUSION: Il nous a semblé en définitive plus judicieux de rappeler nos préoccupations spécifiques relatives au vieillissement des personnes et à leur aspect créateur d'emplois de service, de tous niveaux de spécialisation. Il faut en permanence avoir présent à l’esprit que tout ce qui se fait en direction de la longévité à une incidence positive sur l’emploi. Alors, il est vrai que nous n'avons pas cité des emballeurs d'achats aux caisses des grandes surfaces ni des percepteurs de tickets à la sortie des parcs de stationnement... Par contre, devrait se développer un nombre important de services à domicile tels pédicures, manucures, coiffeurs, lecteurs, partenaires de jeux qui valent surtout pour des personnes que nous représentons.
Le Vice-Président du CNRPA
Georges GRULOIS 
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