Un programme de rupture avec l’État social et les droits, des ouvertures probables sur des questions de société 6





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20 juin 2017

Document de travail à discuter

à la réunion plénière du CAC le 24 juin

Les associations citoyennes face aux projets d’Emmanuel Macron



Le programme de travail (feuille de route) fixé par le Président de la République au gouvernement soulève pour les associations citoyennes une série de questions. Sans méconnaître l’enthousiasme et la volonté d’améliorer les choses des députés nouvellement élus, nous avons le devoir d’analyser lucidement les projets qui sont mis sur la table et de jouer notre rôle d’alerte et de mise en commun de réflexion.

Ce document de travail résulte des nombreux riches commentaires effectués par les membres du Conseil d’administration et du groupe veille politique du CAC sur une première version. Qu’ils soient ici remerciés.

Sommaire


Les associations citoyennes face aux projets d’Emmanuel Macron 1

Sommaire 1

I Une marche forcée vers le néolibéralisme 3

Les fondements du projet d’Emmanuel Macron 3

Un tsunami qui menace d’emporter les valeurs de la République et les règles de la démocratie 3

Une vaste opération de communication 3

Un renouvellement très relatif 3

Un pas de plus dans la pensée néo-libérale : « tous entrepreneurs » 4

Tous milliardaires ! 5

Un programme de rupture avec l’État social et les droits, des ouvertures probables sur des questions de société 6

La « libération » du travail 6

L’accentuation de l’ordre libéral européen 6

Le glissement vers un régime autoritaire ? 6

Ne pas sous estimer la capacité tactique d’Emmanuel Macron 7

Des ouvertures probables sur des questions de société 7

Un président philosophe ? 7

La recherche d’un néolibéralisme de seconde génération. 7

II Comment les associations citoyennes peuvent résister et construire dans ce nouveau contexte ? 8

Face à ces perspectives, quel monde voulons-nous ? 8

Contribuer à l’émergence des innovations politiques, sociales, culturelles 8

La transition écologique, enjeu majeur, faille du système 8

Articuler les différentes formes de lutte 9

Faire connaître le sens de l’action associative et la contribution des associations à l’innovation sociale 9

Faire connaître la richesse et le sens des initiatives citoyennes de terrain 9

L’innovation sociale n’est pas dans l’ubérisation mais dans l’invention d’un avenir vivable 9

L’intelligence collective et la gouvernance partagée sont préférables au charisme du chef 10

Mener la bataille sur le sens des actions 10

Comment s’adapter, résister et construire dans ce nouveau contexte ? 10

Revenir aux fondamentaux 10

Faire une analyse lucide et complète des forces et faiblesses internes du monde associatif 11

Retrouver la dimension politique de l’éducation populaire 11

Multiplier les lieux d’entraide, de réflexion et d’action commune 12

Construire des réponses avec les collectivités citoyennes 12

III Conclusion : agir ensemble dans un esprit de rassemblement 12



I Une marche forcée vers le néolibéralisme




Les fondements du projet d’Emmanuel Macron




Un tsunami qui menace d’emporter les valeurs de la République et les règles de la démocratie


Nous avons tous sous-estimé l’ampleur du rejet des partis de gouvernement. Les élections législatives ont emporté beaucoup d’élus solidement implantés, et les appareils politiques, vermoulus, se sont écroulés. Ce véritable tsunami risque de remettre en cause un peu plus les valeurs de la République, déjà bien écornées, et des règles de la démocratie dont les hommes politiques de la droite et de la gauche de gouvernement se réclamaient – sans toutefois les mettre en pratique. Beaucoup de nos concitoyens pensent que ces règles ont échoué, car elles n’ont pas été appliquées, ou n’ont empêché ni le chômage, ni la corruption. Ce sentiment s’est accentué en cours de campagne sous l’effet d’une communication « disruptive ».

Une vaste opération de communication


En effet, la fabrication du candidat Macron a d’abord été une opération de communication utilisant toutes les techniques de la publicité. Le soutien de la presse, aux mains des grands groupes, est d’ores et déjà acquis au nouveau gouvernement. Emmanuel Macron lui-même joue son propre rôle – comme au théâtre – variant les registres de langue au gré des auditoires. Comme sous Hollande ou sous Sarkozy (et bien avant) les fausses questions ont remplacé les vrais problèmes, alors que la cohésion sociale réclamerait de vrais et nombreux débats citoyens.

Qu’est ce que la disruption ?

La disruption a toujours signifié « rompre », « briser en morceaux ». Le mot a été utilisé abusivement en économie pour désigner une innovation radicale. Dans le domaine de la communication, la disruption est une méthode de communication publicitaire qui s’appuie sur une identification des croyances, des normes, des représentations et des règles, et mettre en place une communication qui brise les codes établis avec une idée, puis redéfinit les règles en fonction de nouvelles valeurs1. Comme l’avait fait Tony Blair et 1997, les thèmes de campagne d’Emmanuel Macron ont été déterminés à partir d’enquêtes d’opinions montrant ce que refusaient les électeurs, ce qui était usé, pour prendre le contre-pied. Malgré son cynisme, cette méthode met le doigt sur les faiblesses internes de la démocratie et ce qui indigne les électeurs. Si cette stratégie a triomphé aussi facilement aujourd’hui, c’est qu’elle s’appuyée sur un constat réaliste de l’usure et du rejet. La puissance d’une communication maîtrisée par l’argent fait partie des éléments nouveaux qui n’ont pas été pris en compte par les institutions républicaines.

Avant les élections législatives, cette communication a offert aux électeurs la vision angélique d’un avenir lisse, d’une société dans laquelle disparaîtraient les conflits2. Alors qu’en fait, contrairement à cette fiction, il va s’agir maintenant de la remise en cause violente de dispositions légales protectrices et de droits fondamentaux.

Un renouvellement très relatif


L’axe principal de la campagne a été de donner une image de renouvellement.3. Celui-ci, affiché pour les députés de base, est effectif au niveau des têtes, mais pas des catégories professionnelles4. Au sommet, il s’agit plutôt d’un renouvellement de façade, avec toujours beaucoup de technocrates qui jouent à saute-mouton entre le privé et public. Pour eux, le progrès consiste à aller plus loin dans le managérialisme5. Quant aux hommes de l’ombre, les dirigeants des médias et des grandes entreprises qui ont amené Macron au pouvoir, qui l’ont financé et aidé par leurs conseils, il ne s’agit pas de néophytes et ils ne sont pas nouveaux.

Pacôme Rupin, député de Paris, député start-uper

Pacôme Rupin, 32 ans, a été élu député du 4ème arrondissement. Un homme neuf : école de commerce, entrepreneur social dans le groupe SOS, puis dans l’écosystème start-up dans la pépinière 27 du 11ème arrondissement. Quel est son programme ? « J’ai énormément d’énergie ce matin. J’aime bien les brasseries pour le lien social, le café, etc. J’ai toujours pris le métro je n’aurais pas de chauffeur parce que c’est de l’argent public et chaque euro doit être utilisé au maximum pour l’intérêt du citoyen. Je sens de plus en plus la mesure du rôle que je vais pouvoir jouer ». Effectivement, tout un programme (voir le lien)

Un pas de plus dans la pensée néo-libérale : « tous entrepreneurs »


Le discours développé pendant la campagne puise dans un discours social-libéral qui n’a rien de nouveau, mais n’avait cependant jamais été porté aussi ouvertement au sommet de l’État6. On peut la résumer en 7 points :

- L’individualisme devient la valeur suprême : « mon objectif, c’est davantage de prise en compte des destins individuels que des destins collectifs », « le véritable enjeu de la politique est de donner à chaque individu la capacité de réaliser son destin et d’exprimer son talent ».

- Chacun doit prendre des risques : « Nous allons réconcilier notre pays avec le goût du risque, du droit au chômage pour tous avec la volonté d’entreprendre, avec la volonté de créer, à tous niveaux ». La société est conçue comme une vaste start-up (voir encadré). L’ubéralisation généralisée de la société est présentée comme un modèle qui va libérer la capacité créatrice des individus.

- Cela signifie la fin des statuts, des protections accordées par la loi (fin de la protection sociale, affaiblissement du Code du travail, fin des protections accordées à certaines professions réglementées ou catégories protégées (les notaires, mais aussi les personnes handicapées). La retraite doit être calculée en fonction du parcours de chaque individu, quels que soient les aléas de la vie. Toutes les sécurités, toutes les protections sont présentées comme des archaïsmes et des rigidités. La loi 1901, les statuts associatif, coopératif, mutuel en font partie.

- L’égalité des chances au départ permet de redonner à chacun le goût du risque afin « que chacun puisse courir à la vitesse qu’il veut, ou même ne pas courir s’il n’a pas envie de courir, mais au moins qu’il puisse partir de la même ligne de départ ».

- La modernité et l’innovation sont présentées comme des impératifs majeurs face aux bouleversements du monde et des progrès technologiques jugés de plus en plus rapides, qui vont casser en permanence ce qui existe, même depuis peu, au profit de ce qui est nouveau et forcément plus moderne.

- Chacun peut se réaliser, ça ne dépend que de lui. C’est une philosophie qui prend le parti de l’optimisme. « Nous sommes l’audace qui veut réconcilier, qui veut forcer à l’optimisme volontaire qui est le nôtre et pour changer à jamais le visage de la France ».

- Le renouvellement et la simplification sont présentés comme des promesses d’amélioration.

Cependant, rien n’est envisagé pour contraindre l’économie, qu’il s’agisse du réchauffement climatique ou de l’emprise du capitalisme sur la vie des gens. Le pouvoir se contente d’apporter un certain nombre de « bouées de sauvetage » dans les cas les plus dramatiques. En ce sens on peut le qualifier de social libéral7.

Ce discours, même s’il se veut général, trouve un écho surtout chez les entrepreneurs, les classes supérieures et dans le monde de l’entreprise. Il fait de la France une vaste entreprise qu’il faut mener à la réussite.

Le modèle des start-up

Le 13 avril, Emmanuel Macron est intervenu au sommet des start-up organisée par Challenges. « L’audace, l’agilité presque animale qui incite à se relever, à faire pivoter un modèle d’affaires, à réinventer son projet initial. La soif d’apprendre, de découvrir et de faire différemment. La France doit devenir la nation des start-up. Il faut passer d’une économie du rattrapage à une économie de la compétence ou l’on donne des chances à chacun, où les talents et mérites peuvent se révéler d’où qu’ils viennent et les accélérations sont des opportunités ». De fait, ce discours s’adresse à ses pairs. Il concrétise le rêve des jeunes diplômés, qui n’ont pas connu l’échec, de transformer la société à leur image.

Les envolées lyriques en faveur de la start-up ont plus d’écho auprès des étudiants des grandes écoles que des jeunes de banlieue. Mais ce discours passe auprès des classes moyennes car les valeurs de l’individualisme et le désir de s’enrichir marquent profondément l’éducation, les relations sociales, les médias, y compris les réseaux sociaux. Il laisse entendre « qu’il n’y a pas de jeunes condamnés, il y a seulement des jeunes sans projet ». Un miroir aux alouettes qui ne date pas d’aujourd’hui, mais qui marche toujours car il cristallise une sorte d’espoir.

Tous milliardaires !


Ce discours traduit aussi la méconnaissance par les élites bourgeoises de la société réelle dans son immense majorité. En effet, la création d’entreprises suit deux tendances :

- la courbe de l'ubérisation des emplois dans les services, et concerne des jeunes dotés d’un faible capital scolaire, qui recourent au statut d'auto-entrepreneurs pour échapper au chômage ;

- l'inclination des hauts diplômés à devenir consultants ou créateur d’entreprises. Le profil type est celui d’hommes jeunes, sortant des grandes écoles et écoles de commerce.

Les premiers deviennent sous-traitants de grandes entreprises, assument les risques inhérents à leur statut ainsi que leur propre protection sociale, dans la plus grande précarité. L’illusion dans ce domaine ne peut pas être durable. Pourtant, Emmanuel Macron envisage de créer des « emplois francs », résurgence des zones franches de la politique de la ville, déclarant que « les jeunes Français doivent tous avoir envie de devenir milliardaires » 8


Un programme de rupture avec l’État social et les droits, des ouvertures probables sur des questions de société




La « libération » du travail


La « libération du travail » traduit en novlangue macronienne la volonté de défaire toutes les protections contre l’exploitation du travail qui avaient été arrachées par des luttes au XIX et du XXe. Cela signifie moins de protections, plus de flexibilité, plus de travail le dimanche. Le nouvel affaiblissement des syndicats qui en résulte est applaudi par le patronat. Le gouvernement va également s’attaquer à la remise en cause du système de protection sociale avec l’étatisation de l’assurance-chômage, gérée par les partenaires sociaux, et son financement par l’impôt.

L’accentuation de l’ordre libéral européen


La poursuite du plan de rigueur était déjà inscrite dans les engagements que la France a souscrits auprès de l’union européenne jusqu’en 2019. Cela signifie une pression accrue sur les collectivités et leurs dépenses et subventions et la mise en place à plus grande échelle de partenariats public-privé dans de nouveaux secteurs, notamment l’action sociale, et une nouvelle montée en charge des appels d’offres.

En fait, Emmanuel Macron définit presque entièrement ce que va être sa politique en acceptant d’emblée, comme l’avait fait François Hollande, le traité budgétaire européen et les orientations préconisées par les instances communautaires, qui réclament la poursuite de la rigueur, la remise en cause de travail et de la protection sociale, la signature de TAFTA, CETA, TISA, etc. Les principales mesures mises en avant laissent de côté beaucoup d’enjeux centraux pour notre société.

Le glissement vers un régime autoritaire ?


Emmanuel Macron déclare que pour être efficace, il faut être « le moins possible » à décider. Le Président entend exercer « toutes les prérogatives que lui donne la constitution de la Ve République », y compris celles qui mettent la démocratie parlementaire entre parenthèses. En effet, la feuille de route fixée au gouvernement est plutôt inquiétante pour les libertés et les institutions républicaines :

Le gouvernement va recourir aux ordonnances dès le début de la législature pour faire passer la réforme du code du travail.

L’état d’urgence sera institutionnalisé, la répression et la politique de la peur encore renforcées. Comme par le passé, la peur est entretenue comme un moyen du gouverner. Toutes ces mesures, officiellement destinées à lutter contre le terrorisme, continuent de s’appliquer à la répression de toute contestation militante, qu’il s’agisse du droit à la solidarité envers les réfugiés, des lanceurs d’alerte ou la lutte contre les grands projets inutiles.

L’État libéral se substitue à l’État de droit. Emmanuel Macron entend rompre avec le modèle d’un État républicain garant des droits fondamentaux. Les corps de l’État, qui assuraient cette continuité, sont remis en cause. Les fonctionnaires sont invités à faire allégeance au nouveau pouvoir. Une partie des hauts fonctionnaires seront remplacés, selon la méthode américaine du « Spoil system ».

Le rôle du Parlement sera réduit. La représentation nationale passe de 577 élus à 385 députés, d’où un éloignement des élus des populations et des territoires. Le temps législatif serait réduit à 3 mois par an. Les amendements rejetés en commission n’auront pas le droit d’être présentés à nouveau dans l’hémicycle, il sera impossible de réorienter un projet de loi.

Tout cela signifie un renforcement du pouvoir personnel du Président de la R épublique.

Le Président de la République est présenté comme un homme providentiel, qui se propose de « changer à jamais le visage de la France ». Ce programme de rupture annoncé pour les prochains mois a des parfums bonapartistes (en 1799, face à la déliquescence des institutions). En 1851, Napoléon III, plébiscité par un référendum, a donné pendant 20 ans un pouvoir sans partage au capitalisme industriel, avec de fortes restrictions des libertés. On n’en n’est pas là, mais il est légitime de s’inquiéter.

Ne pas sous estimer la capacité tactique d’Emmanuel Macron


Le débat télévisé contre Marine Le Pen a montré qu’Emmanuel Macron est un technocrate qui a accédé au pouvoir politique. Un bon technocrate, qui travaille ses dossiers. On constate déjà, malgré son intention de déléguer, qu’il entend contrôler l’ensemble de l’action gouvernementale.

L’autre force d’Emmanuel Macron, qui lui a permis de gagner, est de savoir écouter les critiques et les positions, d’être pleinement présent à ses interlocuteurs et de réagir très rapidement. Emmanuel Macron écoute pour analyser les positions, prend la mesure de la détermination des parties, crée un rapport de forces, puis négocie en restant inflexible sur l’essentiel. Il s’agit d’une guerre de mouvement, où la rapidité d’exécution est essentielle. Il ne faut pas sous estimer la capacité tactique d’Emmanuel Macron.

Des ouvertures probables sur des questions de société


Les premiers pas du gouvernement, comme le choix des ministres, illustre bien cette capacité tactique. La presse annonce avec force que les allocations chômage sont relevées au 1er juillet, sans mettre l’accent sur le pourcentage extrêmement faible de 0,65%, (soit 5 euros pour un chômeur qui touche 800 euros par mois !). On peut s’attendre à des ouvertures sur des questions sociétales, par exemple en matière d’aménagement du territoire, de politique du handicap, d’écologie, qui ne remettent pas en cause l’axe essentiel de la libéralisation. Des initiatives parlementaires sur de tels sujets pourront donner l’impression aux députés qu’ils ont un rôle réel. Le nouveau pouvoir semble plus souple, plus habile, ce qui tranche avec la raideur de Manuel Valls ou les politiques réactionnaires développées par certains élus régionaux.

Ces ouvertures vont séduire une partie des classes moyennes, dès lors que les motifs très partiels d’indignation qu’elles avaient développés contre le système sont satisfaits par des mesures également très partielles, d’autant que chaque mesure s’accompagne d’une intense campagne de communication.

Un président philosophe ?


Emmanuel Macron se targue aussi d’être philosophe. Il se réfère souvent à Paul Ricoeur, à Emmanuel Mounier, à Amartya Sen, c’est-à-dire des auteurs dont la pensée est en forte opposition avec ce qui précède. Mais son personnalisme semble être un personnalisme très « aménagé », très « personnel ». Alors que pour Mounier tout est relation et respect de l’autre, on assiste ici à une sanctification de l’entrepreneur individuel dominateur. Emmanuel Macron développe « à la fois » (comme il le dit souvent) l’un et l’autre discours. Cette prise en compte de l’humain ressemble au pâté d’alouette : une brouette de libéralisme, une pincée d’humanisme. Elle permet de tenir un discours à la fois libéral (antisocial) et humaniste. Les postes-clés sont majoritairement attribués à des ministres néolibéraux ou sécuritaires, et quelques ouvertures traduisent l’autre discours, mais avec l’injonction de se soumettre « loyalement » à la logique dominante. Mais ce double discours est également porteur de contradictions internes qui peuvent conduire à des décisions différentes sur certains sujets de société. Il faut se méfier d’une vision trop manichéenne et ne pas sous-estimer la complexité du personnage.

La recherche d’un néolibéralisme de seconde génération.


A travers toutes les mesures envisagées par Emmanuel Macron, on peut discerner de sa part et de ceux qui le soutiennent la recherche d’un nouveau style, d’une sorte de synthèse dans laquelle les éléments essentiels du capitalisme (accumulation des profits, prééminence de l’entreprise et de l’initiative individuelle dans un cadre de concurrence dure, avec « permis de tuer ») seraient accrus, mais en y incorporant des éléments permettant de le rendre attractif et acceptable pour les nouvelles générations. Alors que le premier néolibéralisme, dans la tradition de Hayek et de la Société du Mont-Pélerin, était ouvertement antidémocratique, on voit se dessiner aujourd’hui dans différents pays un néolibéralisme de seconde génération qui se réclame de l’égalité des chances, de l’inclusion et de la responsabilisation de l’individu. Celui-ci entend remplacer les solidarités institutionnalisées de l’État social par une situation dans laquelle les entreprises prendraient en charge une part croissante de la gestion des affaires publiques, prétendant s’occuper de l’intérêt général, moyennant certaines règles de bonne conduite.

Il faut donc s’attendre à des programmes destinés à « humaniser » la loi d’airain de la compétitivité, en faveur du monde rural, les personnes handicapées, de « ceux qui ont moins », dès lors que l’essentiel n’est pas remis en cause. Sur ce plan, on peut faire confiance à la souplesse tactique d’Emmanuel Macron. Il reste à pour autant un adepte de l’ordolibéralisme, inflexible sur l’essentiel, tenant une politique qui écrasera y compris ceux qui auront été séduits.


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